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"Le jeu parfait pour les nouveaux joueurs": Dragon Age revient 10 ans après

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Depuis Inquisition, sacré jeu de l'année en 2014, Dragon Age n'avait plus fait parler de lui. Avec The Veilguard attendu le 31 octobre, la franchise espère apporter un coup de frais à son jeu de rôle et le remettre en lumière.

Que reste-t-il de Dragon Age, saga à succès lancée en 2009 pour révolutionner le jeu de rôle? Dix ans après Dragon Age Inquisition, trois-quatre refontes plus tard, le jeu de rôle de Bioware fait son grand retour. C’est peu dire que Dragon Age: The Veilguard est attendu de pied ferme par une horde de fans, à la curiosité attisée à la fois par les nombreux rebondissements au sein du studio et lors du développement, que par l'envie de découvrir ce que Dragon Age a encore dans le ventre après tout ce temps.

Démarrer une nouvelle aventure dans Dragon Age: The Veilguard, quatrième épisode de la franchise, c’est devoir prendre en compte tout un univers particulièrement riche à défaut d’être très original.

"Le jeu parfait pour les nouveaux joueurs"

Dans ce monde d’heroic fantasy très sombre, comment se renouveler? La question mérite de se poser quand toute une génération de joueurs, sur PS5 ou Xbox Series, n'a probablement pas touché aux précédents épisodes. L’équation est néanmoins difficile à résoudre quand il faut également prendre en compte les fans, ceux qui ont suivi les aventures du studio Bioware depuis ses prémices, et qui ont encore bien des questions attendant des réponses.

"Quand nous avons sorti Dragon Age: Origins, il y a plus de quinze ans, nous ne pouvions pas faire ce que nous pouvons faire aujourd’hui," confie Scylla Costa, producteur principal de Dragon Age: The Veilguard, à Tech&Co.

Pour ce vétéran de Bioware, qui a notamment travaillé sur Mass Effect 3, Dragon Age Inquisition ou encore Anthem, ce nouvel opus est un élément clef de l’histoire du studio, notamment pour accueillir en son sein de nouveaux joueurs.

"C’est le jeu parfait pour les nouveaux joueurs, ceux qui n’ont jamais joué auparavant, mais aussi pour ceux qui connaissent déjà la saga. Si vous n’y connaissez rien, on va vous expliquer l’histoire, le déroulé, la principale menace qui vous attend et ce que vous devez faire pour parvenir à vos fins," promet-il.

En l’état, Dragon Age: The Veilguard comporte donc plusieurs niveaux de lecture. Le pari d’être "parfait" pour les nouveaux joueurs n’est pas tout à fait rempli. Manette en main, le résultat est certes réussi, mais il y a encore des éléments qui nécessitent de se plonger dans l’histoire globale. Un codex intégré au titre vous permet un rattrapage des épisodes précédents et des principaux termes à retenir.

Un trop plein d’informations pour les moins lecteurs des joueurs, mais qui s’avère néanmoins le bienvenu, d’autant que l’aventure démarre alors que vous devez retrouver Solas, un elfe dont l’histoire est contée dans un des contenus additionnels de Dragon Age: Inquisition. Le bagage à se transporter dès le départ est donc peut-être un peu lourd, mais cela n’empêche pas pour autant d’apprécier le scénario principal.

Des nouvelles et des anciennes têtes

C’est sans doute pour ne pas perdre les nouveaux venus que Bioware a fait le choix d’un casting de personnages entièrement remaniés. Si vous allez croiser des héros déjà aperçus dans les précédents épisodes, ceux-ci font ici office de personnages secondaires, voire de simples petits cadeaux pour les fans. Le personnage de Morrigan, par exemple, pourtant apprécié de la communauté, voit son rôle réduit à peau de chagrin dans The Veilguard. C’est un peu dommage, même si le nouveau casting s’avère très bien écrit, avec des histoires personnelles touchantes et prenantes, à l’exception de Taash, dont la subtilité est celle d’un semi-remorque, notamment sur la fluidité de genre.

"Il y a certains compagnons que vous avez déjà rencontrés dans Dragon Age qui reviennent," explique Scylla Costa. "Nous apportons à chaque épisode, comme nous le faisons toujours, de nouveaux compagnons, j’espère que vous allez vous identifier à eux."

Les différents personnages de Dragon Age: The Veilguard
Les différents personnages de Dragon Age: The Veilguard © Electronic Arts

Dans Dragon Age: The Veilguard, on incarne d’ailleurs un tout nouveau personnage principal (héros ou héroïne, selon votre choix) Rook. Avec ses compagnons d'infortune, il doit sauver le monde, Thédas, d’une sérieuse menace, deux dieux elfiques voulant ainsi tout détruire. On va alors rassembler une équipe prête à en découdre, allant de villes en villes et de zones en zones pour à la fois combattre et terminer des missions secondaires, la plupart bien écrites. Les rebondissements sont réguliers, bien plus qu’Inquisition qui multipliait les temps morts.

