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Des chercheurs inventent une peau électronique, sensible et modulable pour robot

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Trois chercheurs britanniques ont créé un gel intelligent dont la forme est modulable. Il permet de détecter plusieurs types de sensations que ce soit la chaleur, la pression ou le contact avec un humain.

Et si les robots étaient capables de ressentir la chaleur ou une blessure comme nous? Une équipe de chercheurs des universités de Cambridge (UCL) et de Londres ont mis au point une peau électronique capable d'octroyer le sens du toucher à un robot. L'étude est parue dans la revue scientifique Science Robotics.

Sa particularité? Elle se présente sous forme de gel que l'on peut mouler sous presque n'importe quelle forme, et ce, pour un prix moindre affirme l'université de Cambridge.

Les chercheurs ont ainsi procédé à plusieurs tests en donnant à leur gel l'apparence d'une main humaine. Dans une vidéo publiée sur Youtube, on peut voir l'organe artificiel détecter avec une certaine précision l'emplacement de différents points de contact.

Un gel polyvalent

Cette main à l'aspect gélatineux est en réalité conductrice d'électricité. Tout contact ressenti sur le faux organe est ensuite transmis jusqu'au poignet. Ce matériau hautement sensible est capable de différencier plusieurs types de sensations comme l'état (solide ou liquide), la température ou la force de la pression.

Le gel peut même savoir s'il est touché par un être humain ou s'il est endommagé, par une coupure par exemple. Ce gel est un capteur polyvalent que l'on qualifie de "multimodal". Cela évite d'utiliser un type de capteur différent pour chaque sensation.

"Le fait d'avoir différents capteurs pour différents types de toucher conduit à des matériaux complexes à fabriquer. Nous voulions mettre au point une solution capable de détecter plusieurs types de toucher à la fois, mais dans un seul matériau", a déclaré David Hardman, l'auteur principal de l'étude.

Cette innovation rapproche un peu plus les futures générations de robots du fonctionnement d'un être organique. L'université précise néanmoins que les travaux n'atteignent "pas encore le stade où la peau robotisée est aussi bonne que la peau humaine". Dans ce prototype de main, on retrouve tout de même près de 860.000 connexions (qui marchent un peu comme des cellules nerveuses).

Des utilisations multiples

Plusieurs avantages sont à tirer de cette technologie, à commencer la manipulation d'objets fragiles. En détectant la pression exercée sur un objet, un robot peut évaluer la force optimale pour s'en saisir sans le casser.

Cette peau peut aussi trouver un intérêt lorsqu'une machine doit réaliser des travaux à risques. La peau indiquerait au robot la présence d'un potentiel danger pour qu'il agisse en conséquence. Par exemple, si la main d'une machine est exposée à des flammes, celle-ci pourra la retirer rapidement pour éviter plus de dommages.

Mais elle pourrait servir à des opérations nécessitant une grande précision, par exemple en médecine, secteur où la robotique est très prisée. On peut même imaginer la création de prothèses à partir de ce gel.

Il pourra aussi trouver une utilité pour les "cobots", des robots conçus pour collaborer avec des employés. Un sens aiguisé du toucher est primordial pour ce type de machine afin d'éviter de blesser un humain.

Dans tous les cas, l'équipe de recherche compte poursuivre ses études sur ce matériau et explorer ses possibilités. D'autres laboratoires s'intéressent à des concepts de peau pour robots similaires. Des chercheurs des universités de Tokyo et Harvard avaient notamment présenté en juin 2024 une peau cellulaire artificielle à l'aspect proche de celle d'un humain.

Théotim Raguet