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Scan de la main ou d'un sourire: la Chine teste déjà le futur du paiement où le tout biométrique pose question

Le drapeau de la République populaire de Chine (RPC).

Le drapeau de la République populaire de Chine (RPC). - RMC

Le futur des modes de paiement en Chine se teste actuellement dans la vie de tous les jours. Dans certains magasins ou cafés, il n’est plus essentiel de sortir son portefeuille ou son téléphone.

En Chine, l’avenir des moyens de paiement s’expérimente déjà au quotidien. Dans certains supermarchés ou cafés, il n’est plus nécessaire de sortir son portefeuille ni même son téléphone : un simple geste de la main suffit. Grâce à un scanner capable de lire les lignes de la paume, l’identité est vérifiée et l’argent transféré instantanément au commerçant. Plus futuriste encore, certains magasins proposent de régler ses achats par reconnaissance faciale ou même grâce à la pupille de l’œil.

Ces technologies s’inscrivent dans un contexte où l’argent liquide a quasiment disparu de la vie courante. Selon France Info, plus de 90 % des transactions passent désormais par les applications locales WeChat et Alipay, via QR code. Un simple scan et la facture est réglée, que ce soit pour acheter des légumes au marché ou payer une hospitalisation.

Pour les jeunes générations, ces moyens sont devenus naturels, mais les plus âgés restent attachés aux billets et aux pièces. “Je préfère l’espèce, c’est clair et net”, confie ainsi un septuagénaire pékinois à la radio française. De son côté, le quotidien hongkongais South China Morning Post évoque également des paiements avec "un sourire", notamment dans les restaurants et fast foods.

Plus de 90 % des transactions passent désormais par les applications locales WeChat et Alipay, via QR code.
Plus de 90 % des transactions passent désormais par les applications locales WeChat et Alipay, via QR code. © Drew Angerer © 2019 AFP

Vers la disparition du liquide ?

Pour les commerçants, le passage au tout-numérique est presque inévitable. L’argent liquide subsiste dans quelques marchés de quartier, principalement pour servir une clientèle âgée. Mais globalement, “si vous sortez des billets dans un café, on vous regarde de travers”, note Samuel Emch, correspondant en Chine pour la RTS. Et même les rares mendiants dans la rue ont abandonné la sébile traditionnelle : ils tendent désormais... un QR code aux passants.

L’adoption massive de ces nouveaux outils pose aussi la question de la confiance. Si certains clients saluent la rapidité et la praticité, d’autres s’inquiètent du traçage permanent de leurs moindres achats. Pour les touristes étrangers, l’expérience est souvent déconcertante. “Même pour acheter une banane, j’ai l’impression d’être suivie“, raconte une Française en voyage à Pékin à France Info. Sans maîtriser les applications locales, beaucoup peinent à régler leurs achats, certains allant jusqu’à rester bloqués devant des monuments faute de pouvoir payer l’entrée.

Des craintes sur la sécurité... et l'anonymat

Mais les menaces liées à la cybersécurité et les risques de violation des données sont bien présents, du fait de leur immense base d’utilisateurs et de la diversité des services qu’elles proposent. Malgré les protocoles de sécurité avancés, les menaces telles que le phishing, les malwares, les attaques par QR code truqué, ou encore les fraudes liées à l’usurpation d’identité continuent d'exister.

Face à ces menaces, les plateformes tentent de renforcer leurs défenses. Alipay a par exemple développé l’outil “Security Guard” en collaboration avec les forces de l’ordre, permettant des alertes en cas de transaction suspecte. Des mesures de vérification biométrique, de code QR dynamique (qui expire rapidement), ou encore la mise en place de dispositifs de risque pour détecter les QR codes frauduleux ou les transactions non autorisées, figurent parmi les solutions adoptées. Quid aussi de l'anonymat ? Derrière la commodité du paiement numérique se cache une question vertigineuse : sans argent liquide, plus d’anonymat, et chaque transaction devient une donnée de plus au service d’un "Big Brother financier"... mais aussi policier. Sans parler même de la mesure biométrique omniprésente, comment se sentir libre et anonyme quand on paie avec son visage, les lignes de sa main, non pas sur depuis son propre terminal mais sur un appareil commun et possiblement surveillé par un Etats qui ne fait pas des libertés individuelles sa priorité...

Raphaël Raffray