Sans trop rentrer dans les détails pour ne pas gâcher les surprises, le jeu propose surtout une manière de narrer son histoire bien plus dirigiste que Dragon Age: Inquisition.

Cela pourrait être frustrant, mais être pris par la main a du bon quand il s’agit de guider le joueur dans le scénario principal afin de ne perdre personne. Car pour le reste, The Veilguard propose une très large composante d’exploration, avec ses quêtes secondaires de bonnes factures et ses choix moraux à impact fort, assurant une rejouabilité importante.

"Parfois, vous avez des questions très difficiles à vous poser, sachant que quelque chose va se produire et infliger peut-être des dommages à certaines personnes que vous aimez," précise Scylla Costa.

Par exemple, au début de l’aventure, vous allez devoir choisir d’aller secourir une ville plutôt qu’une autre, ce qui pourra occasionner l’absence d’un membre du groupe ou au contraire le motiver à vous suivre éperdument, avec ce que cela peut créer comme problème ou solution. Ce choix n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres et n’est d’ailleurs pas le plus dur à faire.

Avec Dragon Age: The Veilguard, s’il utilise toujours le même moteur graphique Frostbite que Inquisition ou que la saga Battlefield, Bioware a également fait le choix de "cartooniser" l’ensemble. Cela se voit peu dans les décors, mais les personnages, eux, paraissent plus enfantins, proches d’un programme d’animation pour jeunes adultes comme Arcane de Netflix.

Dragon Age: The Veilguard
Dragon Age: The Veilguard © Electronic Arts

Est-ce que cela fonctionne? Oui. Et bien plus que l’on ne croit. L’un des avantages de cette prise de position visuelle, c’est qu’on discerne les émotions sur le visage des personnages bien plus facilement, rendant certaines scènes poignantes ou, au contraire, très drôles. Les décors sont d’ailleurs à couper le souffle tant ils offrent une diversité importante - mais peut-être moindre par rapport à l’immensité des zones d’Inquisition, trop grandes pour pas grand-chose.

Du changement dans la jouabilité

Ce changement graphique se reflète d’ailleurs sur le ton de l’histoire. On fait face à un univers sombre, mais à des personnages qui continuent néanmoins d’afficher un optimisme qui peut paraître un peu désarmant au début.

"Cette fois, peut-être que ce n’est pas si sombre, mais il y a des moments sombres dans le jeu," souligne Scylla Costa. "Vous allez peut-être vivre des moments où vous aurez l’impression que les larmes vous montent."

Et ces moments sont effectivement présents, le tout sans anicroche aucune tant Bioware semble avoir peaufiné son titre jusque dans ses ultimes recoins. Voir un jeu aussi bien terminé en 2024, cela devrait être normal, mais on ne sait que trop bien qu’il ne s’agit malheureusement que d’une rare exception.

Au-delà de son univers et de ses visuels, Dragon Age: The Veilguard se distingue aussi du reste de la saga par son parti pris en matière de gameplay. Lorsqu’on rejoue aux trois précédents jeux, même si l’action a pris une place plus importante avec le temps, on sait globalement où l’on se trouve. Avec The Veilguard, il y a énormément de changements.

Le grand retour de Bioware

De ce côté, le titre vient reprendre plusieurs idées déjà vues ailleurs, notamment dans Hogwart Legacy: L’héritage de Poudlard. Dans le jeu de Warner comme dans celui de Bioware, de nombreuses énigmes environnementales sont au rendez-vous, ainsi que de nombreux secrets cachés ici et là. Un effort a été fait en ajoutant une grosse dose de jeu de rôle avec ses talents et ses équipements. Il faut jouer avec les différents personnages - même si l’on ne peut contrôler que Rook - en lançant des sorts ou des attaques qui vont créer des opportunités. Un mode multijoueurs fut un temps envisagé. Ce sera finalement à vous de gérer toute votre escouade.

On peut ainsi commander à un des aventuriers qui nous accompagne de lancer un sort qui, conjugué à l’un de ceux dont vous disposez, cassera l’armure ou la barrière magique de votre ennemi. Ce n’est certes pas une approche très originale, mais les combats sont très dynamiques et nécessitent toute notre attention, notamment contre les boss.

Fait-on face au grand retour de Bioware, après ses échecs cuisants avec Mass Effect Andromeda ou Anthem? On peut répondre oui. Dragon Age: The Veilguard offre tout le savoir-faire du studio canadien, même s’il peut manquer un peu d’originalité par moment. L’aventure est une véritable épopée dans un univers riche. Sans délaisser ses fans d'antan, il s’avère surtout une porte d’entrée notable pour les nouveaux joueurs. Et ce n’était pourtant pas gagné.

Dragon Age: The Veilguard est disponible le 31 octobre sur Playstation 5, Xbox Series et PC.

Sylvain Trinel avec Melinda Davan-Soulas