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Pourquoi Zoom est-il obligé de renoncer à une méga-acquisition à 15 milliards de dollars?

Les actionnaires du Five9 ont rejeté l'offre de rachat du nouveau géant de la visioconférence, convaincus que la valorisation de Zoom va fondre comme neige au soleil.

En juillet dernier, Zoom frappait un grand coup en annonçant son intention d'acheter son compatriote Five9 pour la bagatelle de 14,7 milliards de dollars en actions. Soit la plus grosse acquisition de son histoire.

Five9 propose des logiciels dans le cloud destinés aux centres d'appels des entreprises, elle compte plus de 2000 entreprises clientes dans le monde.

Le sécialiste de la visioconférence entendait élargir sa palette de services aux entreprises et rendre l'expérience des centres de contact des entreprises plus fluide avec ses technologies.

Une action qui a perdu 25% depuis juillet

Malgré cette offre très alléchante, les actionnaires de Five9 ont rejeté cette offre ce jeudi. Ils ont suivi l'avis négatif de deux influentes sociétés de conseil aux actionnaires qui estiment que la valorisation de Zoom risque de fondre à mesure que le retour au bureau des cadres s'organise dans le monde.

Le rachat se faisant en actions Zoom, les actionnaires de Five9 craignent donc voir la valeur de leur portefeuille s'effondrer.

Et les chiffres leur donnent raison. Si Zoom a vu sa capitalisation boursière quasiment multipliée par cinq depuis janvier 2020, porté par sa facilité d'utilisation et la gratuité d'une partie de ses services, la fin du recours massif au télétravail dans le monde combiné aux craintes suscitées par ce rachat ont provoqué une baisse de 25% de son action depuis juillet.

Liens supposés avec la Chine

Même en cas d'accord des actionnaires de Five9, cette opération aurait du être validée par les régulateurs américains et notamment le très sévère Comité de vérification des investissements étrangers dans le secteur des télécoms, ce qui n'aurait pas été une mince affaire.

Au moment de l'annonce du rachat, la Federal Communications Commission avait déjà demandé de vérifier si elle ne posait pas des problèmes de sécurité nationale compte tenu des liens de Zoom avec la Chine. Le créateur de Zoom a grandi en Chine et l'entreprise est même autortisée à opérer dans l'empire du Milieu mais en se pliant aux règles locales notamment en termes de localisation des données personnelles... Le service a également été accusé de censure dans le pays.

Le rachat tombe de toutes façons à l'eau mais Eric Yuan, le PDG de Zoom relativise et minimise cet échec. "Cette acquisition n'était pas fondamentale au succès de notre entreprise, tout comme elle n'était pas la seule manière, pour nous, de proposer une solution de service-client", écrit-il dans un communiqué.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business