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"Machine autoritaire": le blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie attaqué en justice

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L'association la Quadrature du Net dénonce un blocage abusif de Tiktok, et demande au Conseil d’État de suspendre la décision du gouvernement français. La Ligue des droits de l'Homme a également attaqué le blocage.

Le blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie, annoncé par le Premier ministre Gabriel Attal est-il légal? Non, du moins aux yeux de la Quadrature du Net, association de défense des libertés en ligne. Elle annonce ce 17 mai avoir déposé un recours en urgence devant le Conseil d’État, pour faire suspendre le blocage décidé par le gouvernement, suite aux émeutes qui touchent la Nouvelle-Calédonie. De son côté, la LDH (Ligue des droits de l'Homme) annonce également attaquer la décision en référé-liberté.

Pour mettre en place ce blocage, le gouvernement a évoqué l'état d'urgence, qui permet "l'interruption de tout service de communication au public en ligne provoquant à la commission d'actes de terrorisme ou en faisant l'apologie". Une justification qui devra ainsi être validée par la justice.

"Programme de censure"

"Le blocage de TikTok n’est absolument pas justifié par une quelconque présence sur la plateforme de contenus terroristes, mais bien par le fait qu’il s’agit d’une plateforme centrale dans l’expression en ligne des personnes qui en viennent aujourd’hui à se révolte" argumente ainsi la Quadrature du Net dans un communiqué de presse.

"La décision de bloquer TikTok en Nouvelle-Calédonie constitue pour le gouvernement une première mise en pratique du programme macroniste de censure en ligne annoncé l’été dernier" ajoute l'association, faisant référence à la suggestion d'Emmanuel Macron de couper les réseaux sociaux en cas de crise, au cours de l'été 2023.

"Par notre recours en référé déposé ce jour, nous tentons donc de stopper une machine autoritaire lancée à pleine vitesse" poursuit l'association.

Elle rappelle par ailleurs que le blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie n'aurait pas pu être possible en France métropolitaine, où ce sont les règles de l'Union européenne qui s'appliquent.

Concernant le blocage de Tiktok, la Quadrature du Net évoque une justification de la part du cabinet du Premier ministre évoquant un "support de diffusion de désinformation sur les réseaux sociaux, alimenté par des pays étrangers, et relayé par les émeutiers".

Des propos toutefois infirmés par le cabinet de Gabriel Attal auprès de Tech&Co, ce dernier ne souhaitant pas préciser pourquoi le blocage de Tiktok a été décidé.

En Nouvelle-Calédonie, le blocage de la plateforme chinoise a été suivi par une forte hausse de l'utilisation des VPN, des outils légaux qui permettent d'accéder à Tiktok en simulant une connexion depuis un pays tiers. De son côté, Tiktok a regretté une décision gouvernementale prise sans concertation, et sans demande préalable de suppression de contenus par les autorités françaises.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co