"James Bond n’est pas Hitman": comment IO Interactive réussit à convaincre avec son "007 First Light" sans copier sa recette à succès

007 First Light - IO Interactive
À la Gamescom 2025 à Cologne (Allemagne), du côté des journalistes, les allées bruissent des retours sur les premières images enfin aperçues de 007 First Light. Pour le moment, tout doit rester sous silence et il est difficile de ne pas pouvoir le partager. Il faut dire que l’officialisation devra attendre, il a été décrétée que sa révélation se fera lors du Playstation State of Play dédié de ce 3 septembre au soir.
Il y a pourtant un secret qu'il nous faut révéler quand il est question de parler du prochain bébé de IO Interactive, c’est celui confié par Hakan Abrak, patron du studio mais surtout homme derrière le jeu. "Cela fait plus de 25 ans que nous faisons des jeux Hitman, créons de la fantaisie d’agent secret. On peut dire qu’on a involontairement travaillé sur ce jeu (007 First Light) pendant plus de deux décennies, d’une manière ou d’une autre", glisse malicieusement à Tech&Co le patron de l’éditeur scandinave.
Et il est vrai que ce dernier a quelques arguments sérieux à faire valoir, comme sa capacité à créer des environnements variés, à faire voyager son héros dans des endroits exotiques (Agent 47 va de Dubaï à Paris, de Miami à Bangkok et dans des dizaines d’autres lieux à travers la planète). "Ça fait partie de notre force et ça a fait de nous aussi un développeur acceptable pour une franchise comme James Bond", juge-t-il. Et c’est sans doute ce qui a fait mouche auprès d’Amazon MGM Studios, propriétaire de la franchise.
"On voulait mettre un morceau de nous dans la franchise"
C’est néanmoins une lourde tâche que de créer de zéro une histoire originale pour un héros si populaire. Mais chez IO Interactive, on n’est pas peu fier d’avoir été choisi. Il restait à mettre au point une expérience de jeu qui ne soit pas "juste un jeu cinématographique, avec des scènes d’action, de combats et de tirs". "On voulait mettre un morceau de nous dans la franchise et avoir notre propre interprétation", ajoute l’homme fort du studio qui a pour la première fois travaillé sur une licence externe. "Nous excellons aussi dans la création d’espaces où Bond peut se promener, user de son charme, de son intelligence pour déjouer les plans et être là où il doit être".

007 First Light retrace donc la genèse du mythe James Bond. Comment un jeune homme un peu tête brûlée, désinvolte et indiscipliné va se muer en agent secret de haut vol. Une période finalement inédite dans les aventures du futur membre du MI 6, le renseignement britannique. Les premières images de jeu montrent le cocktail explosif qu’a mis en place IO Interactive, reprenant pleinement les codes du héros créé par Ian Fleming (humour, gadgets, cascades et explosions à gogo, belles voitures) tout en apportant une touche maison. "Il n’est pas encore un 00. C’est une histoire de formation. C’est un jeune homme qui est introduit dans ce monde d’espionnage. Il n’est pas naïf, mais il est ambitieux et il rencontre ensuite les dures réalités de l’espionnage", résume le directeur du jeu.
Car le développeur a une idée claire de ce qu’il veut faire de son 007 en devenir. "L’élément clé de notre expérience est de le voir devenir qui il est destiné à être. Comment il va trouver ses aspirations, sa conception du monde, puis être choqué, surpris, devoir surmonter le tout et mûrir à travers cela pour trouver sa voie", ajoute Hakan Abrak qui espère que les joueurs passeront par toutes ces émotions, verseront peut-être même une larme, mais ressortirontdu jeu avec une expérience marquante.
Et ce que IO Interactive veut avant tout, c’est "livrer une expérience Bond complète, holistique et à 360°." "Cela fait partie de notre ingrédient secret et de notre pedigree. Ajoutez cela aux scènes d’action et à l’humour, et j’espère que les joueurs diront que c’est une véritable expérience James Bond", sourit le responsable du studio danois.
Hitman le méticuleux, James Bond l'impétueux
La séquence de jeu dévoilée lors du Playstation State of Play laisse en tout cas entrevoir de grandes choses. Dans un environnement magnifique, grandiose et digne d’un film, un monde promis comme "vivant et respirant", 007 First Light emporte James Bond et ses acolytes (on y croise Moneypenny jeune, M, Q…) dans les Carpates, dans un hôtel de luxe où ils doivent stopper un mystérieux employé, trouver 009, un agent double, et réussir leur filature. On y découvre ce qui va faire le sel de ce jeu avec ses missions d’infiltration, de filature, d’analyse de l’environnement et des séquences "blockbusteresques" de tir où James Bond peut dégainer son "permis de tuer" face à des ennemis qui veulent sa peau.

De quoi craindre une filiation trop grande entre James Bond et Agent 47? Non, assure Hakan Abrak. "Hitman est un planificateur. Il prémédite, planifie, observe. Il est attentif aux moindres détails, analyse les cibles, mémorise tout, presque comme s’il était sur le spectre [autistique]. Ensuite, il exécute parfaitement, lentement", résume-t-il.
De son côté, James Bond, plus jeune et fougueux, a une approche plus instinctive et rapide, selon lui: "Bond entre dans la pièce, regarde autour de lui. Il s’approprie la pièce, puis il analyse rapidement, ne passe pas beaucoup de temps à planifier et réagit. Il prend juste ce tissu et entre comme un serveur, par exemple", rigole le CEO du studio. "Il est beaucoup plus proactif et beaucoup plus impulsif."
Planification méticuleuse de l’un, improvisation de l’autre, voici ce qui différencie les deux agents secrets. Et cela se traduit dans le rythme du jeu. Des approches très importantes pour le tempo et la sensation qu'offre le titre. "C’est l’une des grandes différences," martèle-t-il.

Mais chez Hitman comme chez 007, les joueurs ne seront pas dépaysés et vont retrouver ce qui fait la renommée de IO Interactive, le talent pour le jeu solo narratif. Avec le dernier Hitman World of Assassination, le géant danois a donné vie à un jeu solo avec une histoire dans laquelle s’immerger, une expérience à vivre "qui donne aux joueurs". Faudra-t-il s’attendre à un univers aussi enrichi sans cesse durant des années? Ce n’est pas à exclure quand le patron du jeu et du studio confie vouloir continuer à "montrer que les expériences solo peuvent être durables, expansives et évoluer sur la durée". On a hâte en tout cas de voir si un jeune James Bond plus humain peut faire un aussi bon héros de jeu vidéo qu’agent secret. Réponse le 27 mars prochain.