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Favorable à l'IA, le pape Leon XIV s'oppose toutefois au concept de "pape virtuel"

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Le pape Léon XIV a exprimé son indignation face à l'idée de créer un pape virtuels animé par une intelligence artificielle. Pourtant, l'IA et les doubles numériques ont déjà fait leur apparition dans certains lieux de cultes.

Il a qualifié l'IA de "nouvelle révolution industrielle". Pourtant, le pape Léon XIV a catégoriquement rejeté l'idée d'un jumeau numérique de lui-même, généré par intelligence artificielle (IA), qui permettrait aux fidèles d'obtenir une audience avec lui à distance.

"S'il y a quelqu'un qui ne devrait pas être représenté par un avatar, je dirais que le pape est en tête de liste", a-t-il déclaré lors d’une interview avec la journaliste Elise Allen. L’entretien du 30 juillet avec le pape Léon constitue le dernier chapitre de sa biographie, Léon XIV: Citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle, publiée en espagnole le 18 septembre. Le texte de l’interview, disponible en anglais et en espagnol, a été remis au média catholique Crux.

"Pas contre l'IA"

"Quelqu'un a récemment demandé l'autorisation de créer un 'moi' artificiel pour que n'importe qui puisse se connecter à ce site web et avoir une audience personnelle avec 'le pape'. Et j'ai dit: "Je ne vais pas autoriser cela'", assure-t-il.

Pour le pape, les relations humaines restent au coeur de la religion et de la foi. D'autant que les IA sont souvent sujettes aux hallucinations. Un pape animé par une IA pourrait donc donner de mauvais conseils aux fidèles.

Le pape n'a d'ailleurs pas manqué d'exprimer ses inquiétudes concernant les risques liés à l'IA, notamment avec les deepfakes, ces images et vidéos ultra réalistes générées par IA. "Il y a un danger, car on finit par créer un monde fictif et ensuite se demande ce qu’est la vérité", observe-t-il. Le pape cite par exemple une vidéo de lui générée par IA qui le met en scène en train de tomber dans un escalier. Une scène entièrement factice.

"Le danger est que le monde numérique poursuive son propre chemin, et que nous devenions des pions, laissés de côté", ajoute-t-il. "Si nous automatisons le monde entier et que seules quelques personnes ont les moyens de vivre dignement, alors il y a un grand problème."

Pour autant, Léon XIV l'assure: il n'est "pas contre l'IA". "Je ne suis absolument pas contre l'intelligence artificielle. Dans le monde médical, de grandes choses ont été accomplies grâce à l'IA, et ce, à d'autres égards également", rappelle celui qui a été désigné par le Time Magazine comme l'une des voix les plus influentes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

L'intelligence artificielle est pourtant déjà arrivée dans certains lieux de culte. En décembre 2024, une église à Lucerne (Suisse) a utilisé un hologramme pour recueillir les confessions de ses fidèles. Surnommé Deus in Machina, l'installation se composait d'un confessionnal avec un écran affichant un hologramme de Jésus, entièrement créé grâce à l'intelligence artificielle. Ce Jésus virtuel était capable de répondre aux questions des croyants dans 100 langues différentes.

Et la religion catholique n'est pas la seule concernée. En janvier dernier, Aux Etats-Unis, un rabbin a également testé dans sa synagogue la diffusion audio d’un sermon entièrement généré par l’intelligence artificielle. L'IA était également capable de répondre à des questions théologiques complexes.

Salomé Ferraris