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"Prédire les crimes futurs": l'Argentine veut créer son "Minority Report" avec l'IA

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Le président argentin Javier Milei a annoncé vouloir créer une unité d'IA dédiée à la sécurité pour "prédire les crimes futurs". Un dispositif qui inquiète les défenseurs des droits de l'Homme.

Prédire les futurs meurtres, les cambriolages ou les attentats à l'aide d'une intelligence artificielle (IA). Non, nous ne sommes pas dans le film Minority Report avec Tom Cruise, mais bien en Argentine. Selon The Guardian, le président d'extrême droite Javier Milei a annoncé, ce jeudi 1er août, sa volonté d'utiliser l'IA pour prédire les crimes à venir.

Le concept, présenté par le ministère de la Sécurité du pays, sera chargé de la "prévention, la détection, l'enquête et la poursuite des crimes". En parallèle, l'unité sera chargée des opérations de surveillance par drone, de patrouiller sur les réseaux sociaux et d'utiliser la reconnaissance faciale pour renforcer les mesures de sécurité et identifier les personnes recherchées.

Pour cela, l'unité d'intelligence appliquée à la sécurité utilisera des "algorithmes d'apprentissage automatique pour analyser les données historiques de la criminalité". A partir de cette base de données, l'IA sera chargée d'identifier les modèles et les tendances criminelles à venir.

Atteinte à la liberté d'expression

Une mesure loin de plaire aux organisations de défense des droits de l'Homme. En effet, certains experts craignent que certains groupes ne soient davantage surveillés que d'autres.

Autre interrogation, la protection des données. Les experts s'inquiètent savoir qui et combien de forces de sécurité pourront accéder aux informations produites par l'IA. Une source du ministère de la Sécurité interrogé par The Guardian assure de son côté que cette unité "travaillera dans le cadre législatif actuel, notamment dans le cadre de la loi sur la protection des renseignements personnels".

Enfin, selon certaines organisations, cette mesure pourrait porter atteinte aux droits humains. "La surveillance à grande échelle porte atteinte à la liberté d’expression, car elle encourage les gens à s’autocensurer ou à s’abstenir de partager leurs idées s’ils soupçonnent que tout ce qu’ils commentent, publient ou postent est surveillé par les forces de sécurité", a déclaré Mariela Belski, directrice exécutive d’Amnesty International Argentine.

Comme le rappelle le Centre argentin d'études sur la liberté d'expression et l'accès à l'information, ce type de technologies ont été utilisées par le passé pour "établir le profil des universitaires, des journalistes, des politiciens et des militants".

Il appelle à la transparence sur la provenance de ces technologies et sur la manière dont elles sont utilisées.

Salomé Ferraris