"Indiana Jones et le Cercle ancien": pourquoi la nouvelle aventure d'Indy est un véritable film à jouer

À la simple évocation de son nom, la musique résonne déjà dans la tête de tous les fans (à la minute où vous lirez ceci, sans doute aussi). Indiana Jones est un mythe du cinéma. Mais les plus grands héros du 7e art ne font pas forcément de bons héros de jeu vidéo.
L’homme au Fedora le sait bien, lui qui court après un jeu digne de son aura depuis plus de 30 ans. Chacun des trois premiers films a eu son jeu vidéo pourtant. Peu (voire aucun) sont restés dans les mémoires. Indiana Jones et le Mystère de l’Atlantide, sorti en 1992, semble être à ce jour, avec le Lego Indiana Jones: La trilogie originale (2008), le plus proche de ce que les fans d’Indy espéraient avoir sur leurs consoles ou PC. Une vingtaine de jeux à son actif depuis le début des années 1980 et un véritable manque d’une aventure digne de ce nom.
Indiana Jones est entre nos mains
Les fans d’Indy ne seront pas déçus par sa nouvelle aventure. Si LucasFilm a choisi Machine Games, c’est avant tout, car il savait qu’il aurait face à lui de véritables fans de l’univers, désireux d’en faire quelque chose d’exceptionnel, mais surtout fidèle à la franchise. Et ils ont su faire d’Indiana Jones et le Cercle Ancien, disponible le 9 décembre sur Xbox Series et PC (le 6 en accès anticipé), un véritable maillon dans la continuité. Car le jeu est un hommage aux aventures du célèbre archéologue et s’imprègne parfaitement de sa liturgie cinématographique. Merci à la puissance des machines qui aident aussi aujourd’hui au réalisme.
Tout respire le Indiana Jones du grand écran. Le style tout d’abord. Vous pouvez choisir de jouer en format cinémascope ou 16:9 classique. Visuellement, le jeu est magnifique, notamment au niveau des effets de lumière, et cela commence déjà par les décors qui semblent tout droit sortis de la caméra de Steven Spielberg tant ils se fondent dans l’image que l’on a gardée en tête. Le "grain" colle parfaitement au style artistique des premiers épisodes. Et que dire d’Indiana Jones lui-même qui modélise à la quasi-perfection le physique du Harrison Ford des années 1980. Cela renforce l’immersion et nous fait plonger dans ce jeu-film sans difficulté.

En anglais (langue dans laquelle nous avions effectué notre première approche du jeu), Troy Baker qui prête sa voix au personnage a su saisir les mimiques vocales et le phrasé de l’acteur dans sa trentaine, cette voix envoûtante que l’on perçoit dans Les Aventuriers de l’Arche perdue, Le Temple maudit ou la Dernière Croisade. En français (vous n’aurez pas le choix de la langue), c’est Richard Darbois, voix officielle d’Harrison Ford depuis près de 40 ans, qui s’y colle logiquement et cela aide forcément à se croire dans un film. Un choix aussi intelligent qu’audacieux, car l’acteur comme son doubleur ont aujourd’hui dépassé les 70 ans et on peut parfois ressentir un léger décalage entre la voix et le personnage plus jeune du jeu. Mais une autre voix aurait très probablement été un choc capable de vous sortir de l’aventure.
Un film à jouer
Le scénario de ce Indiana Jones et le Cercle Ancien aurait pu être celui d’un film. Il en reprend tous les codes. Ici, il est question d’un artefact (un chat momifié) volé au Marshall College, où enseigne l’archéologue, par un membre d’un étrange groupe secret du Vatican. Indy part à sa poursuite, de l’Italie à la Thaïlande en passant par l’Égypte, et se retrouve confronté à l’un des plus grands mystères de l’histoire, le secret d’un pouvoir ancestral lié au Cercle Ancien.
Pour stopper la terrible machination soutenue par les nazis, notre héros est paré pour l’aventure solo qui l’attend. Il a son chapeau emblématique, son indispensable fouet et son carnet de notes pour le suivi de vos quêtes, vos enquêtes et progressions personnelles (sous forme de livres à ramasser un peu partout) et évidemment les plans de vos zones d’exploration. Même sa phobie des serpents et ses petites phrases caractéristiques n’ont pas été oubliées, pas plus que ses traits d’humour, même entre deux coups de poing. Seule nouveauté ajoutée dans la besace de l’aventurier, un appareil photo pour le côté vidéoludique, avec des indices et éléments à photographier pour avancer dans l’histoire.

