États-Unis: un robot avocat poursuivi en justice car il n’a pas de diplôme

DoNotPay, vendu comme le "premier robot avocat", va prochainement devoir user de ses talents pour se défendre devant le tribunal de Californie. Le robot est en effet accusé d’exercer le droit sans diplôme, ce qui est interdit par la loi. Le cabinet d’avocats Edelson a ainsi déposé un recours collectif début mars devant la cour supérieure du comté de San Francisco, comme le relève le média américain Business Insider.
"Malheureusement pour ses clients, DoNotPay n’est pas vraiment un robot, ni un avocat ni même un cabinet d’avocats. DoNotPay n’a pas de diplôme de droit, ne fait partie du barreau d’aucune juridiction et n’est supervisé par aucun avocat", indique la cour supérieure dans son rapport.
La poursuite judiciaire a été engagée par un particulier, Jonathan Faridian, "en son nom et au nom d’autres personnes concernées". Les plaignants avait utilisé DoNotPay pour la rédaction de différents documents juridiques, comme des lettres de mise en demeure ou une plainte pour discrimination au travail. Problème: les documents fournis n’étaient pas réalisés par un avocat compétent et comportaient bon nombre d’erreurs, les rendant inutilisables.
Des millions d’affaires résolues
DoNotPay est ainsi pointé du doigt pour ses pratiques peu déontologiques. Utilisant une intelligence artificielle, le robot avocat est censé résoudre de nombreux problèmes juridiques comme rédiger des papiers de divorce ou préparer une poursuite à la cour des petites créances.
Fondé en 2015 par Joshua Browder, DoNotPay n’avait toutefois pas vocation à remplacer les avocats. Au départ, l’outil ne devait qu’aider les utilisateurs à contester leurs contraventions pour mauvais stationnement, avant d’élargir ses services. Et cela semble fonctionner puisque l’entreprise, qui peut aider à "poursuivre n’importe qui", clame plus de 2 millions d’affaires résolues.
Concernant la plainte collective à son encours, Joshua Browder a indiqué sur Twitter que l’entreprise n’avait rien à cacher et qu’ils utiliseraient même leur robot pour gagner le procès.
"Ces affirmations n’ont aucun fondement. […] L’un des problèmes de cette affaire, entre autres, est que Jonathan Faridian a eu des dizaines de cas correctement résolus avec DoNotPay, ce qu’il omet de dire", juge l’entrepreneur.
D'Internet aux salles d'audience
Ce n’est pas la première fois que DoNotPay crée la controverse. Le robot avocat avait il y a quelques semaines failli jouer les vrais avocats pour assurer la défense d’un homme au tribunal dans une affaire d’excès de vitesse. Le système était censé conseiller l’accusé en temps réel à l’aide d’écouteurs, par rapport à ce qu’il se disait dans la salle.
Mais face à la polémique, DoNotPay et Joshua Browder ont dû faire machine arrière, indiquant avoir reçu des menaces de la part des procureurs du barreau de l’Etat. Le risque de passer six mois en prison a également pesé dans la balance.
DoNotPay a également été épinglé pour son manque de transparence au sujet de son fonctionnement. Des humains se cachent-ils derrière les résultats obtenus? Quelle est la part de contenus rédigés par ChatGPT? Comment est identifiée la loi la plus pertinente pour répondre à chaque besoin? Des questions sans réponses de la part de Joshua Browder.