Le Pixel 9 vaut-il un iPhone 15? On a tenté l'expérience

Après des mois de rumeurs et plusieurs fuites, le Pixel 9 est (presque) disponible: le nouveau smartphone de Google sort officiellement le 25 août prochain. En attendant, Tech&Co a pu tester ce modèle, le moins cher de la gamme Pixel 9 qui comprend aussi deux modèles Pro et un modèle pliant, le 9 Pro Fold.
Pendant plusieurs jours, nous avons décidé de remplacer notre iPhone 15 par celui qui s'avère être finalement son meilleur concurrent, bien qu'il ne fonctionne évidemment pas sous le même système d'exploitation: iOS pour Apple et Android pour Google.
Sur ce Pixel 9, pas de "surcouche", c'est-à-dire de versions alternatives d'Android, comme on peut le voir chez Samsung ou d'autres fabricants chinois. Ici, on parle bien du système maison de Google, ce qui permet de vivre une expérience comme le géant de la tech le voudrait.
A l'issue de cette expérience, Tech&Co vous raconte ses principaux atouts, mais aussi ses défauts, du point de vue d'un utilisateur accro à l'iPhone.

Un design pratique mais qui a ses défauts
C'est indéniable que le Pixel 9 ressemble, en façade tout du moins, à un iPhone 15. Il nous est d'ailleurs arrivé de les confondre tant les finitions choisies par Google cette année sont semblables à ce qu'à fait Apple en 2023 à commencer par ses côtés brossés.
En revanche, il faut aussi faire avec des choix au mieux curieux, au pire d'un goût détonnant.
Pour un utilisateur d'iPhone, les touches de volume juste en dessous du bouton d'activation ne sont pas une bonne idée et on ne s'y habitue pas beaucoup. La raison est assez simple: sur le Pixel, on manque régulièrement le bouton d'activation, et inversement. On va parfois appuyer sur le bouton d'activation en pensant activer celle dédiée au volume. Par ailleurs, lorsque vous mettez le Pixel sur un support pour smartphone sur un vélo (ou une voiture), il repose sur un équilibre précaire car il se fixe très bas sur le support. De fait, 75% du smartphone n'est pas tenu.
De même, l'unique sortie pour le haut parleur en bas du smartphone (en plus d'un second en haut) s'avère disgracieuse et loin d'être pratique au quotidien. Notre pouce vient souvent cacher cette sortie, réduisant de fait le volume sonore.
Enfin, on ne peut pas ne pas parler de la nouvelle signature des Pixel 9, à savoir l'énorme barre qui traverse le dos du smartphone pour les capteurs photos. C'est un style, et a l'avantage une fois posé de rester bien en place. Il n'a ainsi pas les défauts de son prédecesseur ou de l'iPhone, où, une fois posé à plat, il est branlant.

Mais ce n'est pas très beau non plus. Google n'a pas cherché à rendre cette partie-là plus discrète, et ça se voit.
Tout est fait pour faciliter le transfert entre un iPhone et un Pixel
Si vous venez de l'iPhone, Google propose une configuration spécifique afin de transférer pratiquement toutes vos données. Vous pouvez le faire depuis le cloud, mais le plus simple reste de brancher le Pixel 9 à l'iPhone 15 avec l'aide d'un câble USB-C.
Concrètement, au premier lancement du Pixel, Google va vous guider pas à pas et vous proposer à un moment de transférer les données de votre iPhone (le cas échéant). Par rapport à Apple qui propose un utilitaire de ce type sur le Google Play Store si vous passez sur ses appareils, l'expérience est bien plus simple sur Android.
On lance le transfert, et tout se fait relativement rapidement en fonction de ce que vous voulez retrouver. Surtout, Google s'adapte en fonction de ce qu'il trouve. Google Calendar récupère tout ce que vous aviez rentré dans celui d'iOS, vos contacts et numéros de téléphone sont présents, tout comme vos SMS (hors iMessage), on peut mettre y retrouver ses rappels dans Keep et importer l'ensemble de ses données Whatsapp (messages, photos, vidéos, contacts).
Par ailleurs, cette étape permet également de sélectionner les applications que vous utilisiez sur iOS et que vous voulez retrouver sur Android. De fait, cela lancera leur téléchargement, et vous n'aurez plus qu'à vous authentifier sur celles-ci.
Une utilisation au quotidien qui étonne
Quand on vient d'iOS, on peut être rempli de certitudes et de clichés. N'en n'ayez pas honte: c'est le cas de l'auteur de ces lignes. Quand on y met de la bonne volonté, on se rend néanmoins compte que cette version d'Android par l'entremise de Google s'avère particulièrement sympathique après quelques heures d'utilisation.
Oui, il va falloir prendre de nouvelles habitudes, mais l'un des principaux avantages des Pixel par rapport à un iPhone, c'est qu'ils peuvent être utilisés à une main.
Cela se traduit concrètement par des gestes au sein de l'ensemble du système d'exploitation pour éviter que vous n'ayez à tenir le smartphone avec vos deux mains.
Au début, vous utiliserez par exemple les flèches de retour en haut de l'écran, mais rapidement, vous prendrez goût aux retours en arrière en glissant votre pouce de gauche à droite en partant de chaque côté de l'écran. C'est d'autant plus pratique lorsqu'on est plongé dans les sous-menus de certaines applications, ou même au sein des paramètres, où il suffit d'approcher son pouce d'un côté ou de l'autre de l'écran, puis de glisser vers la droite ou vers la gauche, pour "retourner" au menu ou à la page précédente.

