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Cybersécurité

"Sécurité nationale": mais que reproche-t-on vraiment à Kaspersky aux États-Unis?

Le logo de l'entreprise russe Kaspersky, spécialisée dans la sécurité des systèmes informatiques.

Le logo de l'entreprise russe Kaspersky, spécialisée dans la sécurité des systèmes informatiques. - Tech&Co

Accusé d'être proche des services de renseignement russes et formé à l'École supérieure du KGB, Eugène Kaspersky, le fondateur et PDG de l'entreprise éponyme, est certainement la principale crainte des Américains.

Une annonce "coup de théâtre". Les États-Unis en font de manière récurrente, mais la dernière en date en a surpris plus d'un. L'administration de Joe Biden a interdit, jeudi, à l'entreprise russe de cybersécurité Kaspersky de vendre ses produits outre-Atlantique.

Cette multinationale russe, l'un des leaders dans le domaine des outils de sécurité informatique, fournit des antivirus, anti-spyware, anti-spam et autres à plus de 400 millions d'utilisateurs et 270.000 entreprises dans le monde. Pas une mince affaire.

Si elle est très populaire aux États-Unis, l'administration Biden n'est pas du même avis. Pour cette dernière, c'est "la sécurité nationale" qui est en jeu, rapporte CNN. La conclusion d'une longue enquête menée par les Américains.

Ce qui est d'abord reproché au géant russe, c'est sa prétendue proximité avec le Kremlin. Son fondateur et PDG, Eugène Kaspersky, est diplômé de l'École supérieure du KGB (avant sa dissolution en novembre 1991). Cette même école qui forme les espions russes du, désormais, "FSB" (le Service fédéral de sécurité russe).

Il devint ensuite ingénieur au ministère de la Défense russe. En 2012, Wired évoquait la possibilité qu'Eugène Kaspersky ait conservé "des liens étroits avec les services de sécurité russes". Trois ans plus tard, Bloomberg l'accusait même de partager les données récoltées par son entreprise avec le FSB.

Des rapports avec le FSB?

En 2018,les Pays-Bas pointaient du doigt Kaspersky pour du cyberespionnage à la solde de Moscou. Le gouvernement néerlandais avait d'ailleurs décidé de bannir, de ses infrastructures informatiques, toutes les technologies provenant de la multinationale.

Eugène Kaspersky a toujours nié ces accusations et prône un profond respect des règles de sécurité autour des données personnelles.

Son entreprise, elle, déclare ne pas s'engager dans des activités menaçant la sécurité nationale américaine et souligne ses contributions à la protection contre divers acteurs menaçants ciblant les intérêts américains et leurs alliés.

Elle critique fermement cette décision des Etats-Unis, en affirmant qu'elle est basée sur le climat géopolitique actuel.

Une guerre froide entre trois idéologies

Le secteur de la cybersécurité est effectivement en proie à une sorte de guerre froide entre trois grandes puissances, rappelle un expert en cybersécurité, auprès de Tech&Co. Les États-Unis, la Chine et la Russie.

La volonté portée par plusieurs responsables américains de bannir Tiktok du pays est à voir du même œil. Selon eux, Tiktok comme Kaspersky sont des portes d'entrées pour les espions et de manipulateurs... directement dans le téléphone des Américains.

Le département du Commerce américain encourage fortement les utilisateurs à changer de fournisseur d'antivirus, bien que sa décision n'interdise pas l'utilisation du logiciel pour ceux qui choisissent de continuer avec lui.

Kaspersky est autorisé à poursuivre certaines opérations aux États-Unis, notamment la fourniture de mises à jour antivirus, jusqu'au 29 septembre prochain, afin de minimiser les perturbations pour les consommateurs et les entreprises américains et de leur donner le temps de trouver des alternatives appropriées.

Willem Gay