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Pourquoi Doctolib ne modère pas toutes les pratiques controversées sur sa plateforme

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L'entreprise française réclame une liste claire des pratiques qui doivent être autorisées ou non, critiquant le silence des autorités sur la question.

Massage quantique, Oligoscan, Reiki… depuis plusieurs mois, les médecins alertent sur la présence d'activités douteuses sur la plateforme Doctolib, proposés par des professionnels de santé, parfois même par d'autres médecins.

Déjà à l'été 2022, Doctolib avait annoncé l'exclusion des naturopathes, critiqués pour leurs pratiques. Seuls les professionnels inscrits au répertoire partagé des professionnels de santé (médecins, masseurs-kinésithérapeutes, dentistes, pharmaciens...) ou disposant d’un numéro Adeli (psychologues et ostéopathes) sont désormais acceptés sur Doctolib.

Mais cette annonce est loin d'avoir réglé tous les problèmes sur la plateforme car ce sont désormais des professionnels de santé qui proposent des pratiques controversées, allant du massage quantique au Reiki jusqu'à… la naturopathie.

"Zones grises"

Car si les naturopathes sont interdits sur Doctolib, un médecin peut très bien exercer la naturopathie fait savoir Doctolib auprès de Tech&Co. L'entreprise dénonce dans un communiqué en réalité "des zones grises" sur de nombreuses pratiques que l'entreprise n'est pas capable de juger.

"Doctolib n’est pas une autorité sanitaire ou judiciaire" tranche ainsi son directeur général Jean-Urbain Hubau.

Le site réclame un cadre précis et même "des listes publiques (des pratiques) qui sont jugées dangereuses" poursuit le patron. Par exemple, Doctolib a fait le ménage auprès des kinés qui proposait de la "micro-kinésithérapie", jugée "illusoire et non éprouvée" par l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. En 2023, le site a ainsi pu épingler 1187 profils qui proposaient cette pratique. Les praticiens doivent alors changer leur profil sous 7 jours avant une suspension de leur compte.

Dérives sectaires

Mais faute d'avis clair des autorités sanitaires, par exemple sur l'Oligoscan, une méthode controversée qui "analyse biodisponibilité tissulaire en minéraux", de nombreux actes sont toujours disponibles.

Doctolib appelle donc les autorités à clarifier le statut de pratiques dont certaines sont pointées du doigt par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) comme le Reiki ou la kinésiologie mais qui ne sont pas pour autant illégales.

Le mois dernier, un courrier a d'ailleurs été envoyé à Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, en charge de la question des dérives sectaires. Sans réponse pour le moment. Il faut dire que les secrétaires d'Etat n'ont toujours pas été confirmés depuis la nomination du nouveau gouvernement mi-janvier.

Contactés, ni le ministère de la Santé, ni le secrétariat d'État chargée de la Citoyenneté et de la Ville n'avaient encore répondu.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business