En pleine grève des acteurs, une entreprise crée un épisode de South Park entièrement généré par IA

Il n'y avait pas pire démonstration pour légitimer les craintes du monde du cinéma. Depuis le mois de mai, les scénaristes ont entamé une grève à Hollywood. Ils ont été rejoints il y a quelques jours par les acteurs, qui leur apportent leur soutien. Au-delà d'une revalorisation des revenus, le mouvement vise à obtenir des garanties quant à l'usage de l'intelligence artificielle. Plusieurs spécialistes du doublage sont d'ores et déjà confrontés à la montée du recours aux logiciels.
Pourtant, c'est dans ce contexte tendu que Fable Studios a choisi de montrer l'efficacité de sa solution baptisée Simulation. Cette entreprise a annoncé la publication d'une étude sur "la télévision générative", a repéré TechCrunch. Et pour visualiser les possibilités offertes, elle a publié une démonstration de son logiciel en créant un faux épisode de South Park entièrement généré par intelligence artificielle.
Si d'un point de vue technique, la vidéo paraît bluffante en respectant les codes de la série, elle ne peut que prendre une signification particulière face à la grève des acteurs et scénaristes. Car de l'écriture au montage, en passant par l'animation des personnages ou le doublage de leur voix, aucune intervention humaine n'a été nécessaire pour créer l'épisode fictif.
Négocier des "protections très très fortes"
Au générique de fin, Fable Studios rappelle que l'œuvre a été créée dans le cadre d'un projet de recherche. Mais dans les crédits, un seul nom figure: Mett Porker. Un nom qui fait allusion aux créateurs et scénaristes de la série South Park: Matt Stone et Tray Parker.
Le vice est poussé jusqu'à la thématique abordée. Dans l'épisode, Cartman, l'un des quatre personnages principaux, veut démontrer la supériorité de l'intelligence artificielle en l'appliquant à l'industrie du cinéma. Au cours de la vingtaine de minutes, certains messages tentent d'être passés, notamment en assurant que la technologie est un moyen d'augmenter les capacités créatives plutôt que de remplacer des travailleurs.
D'ailleurs, le président de Fable Studios, Edward Saatchi, semble lui-même y croire. Auprès de TechCrunch, il a même été jusqu'à assurer: "Nous pensons que c'est le bon moment. En publiant nos recherches, nous espérons que les syndicats d'Hollywood négocieront des protections très très fortes pour que les producteurs ne puissent pas utiliser d'outils d'IA sans la permission expresse des artistes."
"Honnêtement, les détenteurs de droits de propriété intellectuelle doivent également trouver un moyen de négocier avec les entreprises de chatbot d'IA qui profitent de leur travail", a-t-il ajouté.
L'idée de Fable Studios est d'avoir un modèle d'intelligence artificielle complet intégrant des paramètres définis par des scénaristes et des producteurs de séries ou films. Ils pourront alors intégrer dans ce monde fictif leurs suggestions de situations et voir directement comment l'univers d'une œuvre de fiction réagirait. Mais le résultat s'apparente ici à un épisode fini, sans intervention humaine. La solution Simulation doit être disponible plus tard dans l'année.