Après Marion Ravenwood (L’Arche Perdue) — son grand amour qui a le droit d’être cité dans le jeu—, Willie Scott (Le Temple maudit) et Elsa Schneider (La Dernière Croisade), Indiana Jones se voit affublé d’une acolyte dans la droite lignée. Gina Lombardi, journaliste d’investigation, a le sang chaud, un côté effronté, elle est débrouillarde, casse-bonbons, mais est aussi terriblement attachante dans sa détresse pour retrouver sa sœur disparue. La comparse insupportable habituelle et parfaite pour l’aider autant que lui casser les pieds.
Et un Indiana Jones ne serait pas aussi charismatique et charmeur s’il n’avait pas un antagoniste digne de ce nom. Emmerich Voss, archéologue allemand, était tout trouvé. De son débarquement en dirigeable dans le ciel du Vatican à ses confrontations dans le désert avec Indy, il est l’antihéros qu’il fallait. On retrouve aussi Marcus Brody plus vrai que nature sous les traits de l’acteur originel Denholm Elliott, décédé en 1992, qui était indispensable pour tenter de raisonner en vain Indiana Jones en toutes circonstances. Il a dans le jeu le même flegme que dans les films et son même air toujours dépassé par les frasques de son ami.

Des personnages hauts en couleur, mais conçus avec un vrai respect de l’époque (1937), des pays visités (on entend les langues locales, on les lit, les édifices ont été recréés fidèlement à l’existant de l’époque pour les pyramides, le Vatican ou les temples engloutis de Sukhothaï). Et l’on prend plaisir à se promener librement dans chaque environnement que l’on peut aborder comme on le veut, pour fouiller minutieusement, s’infiltrer ou y aller frontalement. Comme le personnage des films finalement.
Une lettre d’amour à Indy
C’est sans doute dans ces vastes espaces que l’on retrouve le plus l’esprit de la saga à travers les multiples cinématiques qui apparaissent aux moments clés ou quand vous allez approcher certains personnages non jouables pour discuter. Le jeu comporte près de trois heures de mini-séquences où Indiana Jones délaisse la vue à la première personne pour réapparaître comme au cinéma.
C’est aussi avec cette vue à la 3e personne que l’on se frotte aux différentes énigmes et aux mini jeux proposés. La force de Machine Games, c’est d’avoir su les glisser subtilement et naturellement dans la trame de l’histoire, à l’instar des énigmes que devait résoudre Indy dans le film. Sauf que cette fois, c’est nous qui lui faisons résoudre les casse-tête qui se présentent à lui et cela crée un lien avec le héros encore plus fort dans l’aventure.
Indiana Jones et le Cercle Ancien est-il davantage un jeu qui veut se prendre pour un film ou un film à jouer? On serait presque tenté de répondre les deux tant ils s’entremêlent. Les fans tiennent sans doute là le jeu dont ils ont toujours rêvé pour incarner leur héros qui est tel qu’il est resté dans nos souvenirs. Mais cette fois, on peut contrôler ses destinées. Machine Games a réussi une véritable lettre d’amour au cinéma et à Indiana Jones, comme le démontre l’ouverture très réussie du jeu sous forme de clin d’œil qui met immédiatement dans l’ambiance et amène un grand sourire sur le visage. L’archéologue est basculé dans une histoire qui se situe entre les Aventuriers de l’Arche Perdue et La Dernière Croisade qui n’a pas à rougir de ses aînés dans sa construction, la richesse et la diversité de sa proposition.

On en prend plein les yeux, on explore avec délice, même les nécropoles et les ruines — en ayant toujours la frousse comme Indy de tomber sur des serpents. On combat les nazis (et c’est de loin le très gros point noir du jeu, avec des séquences lourdaudes, mal gérées et une caméra qu’on perd au moment de distribuer des gnons — un conseil: passez les combats en mode facile pour en être vite débarrassé…).
Est-ce que "sa place est dans un musée"? Difficile à dire. Dans le cœur des joueurs-fans, sans aucun doute et ils ne seront pas déçus de l’immersion proposée, de l’ambiance parfaitement recréée. Pour les autres, cela reste un excellent et très riche jeu d’aventure qui coche toutes les cases du genre. Et l’on comprend le potentiel vidéoludique d’Indiana Jones qui inspira les Lara Croft (Tomb Raider) et autres Nathan Drake (Uncharted). Il se sera juste fait attendre.
INDIANA JONES ET LE CERCLE ANCIEN - Disponible le 9 décembre sur Xbox Series et PC (accès anticipé le 6 décembre), au printemps 2025 sur PS5.