Les États-Unis inaugurent la bataille mondiale de la 5G

L'opérateur américain Verizon lance le premier réseau commercial mobile 5G au monde dans quelques villes dont Houston et Los Angeles. En Europe, les grands pays comme l'Italie en sont à mettre aux enchères leurs fréquences 5G. La France ne s'y lancera qu'en 2019.

Les États-Unis ont tiré les premiers en matière de réseaux mobiles 5G. "Le premier service commercial 5G au monde est arrivé", a déclaré Ronan Dunne, président de l'opérateur américain Verizon Wireless qui a lancé le 1er octobre 2018 son premier service commercial 5G.

Le réseau "5G Home" de cet opérateur n'est pour l'instant qu'un service Internet d'accès très haut débit fixe. Il est opérationnel pour les clients grand public de certaines zones de seulement quatre villes américaines: Houston (Texas), Indianapolis (Indiana), Los Angeles et Sacramento, en Californie.

Verizon propose un réseau d'accès 5G fixe à Internet

Dans ces villes, les abonnés ont accès depuis leur domicile à l'équivalent d'un super réseau extérieur wi-fi ultra-rapide, formé d'antennes-relais installées par l'opérateur à proximité de leur domicile.

Pour les États-Unis, l'enjeu de ce lancement à l'impact commercial limité va bien au-delà de la 5ème génération technologique des réseaux mobiles. Pour l'administration américaine de Donald Trump et l'industrie de la tech au sens large, il est hors de question de laisser la Chine arriver la première dans la 5G. Avec le risque, à terme, de voir menacer le leadership technologique de la Silicon Valley et des Gafa, par la montée en puissance des industriels chinois des télécoms et des fabricants de smartphones. Aux yeux de Washington, mener la bataille de la 5G sera déterminant pour ses actuels et futurs géants de la tech, au vu du poids pris le business liés au smartphone.

Les États-Unis redoutent la maîtrise technologique de la Chine

L'urgence pour l'Amérique à déployer la 5ème génération de réseau mobile tient à la capacité de celle-ci à absorber à terme les besoins exponentiels de connexion liés à l'internet des objets et aux communications entre machines. La 5G est particulièrement taillée pour accompagner le décollage de la voiture autonome et de la santé connectée.

Les derniers mois de 2018 ont confirmé la volonté du géant américain de contrer par tous les moyens l'invasion de produits et réseaux 5G "made in China": qu'il s'agisse du bannissement total des États-Unis des produits de l'industriel Chinois Huawei ou des mesures de rétorsion commerciale bloquant la fourniture de composants américains, prises à l'encontre de ZTE, numéro 2 chinois des télécoms.

Dans cette bataille technologique planétaire pour le déploiement des réseaux 5G qui oppose la Chine et l'Amérique, l'Europe apparaît aujourd'hui en retrait. Elle compte pourtant dans ses rangs deux géants industriels des télécoms en pointe dans la téléphone mobile: le suédois Ericsson et le finlandais Nokia.

La Commission européenne veut accélérer le pas

Consciente du danger qu'il y a pour l'Europe à laisser l'Amérique et la Chine se disputer le leadership technologique sur la 5G, la Commission a donné à tous les pays de l'Union une feuille de route ambitieuse. Ainsi, un objectif phare sera d'avoir dès 2020 au moins une grande ville dans chaque pays d'Europe équipée de cette dernière génération mobile. Mais, sa généralisation à l'échelle de chaque pays prendra du temps.

Après le Royaume-Uni et l'Espagne qui ont bouclé leurs enchères pour l'attribution de fréquences 5G, l'Italie n'a pas encore terminé son processus enchères mais déjà les montants proposés par les opérateurs atteignent des sommets. Au total, début septembre, cinq opérateurs présents dans la péninsule avaient déposé des offres: Iliad Italia, Fastweb, Wind, Vodafone et Telecom Italia, pour un montant de près de 2,5 milliards d'euros. Aujourd'hui, après trois semaines d'enchères, 6 milliards ont déjà été mis sur le table et le processus n'est pas terminé.

En France, le régulateur des télécoms, l'Arcep, prend son temps. Il doit lancer un appel à candidatures pour l'attribution de fréquences 5G mais seulement en 2019. Par ailleurs, des expérimentations sont en cours ou prévues à Belfort, Bordeaux, Douai, Grenoble, Lannion, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Sophia-Antipolis. 

Frédéric Bergé