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Qu'est-ce que Wizz, cette application française pointée du doigt pour des cas de "sextorsion"?

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Google Play et l'App Store ont retiré l'application de leur magasin alors que la plateforme est accusée d'être utilisée pour commettre des escroqueries qui consistent à menacer de dévoiler des vidéos intimes contre de l'argent.

Wizz n'est plus disponible sur Google Play et l'App Store. Les deux magasins en ligne ont procédé cette semaine au retrait de cette application française de rencontres pour adolescents inspiré de Tinder, de plus en plus populaire aux Etats-Unis, rapporte NBC News.

Selon plusieurs mails examinés par le média américain, cette décision a été prise après que le Centre National contre l'exploitation sexuelle, un organisme américain chargé de lutter contre les abus et l’exploitation sexuelle, a contacté Apple pour évoquer ses inquiétudes quant à l'utilisation présumée de Wizz dans le cadre d'escroqueries par sextorsion.

Ce terme désigne un procédé qui s'apparente au chantage et qui consiste à menacer de diffuser des photos ou des vidéos intimes d'une personne si cette dernière ne s'acquitte pas d'une somme d'argent. Des accusations prises au sérieux par la marque à la pomme.

"Nous prenons les violations de l'App Store au sérieux et nous apprécions votre démarche. L'application a été retirée de la boutique en ligne et nous sommes en contact avec le développeur", a expliqué Apple dans un mail de réponse au Centre National contre l'Exploitation sexuelle. Ce dernier a publiquement remercié les deux magasins en ligne pour leur geste dans un message publié mercredi 31 janvier sur Twitter.

Plus de 14 millions de téléchargements

De son côté, Google a assuré que l'application Wizz a été suspendue de Google Play mardi 30 janvier. Le porte-parole du géant de la tech a justifié la décision en rappelant que la politique de Google en matière de mise en danger des enfants exige que les applications "interdisent aux utilisateurs de créer, télécharger ou distribuer du contenu qui facilite l'exploitation ou la maltraitance des enfants".

Wizz a également réagit. La plateforme a indiqué travailler "en étroite collaboration avec les équipes pour clarifier les mesures de protection étendues de notre plateforme pour les utilisateurs. Nous espérons résoudre ce problème rapidement". Wizz, n'a toutefois pas indiqué quelles mesures elle comptait mettre en place pour essayer de réintégrer l'App Store et le Google Play.

Diffusion de publicités pornographiques

Selon une étude récente du Network Contagion Research Institute, une organisation à but non lucratif qui étudie la propagation de l'extrémisme et de la haine en ligne, l'application Wizz a été utilisée par des personnes pour trouver des jeunes utilisateurs et entrer en contact avec eux dans le cadre de sextorsions.

"Certaines victimes déclarent avoir été ciblées par des sextos quelques minutes après avoir rejoint l'application, ce qui suggère que les criminels ont saturé Wizz", indique l'étude, qui ajoute que les chercheurs ont trouvé des plaintes fréquentes sur le Google Play Store et l'Apple Store à propos de Wizz, les utilisateurs affirmant que l'application "diffusait des publicités pornographiques à des mineurs".

Lancé en 2019 et propriété de l'éditeur français de jeux mobiles et d'applications Voodoo, Wizz se présentait comme un "espace sûr" qui permettait à des utilisateurs, à partir de 13 ans, de se connecter à des groupes de personnes d'un âge similaire au leur. L'application a été téléchargée plus de 14 millions de fois dans le monde depuis son lancement en 2019 et a plus que doublé le nombre de ses utilisateurs actifs mensuels au cours de l'année 2023, rapporte NBC News. Elle s'est même parfois classée parmi les 10 applications de réseaux sociaux les plus téléchargées sur l'App Store.

"Wizz est en contact avec les app stores, afin de leur présenter de manière détaillée la robustesse de son système de sécurité et permettre à l'application de revenir sur les stores le plus rapidement possible" explique de son côté l'entreprise à Tech&Co. Elle ajoute n'avoir constaté aucun cas d'extorsion directement au sein de l'application.

Louis Mbembe