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Tiktok interdit en Nouvelle-Calédonie: le gouvernement estime que l'application a accru "l'impression de chaos"

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Aux yeux du gouvernement, Tiktok a été utilisé par les émeutiers pour s'organiser, ou encore pour diffuser les images de scènes de chaos.

Pourquoi Tiktok a-t-il été interdit en Nouvelle-Calédonie, suite aux émeutes qui secouent l'archipel? Ce 15 mai, le Premier ministre Gabriel Attal annonçait que l'application chinoise serait rendue inaccessible localement. Pour autant, le gouvernement n'a jamais souhaité communiquer officiellement sur les raisons de cette interdiction.

Comme le révèle le site l'Informé, ces motivations ont finalement été transmises au Conseil d'Etat, qui doit évaluer ce 21 mai la légalité de la mesure. Cette dernière a notamment été attaquée en justice par la Quadrature du Net et la LDH, qui l'estiment liberticide.

"Valorisation mimétique"

Parmi les arguments évoqués par le gouvernement, c'est bien le rôle de Tiktok dans la diffusion des scènes de violences qui sont mises en avant. Ainsi à ses yeux, l'application amplifierait "l’effet de valorisation mimétique" des violences, dans la mesure où elle est "plébiscitée par les jeunes générations calédoniennes". Le gouvernement évoque ainsi Tiktok comme une plateforme à même "d'accroître l'impression de chaos".

Toujours auprès du Conseil d'Etat, le gouvernement estime que le blocage de Tiktok a permis de limiter les contacts, échanges et fournitures d'instructions entre émeutiers.

Si le gouvernement avait dans un premier temps évoqué un lien avec l'état d'urgence, Matignon a semble-t-il changé son fusil d'épaule. Et pour cause, la mesure d'interdiction de Tiktok date en réalité du 14 mai, soit 24 heures avant l'instauration de cet état d'urgence, contrairement à ce que précise pourtant le gouvernement sur le site Vie Publique.

"Circonstances exceptionnelles"

Désormais, c'est la théorie jurisprudentielle des "circonstances exceptionnelles" qui est mentionnée, comme le rappelle Libération. Une spécificité juridique qui date de la Première Guerre mondiale.

"La théorie des circonstances exceptionnelles autorise l’autorité administrative à s’affranchir des règles habituelles de compétences et de formes, mais aussi du respect de principes de fond. Le juge administratif contrôle les mesures prises dans le cadre de cette théorie" explique ainsi le Conseil d'Etat sur son site.

Si le gouvernement n'a pas souhaité préciser pourquoi Tiktok était visé spécifiquement, il estime justement auprès du Conseil d'Etat que l'interdiction de l'application chinoise permettait toujours à la population de communiquer, grâce à "l'utilisation des autres médias et en particulier (...) Facebook, Snapchat, Youtube ou X".

Auprès de Tech&Co, Tiktok a vivement regretté cette décision. La plateforme assure qu'aucune concertation n'a été organisée avant ce blocage, et que les autorités françaises ont décidé l'interdiction du réseau social sans avoir demandé le moindre retrait de contenu.

Suite au blocage de Tiktok, le nombre d'inscriptions à des services de VPN, qui permettent de contourner la censure de la plateforme, a bondi dans l'archipel, selon les chiffres fournis à Tech&Co par Proton VPN et NordVPN.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co