Les PC offerts aux lycéens franciliens sont-ils inadaptés?

Sur Twitter, un professeur accuse la Région Île-de-France de fournir des dizaines de milliers d’ordinateurs inutilisables aux lycéens entrant en seconde. Avec toutefois plusieurs approximations et erreurs. - Pixabay
“Plan de com”, machines “inutilisables”... Depuis ce dimanche 4 octobre, des internautes accusent la Région Île-de-France d’avoir distribué des ordinateurs inadaptés et totalement verrouillés à des dizaines de lycéens franciliens. A la base de cette grogne, des messages publiés - et largement relayés - sur Twitter par Arnaud Raoux, un professeur de physique à La Sorbonne.
Il accuse notamment Valérie Pécresse d’avoir fait livrer des machines de marque chinoise, aux composants très bas de gamme, sur lesquelles on ne pourrait “rien installer”, évoquant par ailleurs les 180 millions d'euros dépensés par la région. La réalité est toutefois différente.
Moins de 400 euros l’ordinateur
A l’occasion de cette rentrée 2020, la Région Île-de-France a souhaité distribuer un ordinateur à chaque lycéen, afin que tous puissent avoir accès à l’ensemble des cours en version numérique, ainsi qu’à une possibilité de connexion aux espaces numériques de travail (ENT), qui ont notamment été utilisés lors du confinement. Au sein de la filière générale, 110.000 ordinateurs ont été livrés, pour un tarif unitaire d’environ 380 euros, d’après les chiffres communiqués à BFMTV.
Un ordinateur neuf est confié à chaque nouvel élève de seconde, qui pourra ainsi l’utiliser jusqu’à la terminale. Il s’agit d’une dotation et non d’un prêt: l’ordinateur pourra être conservé afin de profiter à l’étudiant dans la suite de ses études.
Contrairement à ce qui est affirmé sur Twitter, les machines ne sont pas “de marque inconnue”. Elles sont commercialisées par l’entreprise française Unowhy, spécialisée depuis plusieurs années dans les appareils numériques dédiés à l’éducation. Comme la totalité des machines concurrentes dans ce domaine (Apple, Microsoft, Samsung, Lenovo, HP ou Dell), elles sont assemblées en Asie, qu’il s’agisse de sous-traitants chinois, vietnamiens ou thaïlandais. Les ordinateurs sont confiés à La Poste, qui prend en charge leur distribution dans l’ensemble des établissements.
Tarif équivalent chez la concurrence
Toujours sur Twitter, Arnaud Raoux évoque une configuration bien trop limitée pour les usages anticipés. Il mentionne notamment l’intégration d’un processeur Intel Celeron N3450, aux performances très modestes. D’après les informations fournies par Unowhy à BFMTV, cette affirmation est fausse. Les ordinateurs livrés à la Région Île-de-France sont équipés d’une puce Intel Celeron N4100, plus récente et plus performante. Ces ordinateurs sont par ailleurs équipés de 4Go de mémoire vive, de 64Go de stockage et d’un écran Full HD.
Sur Twitter, Arnaud Raoux affirme que ces ordinateurs ne disposent que de 30Go de mémoire disponible. Une capacité limitée due à l’installation de Windows, mais également de l’ensemble des outils pédagogiques. Cette capacité de stockage peut être complétée par une carte SD de 128Go si besoin.
S’il est difficile de comparer deux machines entre elles, tant les variables d’une configuration sont nombreuses, des ordinateurs proposant un équipement de même niveau sont également commercialisés entre 350 et 400 euros. On retrouve par exemple l’ordinateur Acer Swift 1, doté du processeur Intel Celeron N4000 (plus ancien) de 4Go de mémoire vive et 64Go de stockage, d’un écran Full HD, au prix de 370 euros.
Dans le cas de la Région Île-de-France, le prestataire doit également configurer spécifiquement les machines pour l’usage demandé, par exemple en installant les logiciels dédiés à l’enseignement et l’ensemble des manuels scolaires numérisés.
Toujours auprès de BFMTV, Jean-Yves Hepp, fondateur d’Unowhy, assure qu’un appel d’offre a été effectué en 2017 et que son entreprise a été mise en concurrence avec les leaders américains du marché du PC.
Verrouillage réversible
Autre spécificité de cette commande, largement pointée du doigt: l’impossibilité de personnaliser les machines distribuées, les lycéens n’ayant pas les droit d’administration permettant d’installer les logiciels de leur choix. Là encore, Jean-Yves Hepp précise que cette limitation est un impératif fixé par la Région Île-de-France afin d’éviter tout risque d’utilisation abusive, ou d’installation de logiciels malveillants.
Il précise toutefois qu’à l’issue de l’année de terminale, il sera envisageable de déverrouiller totalement les machines afin d’en laisser aux lycéens le plein usage. Un choix qui dépendra de la Région Île-de-France.