Cyberespionnage: la Chine accuse les États-Unis d'avoir ciblé son centre horaire national

Les drapeaux américain et chinois à la Banque populaire de Chine lors de la visite de la secrétaire d'Etat au Trésor Janet Yellen à Pékin, le 8 avril 2024. - Pedro Pardo / AFP
Entre les États-Unis et la Chine, la tension ne s'apaise pas. Pékin a dénoncé dimanche une cyberattaque orchestrée "par la NSA" américaine contre son Centre horaire national, une institution clé chargée de synchroniser l’heure standard chinoise. Selon le ministère chinois de la Sécurité d’État, cité par les agences de presse, des preuves révèlent que des données et identifiants volés dès 2022 ont permis d’espionner les appareils mobiles et les réseaux du personnel, via une faille exploitée dans une application de messagerie étrangère non précisée.
Les autorités chinoises affirment que ces intrusions visaient également les systèmes internes du centre, mettant en danger des infrastructures critiques telles que les communications, la finance ou l’alimentation électrique. Selon le ministère, ces attaques auraient pu perturber les réseaux énergétiques, les transports et même les lancements spatiaux.
Pékin assure avoir depuis neutralisé les chaînes d’attaque, renforcé ses dispositifs de protection et éliminé les menaces potentielles.
Escalade verbale... et numérique
“Ces dernières années, les États-Unis ont activement cherché à imposer leur hégémonie dans le cyberespace, violant à plusieurs reprises les règles internationales”, a dénoncé le ministère dans un communiqué cité par l’AFP. Il a en outre appelé les citoyens à la vigilance face aux cyberattaques étrangères et à signaler toute activité suspecte aux autorités compétentes.
Les États-Unis n’ont pas directement répondu à ces allégations, mais un porte-parole de leur ambassade à Pékin a rappelé à Reuters que la Chine restait “la cybermenace la plus active et persistante” pour les réseaux américains et internationaux.
Cette escalade verbale s’inscrit dans une dynamique récurrente d’accusations mutuelles, chaque pays désignant l’autre comme principal responsable des attaques informatiques. Les tensions s’étendent désormais au-delà du cyberespace, avec des frictions commerciales accrues, notamment sur les terres rares et les droits de douane.
Un contexte géopolitique tendu
Ces mêmes tensions ont ainsi franchi un palier la semaine dernière avec "l’affaire Nexperia". Sous l’impulsion de Washington, les autorités néerlandaises ont repris la main sur le fabricant de puces Nexperia, propriété du groupe chinois Wingtech. Une décision sans précédent qui illustre une nouvelle étape dans la guerre technologique opposant la Chine et les États-Unis.
Nexperia, filiale de Wingtech Technology, un géant chinois de l’électronique partiellement contrôlé par l’État, fabrique des puces d’entrée de gamme destinées à l’électronique grand public, à l’automobile et à l’industrie. Présente notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, l’entreprise occupe une position stratégique dans la chaîne d’approvisionnement du Vieux Continent.