En Chine, une publication sur les girafes est l'occasion de critiquer l'Etat central

Des internautes chinois ont profité d'une publication de l'ambassade américaine sur Weibo, à propos de la protection des girafes en Afrique, pour émettre leur avis sur l'économie en difficulté de leur pays.

Un post de l'ambassade américaine en Chine concernant la protection des girafes en Afrique a connu un succès inattendu sur le réseau social Weibo, l'équivalent de X (ex-Twitter). Les internautes chinois ne se sont pas passionnés pour la faune de la savane mais ont utilisé cette publication anodine datée du 2 février dernier pour exprimer leur avis sur les difficultés économiques que connaît leur pays.

"Qui peut m'aider? Je suis au chômage depuis longtemps", a écrit l'un d'eux.

D'autres ont déploré la mauvaise performance du marché boursier chinois, le qualifiant de "casino" et de "terrain d'exécution" et une personne a écrit que "la colère" avait atteint "un niveau extrême", rapporte Bloomberg. Ce mardi soir, ce post a reçu plus de 179.000 commentaires.

Il est rare pour les Chinois de pouvoir librement exprimer leurs avis critiques sur la toile, cible de la censure du gouvernement.

Une faible croissance

Les publications d'organisations étrangères, telle que l'ambassade des États-Unis, constituent un environnement légèrement plus permissif que celles des agences gouvernementales qui veillent à ce que les commentaires ne dépassent pas les lignes rouges fixées par le gouvernement, souligne The Guardian.

Si certaines critiques sont toujours visibles, d'autres ont toutefois été noyées par les multiples ovations à Pékin, telles que "J'aime la Chine", qui sont apparues depuis dans les commentaires.

Avec 5,2% -un chiffre officiel qui laisse dubitatifs certains économistes- la Chine a signé en 2023 l'une des croissances les plus faibles en trois décennies.

Vendredi dernier, le Fonds monétaire international a publié un rapport consacré à la conjoncture en Chine dans lequel l'instance estime que le pays est fragilisé notamment par les incertitudes liées à une crise inédite de l'immobilier et le contexte international. Le FMI prévoit que la croissance du pays continue à ralentir ces prochaines années.

Juliette Brossault