Une première depuis 1988: pourquoi les JO 2024 n'ont pas droit à des jeux vidéo

Les Jeux olympiques de Paris 2024 vont faire figure d'exception. Pour la première fois depuis 1988 et les jeux de Séoul (Corée du Sud), il n’y a pas de jeux vidéo disponibles sur consoles et PC pour célébrer les compétitions. Ni jeu officiel ni non officiel.
Il faut remonter à 1980 et aux JO de Moscou pour trouver trace d’un jeu vidéo rendant hommage à l’événement. À l’époque, Olympic Decathlon se concentrait sur l’athlétisme en proposant les 10 épreuves du décathlon sur TSR-80. Le joueur incarnait alors le champion olympique en titre, l’Américain Bruce Jenner (devenu depuis Caitlyn Jenner).
Des NFT plutôt que des jeux
Depuis, de nombreux éditeurs ont essayé avec plus ou moins de succès de profiter du filon olympique en dégainant un jeu opportuniste l’été venu. Le CIO a fini par valider un jeu officiel dès l’Olympiade de Los Angeles en 1984, sur borne arcade tout d’abord et uniquement au Japon, avant de généraliser cela quatre ans plus tard pour les Jeux de Barcelone avec Olympic Gold sur consoles Sega, été comme hiver. Pour l’édition 2018 à Pyongyang, c’est même Ubisoft qui s’était appuyé sur son jeu Steep pour en sortir une version olympique. En 2024, les fans de sport devront se contenter d’un jeu mobile Olympics GO! Paris 2024 pour vibrer.

Parallèlement aux titres officiels, d’autres jeux ont souvent fêté les Jeux olympiques, à l’instar de l’incontournable série Mario & Sonic aux Jeux Olympiques, lancée en 2007 conjointement par Sega et Nintendo, jusqu'au JO de Tokyo en 2020. Ces jeux n’ont jamais eu la licence officielle, mais ils étaient devenus des partenaires incontournables tous les quatre ans. Les deux héros emblématiques des années 1980-90 n’ont cette fois pas effectué le voyage jusqu’à Paris.
Que ce soit le CIO, Sega ou Nintendo, personne n’a vraiment donné d’explication à cette "absence". Selon Eurogamer citant un vétéran de la licence, c'est le CIO qui aurait pris la décision de ne pas renouveler le partenariat pour "s'orienter davantage vers les NFT et l'esport" afin "d'obtenir plus d'argent". Ce qui expliquerait aussi le choix de nWay! pour concevoir le jeu mobile et PC officiel... mais aussi des collections de pins sous forme de NFT commémoratifs de Paris 2024.
Comme l’a également noté Le Monde, "le contexte économique difficile que traverse la production vidéoludique n’aide en rien". Après une période difficile, marquée par de nombreux licenciements et abandons de projet, l’industrie du jeu vidéo cherche la rentabilité et cela passe par des ventes au long cours.
Un jeu de sport doit voir loin, avec du contenu ajouté fréquemment. Les jeux saisonniers comme EA Sports FC (ex-FIFA), NBA 2K ou même le dernier TopSpin 2K25 tirent ainsi leur épingle du jeu. Un jeu sans véritables stars, voué à connaître un fort retentissement quelques semaines seulement, voire un ou deux mois avant de retomber dans un relatif anonymat, ne semble plus attirer les foules de sportifs en devenir.
Pas de star pour remplacer Mario & Sonic
Car pour un Mario et Sonic portés par ses deux stars et leurs univers connus, les jeux "olympiques" s’apparentent traditionnellement à des séries de mini-jeux autour de sport (athlétisme, football, natation, équitation, etc.) sans histoire ni fil rouge si ce n’est de gagner éventuellement des médailles. Des jeux comme Wii Sports ou même Super Mario Party le proposent déjà pour jouer en famille ou entre amis tout le reste de l’année.
Cela avait permis la réussite du premier opus des aventures olympiques du plombier et du hérisson bleu dès 2007, juste avant les Jeux de Pékin, en faisant une sorte de "jeu officiel des JO" à succès (11 millions de copies vendues). Mais les Jeux de Tokyo 2020 auront sans doute annoncé la mise à l'arrêt de leur carrière sportive, le jeu manquant sans doute de nouveautés techniques, avec des consoles de même génération en 2024.
Pour l’édition japonaise, Sega avait été honoré du jeu officiel (Olympic Games Tokyo 2020), non sans les contraintes du Covid qui avait repoussé la sortie du jeu à l’international - comme des épreuves - à juin 2021.
Malgré la représentation de 80 nations et 18 événements, une disponibilité sur toutes les consoles et PC, le jeu n’a pas trouvé son succès, ni auprès de joueurs ni auprès de la presse.