Etats-Unis: TikTok collecte les “empreintes de visage” et “de voix” des utilisateurs

Le géant chinois, déjà condamné pour avoir collecté illégalement des données biométriques, intègre ces dernières dans sa politique de confidentialité. L'entreprise refuse de préciser l’usage de ces informations.

C’est une nouvelle frontière dans la collecte de données personnelles que vient de franchir l’application TikTok, très populaire auprès des enfants et des jeunes adolescents. A l’occasion d’une mise à jour de sa politique de confidentialité repérée par le site américain TechCrunch, la multinationale chinoise a ajouté un paragraphe entérinant la collecte massive et automatique de données biométriques, notamment liées aux traits du visage ou à la voix des utilisateurs.

Analyse des “attributs physiques”

“Nous pouvons collecter des données concernant les images et le son de vos contenus, par exemple en identifiant les objets et l’environnement qui apparaissent, l’existence et la position d’attributs physiques liés au corps et au visage, l’environnement sonore et la nature des mots prononcés par l’utilisateur” précise la première partie du texte.

Si l’analyse de chaque pixel d’une vidéo est pertinente pour proposer certaines fonctions comme les filtres, TikTok compte bien exploiter ces informations à des fins publicitaires.

“Nous pouvons collecter ces informations pour activer des effets vidéos, à des fins de modération, pour des statistiques démographiques, pour des recommandations de contenus et de publicité et pour d’autres opérations qui ne sont pas liées à l’identité de l’utilisateur” explique ainsi l’entreprise.

“Nous pouvons collecter des données biométriques telles que définies par les lois américaines, comme les empreintes faciales et vocales accessibles dans les contenus publiés par les utilisateurs. Si la loi le demande, nous demanderons le consentement avant toute collecte” précise-t-elle enfin.

TikTok reste évasif

Interrogé par TechCrunch, TikTok refuse de préciser l’usage qui sera fait de ces informations particulièrement sensibles. L’analyse du visage d’un utilisateur et de sa voix peut aider l’application à proposer des publicités plus ciblées, mais également de lui recommander de suivre des utilisateurs qui lui ressemblent physiquement, où qui ont les mêmes goûts vestimentaires.

L’analyse du son pourrait aider TikTok à cerner les goûts musicaux de ses habitués, mais également à reconnaître la voix de plusieurs personnes présentes dans une vidéo afin de détecter une interaction réelle entre différents utilisateurs de la plateforme.

Comme le rappelle TechCrunch, TikTok a récemment été condamné à payer 92 millions de dollars (75 millions d’euros) dans l’Illinois pour avoir collecté les données biométriques de ses utilisateurs sans leur accord.

Avec l’Etat de New York, de Washington, mais aussi le Texas et la Californie, l’Illinois est l’un des cinq Etats américains à imposer le consentement explicite pour la collecte de données biométriques. TikTok pourra ainsi mettre en place sa nouvelle politique sans demander l’avis de ses utilisateurs américains dans l’ensemble des autres Etats. Une telle collecte n’est, pour l’heure, pas évoquée dans la politique de confidentialité française de l’application.

A Bruxelles, la Commission européenne a lancé fin mai une enquête contre TikTok, accusé de cibler les enfants avec des publicités déguisées. Début 2021, l’UFC-Que Choisir attaquait la plateforme chinoise, là encore en raison d’un ciblage publicitaire jugé illégal visant les enfants.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Chef de service BFM tech