TOUT COMPRENDRE - Ce que prévoit la loi pour protéger les enfants des écrans

Portée par la députée Renaissance Caroline Janvier, la proposition de loi relative à la prévention de l'exposition excessive des enfants jusqu'à 6 ans aux écrans a été examinée lundi 6 mars par l'Assemblée nationale en première lecture. Son examen se poursuit ce mardi 7 mars.
· Quel est le temps passé devant les écrans par les plus jeunes ?
"3 heures et 11 minutes, voilà le temps passé sur les écrans en moyenne par les enfants de moins de 2 ans en 2022", a chiffré Caroline Janvier devant l'Hémicycle.
Et de poursuivre : "Cette moyenne ne fait que s'accroître avec l'âge. Ce chiffre édifiant représente entre un tiers et un quart du temps normal de veille d’un enfant."
Les enfants ne sont pas tous égaux face à ce phénomène. Plusieurs facteurs peuvent expliquer un temps d'écran important dès le plus jeune âge. "Le milieu socio-économique dans lequel ils évoluent, le niveau d’études de leurs parents ou encore la composition familiale de leur foyer sont des facteurs déterminants, a listé la rapporteure de la commission des Affaires sociales. Les familles monoparentales sont aussi plus sujet à une surexposition aux écrans de leurs enfants."
· Quels sont les risques d’une surexposition aux écrans ?
Les risques sont multiples, et parfois encore trop méconnus. L'exposition à la lumière bleue émise par les écrans nuit à la qualité et à la quantité du sommeil. "Pour les enfants de 6 à 36 mois, chaque heure quotidienne devant une tablette ou un smartphone réduit le temps de sommeil nocturne de presque 30 minutes", a détaillé Caroline Janvier.
Au-delà du sommeil, des troubles d'apprentissage du langage - écrit comme oral - peuvent être provoqués. Cela s'observe d'autant plus lorsque des expositions aux écrans surviennent avant la journée d'école.
Cela peut également "favoriser l'apparition de troubles de la vision, comme de la sécheresse occulaire (...) ou de la myopie". Surexposition et "risque de surpoids et obésité sont aussi intimement liés", a listé la députée Renaissance.
· Quelles sont les mesures proposées ?
La proposition de loi prévoit d'inclure dans le code de santé publique un chapitre dédié à la prévention contre les risques liés aux écrans, aux côtés de la lutte contre les dépendances liées au tabagisme et l'alcoolisme.
Le texte propose la création d'une formation aux risques pour les professionnels de santé et de la petite enfance. L'objectif : "les sensibiliser et les placer en position de nouer un dialogue avec les parents", peut-on lire dans la proposition de loi. Il est aussi prévu que les structures, de la petite enfance jusqu’aux écoles primaires, intègrent des règles restrictives d'utilisation des écrans pour les encadrants.
Il est également proposé d'insérer des messages de prévention sur les emballages des ordinateurs, des tablettes et des téléphones, ainsi que dans l’ensemble des messages publicitaires portant sur ces produits.
Enfin, côté parents, le texte prévoit l'insertion de recommandations sur une bonne utilisation des écrans dans le carnet de grossesse, "un document bénéficiant d’une large diffusion auprès des jeunes parents", justifie la proposition de loi.
· Pourquoi cibler les enfants de 0 à 6 ans ?
La proposition cible spécifiquement les enfants jusqu'à 6 ans. Si le texte, soutenu par le gouvernement, fait consensus à l'Hémicycle, la tranche d'âge définie a fait débat. Les groupes RN et LR avaient notamment déposé des amendements pour étendre les mesures de prévention jusqu'aux douze ans. Ils ont été rejetés, après avis défavorable de la rapporteure.
"Evidemment, il serait pertinent d'avoir des textes qui abordent tous les âges - y compris les adolescents, qui sont exposés à d'autres risques avec l'évolution des contenus. Mais j'ai fait le choix de cette tranche d'âge car les habitudes de consommation se forment très jeunes. C'est pourquoi il faut mettre l'accent sur cette tranche d'âge définie, où se joue le développement cognitif de l'enfant", a justifié Caroline Janvier.