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Civilization VII: 9 ans après, voici les nouveautés de la saga mythique

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C’est la franchise qui a popularisé le genre (et l’a même relativement inventé) du 4X: eXploration, eXpansion, eXploitation et eXtermination. Civilization fait son retour après près de 9 ans d’absence le 11 février prochain. Près de 34 ans après sa sortie, Sid Meier's Civilization VII repart en conquête.

"C’est un jeu qui donne le pouvoir aux joueurs de repenser l’histoire de l’humanité et de la construire eux-mêmes", expliquait à Tech&Co Ed Beach, directeur exécutif du jeu, durant la dernière Gamescom alors que Civilization VII venait d’être annoncé. Mais cette fois, cela se fera de manière beaucoup plus dynamique, promettait-il.

Car pour ce retour sur PC et consoles, la franchise de Firaxis entend bien redéfinir sa propre expérience de jeu, avec l’apport d’innovations majeures et de "concepts révolutionnaires" pour "répondre aux attentes des joueurs".

Améliorations et nouveautés en vue

Pas d’inquiétude à avoir, Civilization VII ne bouleverse ni l’Humanité ni la donne. On se retrouve, comme depuis 1991, avec une carte du monde (qui peut prendre différentes apparences, avec plus de terre ou d’îles par exemple), une civilisation à contrôler, à faire progresser tour par tour, tout en lui choisissant une orientation. Sera-t-elle tournée vers la science, la religion, la diplomatie, la conquête militaire ou la culture? Pour cela, il est toujours question de conquérir des terres, de combattre d’autres peuples et de s’étendre pour amener sa civilisation au firmament à travers les âges.

MicroProse, le studio cofondé par Sid Meier et créateur de la franchise, avait voulu trouver un moyen de se servir de l’Histoire comme terrain de jeu. Si les jeux de stratégie en temps réel (RTS) avaient alors la cote, il estimait qu’il ne laissait pas assez de temps aux joueurs pour se familiariser et gérer de multiples systèmes de jeu (histoire, économie, diplomatie, militaire, etc.). Car de la stratégie, il en faut dans Civilization. Et les joueurs vont apprécier encore plus le tour par tour avec la 7e mouture qui ajoute de nouveaux systèmes à appréhender.

Pour chaque opus depuis plus de trois décennies, Civilization a toujours essayé d’apporter des changements d’ampleur au nouveau venu, améliorations et nouveautés confondues. Premier changement de taille dans l’installation du jeu: vous choisissez désormais votre leader qui n’est plus lié à une civilisation particulière. Nous avons donc tenté de mettre Machiavel à la tête de l’empire maya, un diplomate fin stratège capable de tout, dirigeant une civilisation tournée vers les sciences. Un combo assez inattendu qui aura des répercussions sur le déroulé de la partie et surtout sur son évolution. Il nous a été difficile de garder son orientation scientifique et elle s’est progressivement tournée vers la diplomatie, la personnalité de son leader prenant sans doute davantage le dessus.

De l’importance de l’influence

Et cette nouvelle façon de lancer votre partie a aussi une toute nouvelle conséquence. Pour opter pour des parties plus courtes, le jeu se répartit désormais en trois Âges (Antiquité, Exploration, Moderne) et à chaque âge, vous pourrez choisir une nouvelle civilisation, assez proche géographiquement de celle que vous avez choisie à l’âge précédent, mais aussi de vos actions et de votre leader. Des Mayas, nous avons donc bifurqué vers l’empire hawaïen, puis américain.

Civilization VII
Civilization VII © Firaxis Games

"On voulait limiter les parties qui duraient 15 à 20 heures", avance Ed Beach. "Nous avons décidé que la meilleure approche serait de décomposer le jeu en chapitres, et c’est pour ça que nous sommes venus avec l’idée de Nouveaux Ages". À chaque âge, sa nouvelle histoire. Car il faut partir d’une carte du monde fixée par nos progressions précédentes, mais avec de nouvelles armées, de nouvelles façons de faire, de nouveaux dogmes, de nouvelles technologies, et surtout des héritages de l’âge précédent à faire fructifier (des points récoltés et des choix à faire en économie, diplomatie, culture, science, etc.).

Et cela entraînera des changements importants, notamment l’état de nos relations avec les autres dirigeants (si vous étiez en alliance ou en guerre, il y aura des effets) ou bien même les cités-États. Les points d’influence récoltés et à gérer sont la nouvelle "monnaie" du jeu. Cette devise essentielle pour se mettre dans la poche d’autres civilisations, négocier des routes commerciales, devenir suzerain de cités-États ou partir en guerre avec des alliés.

Le jeu devient ainsi plus dynamique, plus rythmé avec de vrais climax (les catastrophes naturelles et les crises majeures en fin d’âge, extensions du jeu à succès Civilization VI, ont été ajoutées dès le jeu de départ), du renouveau et de l’inattendu. Cela rend chaque partie plus immersive aussi tant le moindre choix, de l’aménagement d’une case à la position malencontreuse d’un bâtiment au côté d’un mauvais peut mener à une baisse de revenue et une perte de bonheur de ses habitants. Et que dire de ses communes - structures plus modestes que les villes et la capitale - converties par une autre religion que celle que l’on a mise sur pied (on peut inventer la sienne, à nous le "machiavélisme" !).

De l’histoire fiable avant tout pour s’amuser

Évidemment, voir Napoléon faire la guerre à Charlemagne, empereur chinois allié à Benjamin Franklin, à la tête de l’empire normand, va une fois de plus hérisser les poils des férus d’histoire. Mais des historiens reconnus ont pourtant bel et bien collaboré au jeu pour concevoir une narration "riche et authentique", basée sur les véritables histoires des leaders et civilisations. "Nous pensons être plus précis dans certaines façons et moins dans d’autres", glisse d'un ton amusé Ed Beach, soulignant néanmoins l’arrivée de civilisations moins connues comme les Shawnees. "Nous mettons l'accent sur une approche historique rigoureuse et une flexibilité stratégique captivante".

Civilization VII renforce désormais les relations diplomatiques qui profitent de graphismes plus modernes et animés
Civilization VII renforce désormais les relations diplomatiques qui profitent de graphismes plus modernes et animés © Firaxis Games

"Quand nous avons créé Civilization en 1991, nous n’aurions jamais pu imaginer être encore là, plus de trois décennies plus tard", annonce Sid Meier en préambule du jeu. Passé de la 2D à la 3D, des cases carrées à hexagonales, de l’évolution de l’agriculture à la conquête de l’espace, du jeu solo au multijoueur désormais, Civilization n’a cessé de se réinventer. Même l’IA est à présent au rendez-vous, autant pour contrôler les leaders adverses en basant leurs actions sur des faits historiques "pour garantir que les choix des joueurs et de l’IA sont cohérents avec l’histoire". 

Jouer avec l’histoire, oui. Faire totalement n’importe quoi, non. C’est sans doute pour ça que Civilization VII a les armes pour séduire les nouveaux venus comme les plus anciens adeptes. Le jeu veut revisiter l’histoire, donner le goût aux plus jeunes de s’y intéresser, mais il fait toujours l’impasse sur ses moments noirs. Il n’est toujours pas question d’esclavage, d’assassinats de dirigeant politique ou de colonisation véritable. Il faut savoir rester un moment ludique et fun avant tout. Pas un cours d’histoire.

Melinda Davan-Soulas