De même, si vous voulez jongler entre les applications, même chose: il suffit cette fois-ci de glisser votre pouce du bas de l'écran vers le haut pour faire apparaître les applications en cours de fonctionnement. Ou, lorsque vous êtes dans une application et que vous souhaitez aller vers l'une des applications précédentes, il faut simplement glisser son pouce de la droite vers la gauche en bas de l'écran.
On s'habitue plus vite qu'on ne le pense à ces manipulations qui ne sont pas "naturelles" si on vient d'un iPhone, mais qui le deviennent passé les premières heures.
Un Android "stock" qu'on peut personnaliser à l'envie
L'autre avantage d'avoir un Pixel s'avère être son absence de surcouche et de limitations diverses. Google propose ici une interface qui peut être personnalisée à l'envie, avec notamment la possibilité de colorer les icônes d'applications (si elles le permettent) selon les couleurs - de votre fond d'écran par exemple.
iOS le permettra avec iOS 18. Cela paraît intéressant sur le papier, mais la réalité est toutefois plus pondérée. En l'occurrence, il n'est pas aussi facile de retrouver une application puisque l'icône se confond parfois avec toutes les autres. C'est principalement le cas lorsque vous avez tendance à ranger vos applications à la manière d'iOS, et ainsi avoir des colonnes d'icônes. C'est encore pire si vous décidez de passer à une grille en 5x5.
Google à tous les étages
Passer sur Android, et encore plus sur un Pixel, c'est aussi accepter d'intégrer Google dans vos habitudes. Certes, on peut changer de navigateur par défaut ou de moteur de recherche, mais l'ensemble des outils de la firme restent présents et ne sont pas désinstallables. On ne peut pas non plus se passer de la barre de recherche de Google qui vient grossièrement s'installer en bas de l'écran d'accueil et qui sert de "Spotlight" comme on peut le trouver sur iOS en glissant le doigt de haut en bas (qui suggère et recherche les apps ou informations sur le web).
Vos données seront aussi exploitées, même si on peut limiter les usages qui en sont faites. Cela reste Google avec ses qualités certes, mais aussi ses défauts.
Un smartphone puissant et taillé pour la photo
Le Pixel 9 est un smartphone puissant, même dans son modèle d'entrée de gamme. En clair, il s'avère être très bon dans une utilisation soutenue, par exemple avec des jeux vidéo gourmands comme Genshin Impact. Et pour cause, il dispose de la même puce que les modèles plus haut de gamme, à savoir le Tensor G4.
S'il a moins de RAM (12Go) que son grand frère le Pro, la partie dédiée à l'intelligence artificielle générative, Gemini, est plus que correcte et permet donc de modifier ses photos et vidéos, tout en réclamant différentes informations.
Est-ce que l'IA est indispensable sur Pixel 9? Non dans sa version générative car Google n'a pas implémenté d'outils qui permettent par exemple de transformer vos photos en version cartoon comme chez Samsung, mais on peut néanmoins facilement modifier des éléments en faisant disparaître des détails d'une photo ou en remplissant un espace vide. Cela fonctionne... plus ou moins selon vos clichés, sans que cela ne soit un véritable bonus.

Le travail sur la photo reste le point fort de Google et les Pixel 9 continuent sur cette lancée. Sur le modèle de base, on dispose d'un excellent smartphone pour prendre des clichés de ses vacances avec justement les améliorations de l'IA qui sublimeront vos souvenirs. Le mode Nuit est toujours aussi impressionnant, même si l'absence d'un téléobjectif (présent sur les Pixel 9 Pro) pourrait en chagriner certains.
Par rapport à un iPhone 15 (et pas un Pro), la différence n'est pas flagrante en apparence, mais on le constate vite en zoomant sur le cliché. On découvre des détails et une colorimétrie agréables à l'oeil, que l'on peut encore améliorer grâce à l'IA. Les deux capteurs (50 mégapixels et 48 mégapixels) y sont pour beaucoup, alors que sur un iPhone 15, il faut se contenter d'un capteur de 12 mégapixels.

