"Cela va causer du tort pour l'image des femmes": le premier concours "Miss IA" suscite de vives critiques

Kenza Layli (à gauche) a remporté le premier concours "Miss IA". - Kenza Layli/Instagram
Dans certains domaines, l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) peut faire l'objet de controverses. Et ce fut le cas pour le premier concours "Miss IA", organisé par la plateforme d'influenceurs Fanvue, relève Ars Technica.
Ce concours, qui s'inscrit dans le cadre des "World AI Creator Awards" (WAICAS), visait à évaluer des influenceuses générées par intelligence artificielle (IA) sur les réseaux sociaux. La grande gagnante est marocaine, elle s'appelle Kenza Layli et compte plus de 200.000 abonnés sur Instagram.
Et en faisant un tour sur la page de son réseau social, il est assez difficile - au premier abord - de constater qu'il s'agit d'une personnalité totalement fictive générée par l'IA (cela est mentionné dans la biographie du compte).
Une "Française", baptisée Lalina est arrivée en seconde position, devant une influenceuse virtuelle portugaise Olivia C.
Des critiques sur l'éthique
Un utilisateur peu averti peut donc facilement assimiler une personne "fictive" d'une personne "réelle". Là est le danger et la controverse. Les critiques ont naturellement fusé après le concours. "C'est un pas en avant dans la matérialisation des femmes par l'IA", a souligné Sasha Luccioni, chercheuse spécialisée en IA, auprès d'Ars Technica.
"L'IA est un domaine où le manque de diversité des genres est flagrant. Il n'est donc pas surprenant de voir qu'elle peut générer des images qui laissent penser qu'il s'agit de la femme idéale."
Pire encore, la création d'influenceurs virtuels par IA est en plein essor, facilitée par des outils comme Stable Diffusion et Dreambooth. Ces technologies permettent de générer une multitude d'images de femmes et de personnaliser des modèles d'IA pour ainsi atteindre "l'idéal féminin".
"Je frémis à l'idée du tort que cela va causer à l'image que les filles ont d'elles-mêmes", souligne de son côté Margaret Mitchell, chercheuse en éthique de l'IA , en prenant l'exemple du personnage fictif Barbie. "Elle n'est même pas conçue pour ressembler à une vraie personne", poursuit-elle.