Numérique: comment les écoles tentent d'attirer plus de femmes dans leurs formations

Autant de filles que de garçons dans les classes d'écoles d'ingénieurs ou d'informatique? Il faudra attendre encore un peu. Le taux de filles est toujours faible mais tend petit à petit à progresser. En 2019, les femmes représentaient moins de 20% de diplômés du numérique dans le supérieur et à peine 25% des diplômés en ingénierie, selon une étude de Gender Scan.
Un chiffre trop faible dont les écoles ont bien conscience. D’ailleurs dans son dernier classement des écoles d'ingénieurs, le média spécialisé l’Usine Nouvelle a fait une petite mise à jour dans ses paramètres. Le critère de la proximité avec les entreprises prend désormais en compte le pourcentage d’heures d’enseignement réalisées par des professionnels de l’entreprise, mais aussi le pourcentage de femmes dans les promotions.
"Deux raisons expliquent ce choix: d’une part, se rapprocher encore un peu plus des enjeux auxquels sont confrontées les entreprises aujourd’hui, d’autre part, équilibrer le classement en mettant en valeur des écoles qui œuvrent en faveur de la mixité dans les métiers de l’ingénieur", explique le média sur son site.

Ainsi, le classement change radicalement entre le général et celui qui se concentre uniquement sur le critère de proximité avec les entreprises. Dans le classement général, Polytechnique arrive en tête, suivie de Centrale Supélec puis de ESILV, Centrale Lille puis des Mines Paris Tech. Dans le classement du critère de proximité, EPF est première, suivie de ECE, Centrale Supélec, Agrocampus Ouest puis de CESI.
Progression timide
Dans les écoles, le taux d'étudiantes est devenu un critère qui se doit d’être mis en avant. Par exemple, l'Institut National des sciences appliquées (INSA) n'hésite pas à l’indiquer dans ses rapports annuels. Ainsi, en 2016, le groupe qui rassemble sept écoles partout en France, comptait 31% de filles. Un chiffre porté à 34% en 2021. Dans un communiqué publié en 2010, l’INSA misait sur la longueur d’avance: "à ce jour 32% sont des jeunes filles au sein des INSA alors que la moyenne française se situe à 15%".
Dans d’autres écoles, la part des filles augmente aussi timidement. Centrale Supélec comptait 17% d’étudiantes en 2020 puis 22% en 2021. Ayant bien conscience de cette disparité, l’école a mis en place un système de bourse. Les bourses Sébastienne Guyot, d’un montant de 8000 euros par an pendant 3 ans, sont réservées aux étudiantes ayant une situation financière peu favorable.
La formation au codage est aussi réputée pour compter beaucoup de garçons. Pourtant, l'École 42 est un exemple en termes de recherches de solutions pour attirer davantage de filles dans cette filière. De 7% de candidates aux épreuves de sélection en 2017, le taux est passé à 46% en 2021. "Notre objectif désormais est d’atteindre l’équilibre femmes-hommes aux prochaines piscines (les concours d'entrée de l'École 42, ndlr)", avançait Sophie Viger, la directrice générale dans un communiqué.
En 2017, l'École 42 avait été épinglée pour des affaires de harcèlement envers des étudiantes, représentant alors 10% des effectifs. Des exclusions d'élèves avaient été prononcées.
Changer les mentalités
Pour appréhender le domaine du numérique, très masculin, des formations 100% féminines ont même été créées ces dernières années: Social Builder, Ambition Féminine, les Hackeuses, Women Coding Academy, pour ne citer qu'elles.
De son côté, Simplon.co a par exemple mis en place des pré-formations de 6 semaines, uniquement ouvertes aux femmes qui leur permet de découvrir les métiers du numérique, de s'initier au code et peut être s’orienter dans cette filière.
L’orientation est justement tout l’enjeu. Les barrières à l’entrée sont toujours très ancrées. Les filles intègrent inconsciemment qu’elles sont moins légitimes pour se diriger vers des études scientifiques. Selon une autre étude de Gender Scan, 38% des adolescentes estiment que le numérique est trop technique pour elles contre 27% pour les garçons et 28% pensent qu'il faut un niveau de maths très élevé, contre 20% pour les garçons.
En revanche, plus elles avancent dans leurs études, plus cette barrière tombe: seulement 7% des adolescentes déclarent vouloir s'orienter vers le numérique contre 29% pour les garçons. Mais après une première formation dans le domaine, le taux monte à 17% chez les filles.