Une autonomie qui vaut le détour
Autre principale différence avec l'iPhone 15, c'est son autonomie. Durant notre expérience avec le Pixel 9, c'est sans aucun doute ce qui nous a le plus marqué. Sur notre iPhone 15, il arrivait souvent qu'après une journée chargée, il finisse par rendre l'âme.
Pourtant, la batterie n'est pas si différente du smartphone d'Apple. Sur un Pixel 9, on peut compter sur du 4700 mAh contre du 3500 mAh sur l'iPhone 15 (et 4600 mAh sur le Plus). Néanmoins, force est de constater que la gestion de l'autonomie est impressionnante, alors même que notre temps d'écran n'a lui, pas changé.
A l'issue d'une journée chargée (en data, en GPS, sur les réseaux sociaux...) on se rend vite compte que le Pixel 9 peut encore tenir la longueur, et ce, jusqu'au lendemain midi.
L'absence de fonctionnalités qui agace
Mais tout n'est pas parfait sur le Pixel 9, et plus globalement sur Android. L'un des éléments qui nous a le plus agacé, c'est la gestion du paiement mobile, loin d'être une priorité de Google. Google Play, équivalent d'Apple Pay, ne gère pas, ou très peu de grandes banques françaises.
Dans notre cas, la Banque Postale n'y est pas présente - elle n'est compatible qu'avec Samsung Pay, non disponible sur un autre smartphone que ceux de la marque. Tant que l'on n'a pas été confronté à son absence, on ne peut concrètement pas se rendre compte à quel point cela manque.

Apple Pay a comme principal intérêt d'avoir été adopté par la quasi-totalité des banques françaises. On ne se pose donc jamais la question de savoir si on va pouvoir continuer à payer avec son mobile. Sur Android, cela pourrait vous faire réfléchir à deux fois avant de franchir la frontière séparant les deux OS.
Vos mots de passe ne sont pas là
Si vous êtes un adepte du trousseau iCloud - il en faut pour tous les goûts - vous ne retrouverez en revanche aucun de vos mots de passe sur Android. Apple ne permet pas un transfert facile de ces données, si bien que même si configurer un Pixel 9 est simple et rapide, la suite est plus fastidieuse car il faut réenregistrer tous vos mots de passe.
Notez toutefois que vous si utilisez Google Chrome avec un compte Google, vos mots de passe seront néanmoins disponibles par ce biais. Mais pas si vous utilisiez Safari.
Une "sécurité" loin d'être évidente
Si Google propose plusieurs méthodes d'authentification, aucune ne convient véritablement. En l'occurrence, sur le Pixel 9, on dispose d'un capteur d'empreinte sous l'écran utilisant les ultra-sons pour fonctionner. Cela marche même si vous avez les doigts gras, mais ce capteur n'est disponible qu'à un seul endroit, et on a souvent tendance à le chercher en tapotant plusieurs fois sur l'écran pour enfin l'activer.
Il y a aussi un équivalent à FaceID, mais celui-ci est basique. C'est la conséquence d'un choix de design empêchant la présence de capteurs plus performants comme sur un iPhone: il n'y a qu'un poinçon visible en haut du smartphone. Durant notre essai, la simplicité du système ne permettait pas souvent de s'authentifier de cette manière.

Une fois déverrouillé, on fait également face à une sécurité loin d'être évidente: dès que vous voulez utiliser un mot de passe (via le gestionnaire de base), a aucun moment le smartphone ne va vous réclamer une nouvelle authentification. En clair, si on a accès à votre Pixel déverrouillé, on a donc accès à globalement tout. Pour éviter ça, il est conseillé d'installer un gestionnaire de mot de passe plus robuste qui nécessite une vérification.
Un Pixel qui n'a jamais été aussi proche d'un iPhone
Vous l'aurez compris, le Pixel 9 de base a beaucoup d'avantages, mais aussi quelques inconvénients, surtout si vous venez des lointaines contrées d'Apple et de l'iPhone.
Avec son autonomie et sa partie photo d'une remarquable solidité, mais sa sécurité pas toujours au rendez-vous, il y a de quoi débattre un bon bout de temps avant d'éventuellement franchir le pas. Force est néanmoins de constater que Google réalise ici un joli tour de force à défaut de véritablement révolutionner sa formule initiée depuis quelques années sur sa gamme Pixel.
En revanche, il va falloir dépenser davantage. Avec le Pixel 9, Google a revu ses tarifs, et le modèle de base prend 100 euros. Il reste toujours bien moins cher qu'un iPhone 15 vendu 970 euros, mais même si les spécifités techniques sont meilleures qu'Apple, la différence de prix est moins importante qu'en 2023.