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Nintendo relance son Virtual Boy, casque de réalité virtuelle et échec historique, ressuscité par la nostalgie

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Avec moins de 800.000 unités vendues à travers le monde, le Virtual Boy est le plus gros échec de Nintendo. Il va néanmoins connaître un nouveau lancement grâce à la Switch.

Au détour d'un événement diffusé "en direct" le 12 septembre 2025, Nintendo a fait revivre le Virtual Boy, une console lancée en 1995, arrêtée à peine quelques mois plus tard à la suite de son très lourd échec.

Avec 770.000 exemplaires vendus à travers le monde (il n'est jamais arrivé en Europe), et moins de 500.000 aux Etats-Unis, le Virtual Boy a originalement été conçu par Gunpei Yokoi, créateur du Game & Watch (mais aussi de la franchise Metroid et du Game Boy), avec pour ambition de proposer un casque permettant aux joueurs de découvrir des jeux en relief.

Un lancement précipité

"Gunpei Yokoi n'a pas vraiment pu aller jusqu'au terme de ses idées car le développement de la Nintendo 64 (lancée en juin 1996, ndlr) était devenu prioritaire", se souvient Guillaume "Antistar" Leviach, journaliste et streamer spécialiste de Nintendo.

La technologie n'étant pas ce qu'elle est aujourd'hui, seuls des jeux en rouge et noir, et relativement simples seront disponibles. Ils ne sont d'ailleurs pas nombreux, et Nintendo est quasiment le seul éditeur à supporter sa propre console. A l'issue de sa courte vie, elle ne totalise que 22 jeux dont Mario's Tennis ou encore 3D Tetris.

Le jeu Mario's Tennis sur Virtual Boy
Le jeu Mario's Tennis sur Virtual Boy © Nintendo

Surtout, il faut s'équiper de la console qui est loin d'être une réussite en matière de design. Le casque ne se porte pas et est posé sur un trépied qu'il faut poser sur une table. Les jeux se contrôlent ensuite avec une manette parmi les pires que le milieu a pu concevoir.

"Nintendo a sorti le Virtual Boy dans la précipitation et quelque peu confidentiellement, ce qui n'a pas du tout aidé à réussir son lancement," explique Antistar.

Une console peu pratique à la durée de vie éphémère

Au moment du lancement, les mauvaises critiques pleuvent: "La technologie n'était pas très satisfaisante. Certes, il y avait quelque chose de nouveau, mais c'était pénible à jouer", ajoute-t-il. Des fonctionnalités, comme du multijoueur, prévues un temps, n'ont jamais vu le jour.

Conscient de cet énorme échec, qui n'a jamais été réitéré depuis, Nintendo cesse la commercialisation et la production du Virtual Boy à peine quelques mois après son lancement. Dès fin 1995 au Japon, et tout début 1996 dans le reste du monde.

Le Virtual Boy
Le Virtual Boy © Nintendo

Quelques années plus tard, Nintendo retente néanmoins la 3D avec sa Nintendo 3DS. Si l'échec n'est cette fois-ci pas de la partie, l'effet ajouté par l'écran du haut convainc peu, et va même être rapidement abandonné par les studios travaillant sur la console portable, et même par Nintendo avec la Nintendo 2DS. A cette même époque, la 3D dans les cinémas, les Blu-ray et les téléviseurs commencent à connaître une vague creuse.

Ironiquement, la réalité virtuelle va connaître le succès plus de 20 ans plus tard grâce aux casques Oculus VR, devenus Quest (rachetés depuis par Meta), avant que l'engouement du public ne passe à nouveau, malgré le maintien d'une communauté d'aficionados plus importante qui perdure.

Même si le Virtual Boy est synonyme d'échec, cela n'empêche pas les nostalgiques d'y repenser régulièrement. Il s'agit néanmoins d'un produit assumé par Nintendo, jusqu'à son musée de Kyoto: "On peut le voir au Nintendo Museum de Kyoto où on peut acheter des goodies à l'effigie de l'engin, et il y a une référence au Virtual Boy dans Luigi's Mansion 3."

30 ans après, Nintendo semble croire que les fans en redemandent et proposera le 17 février 2026 une sélection de 14 jeux via un abonnement Nintendo Online, et l'accessoire - indispensable - vendu 80 euros (ou 20 euros dans une version cartonnée). La nostalgie a un coût, mais toujours moindre que l'appareil original, vendu sur les sites d'enchères entre 400 et 850 euros.

Sylvain Trinel