Comment Facebook va rentabiliser sa messagerie WhatsApp

- - -
En quête de relais de croissance publicitaire, Facebook convertit la messagerie instantanée WhatsApp, rachetée il y a quatre ans, en une plateforme qui sera "vendue" à des annonceurs. Le réseau social a décidé de permettre aux entreprises d'envoyer des messages à des clients qui les ont déjà contactées via WhatsApp, donnant comme exemples le suivi d'une livraison, des rappels de rendez-vous ou des billets d'avion.
Facebook tire la quasi-totalité de ses revenus de la publicité en ligne mais manque désormais d'espaces disponibles pour insérer davantage de publicité sur sa plateforme, au point que certains analystes s'interrogent sur la pérennité de son modèle économique. D'où sa volonté de chercher de nouveaux débouchés, notamment sur ses services de messagerie Messenger ou WhatsApp.
Facebook précise que les messages ne devront pas être promotionnels, qu'ils seront cryptés comme tous les messages WhatsApp et que l'utilisateur destinataire de ces messages pourra à tout moment bloquer l'entreprise pour ne plus être sollicité.
Des messages facturés ente 0,43 et 7,7 centimes d'euros
Concrètement, l'entreprise sollicitée par ses clients pourra répondre gratuitement à leurs requêtes sous 24 heures. Passé ce délai, les messages à destination de ses clients lui seront facturés, précise Facebook, qui indique avoir testé cette solution avec plus de 90 grandes entreprises comme Singapore Airlines ou Uber, ce dernier ayant répondu grâce à WhatsApp à des questions posées par des chauffeurs dans certains pays (Brésil, Mexique).
Il était déjà possible de dialoguer avec des entreprises mais de façon assez rudimentaire, souligne WhatsApp, qui veut donc rationaliser les échanges et en tirer des recettes commerciales. Les messages envoyés aux clients seront facturés aux entreprises entre 0,5 et 9 cents de dollars (0,43 et 7,7 centimes d'euros), selon les pays, révèle un porte-parole de WhatsApp, cité par le quotidien The Wall Street Journal.
En 2019, des publicités intégrées au service "Status"
Ensuite, à partir de 2019, WhatsApp a prévu de vendre des publicités dans certains formats annexes propres à la plateforme. Les annonceurs auront accès au service "Status". Cet équivalent des "stories" est un format qui permet aux utilisateurs de la messagerie instantanée de partager pour une durée limitée (24 heures) des photos et des vidéos, agrémentées de texte.
Cette future commercialisation s'inspire du modèle publicitaire qui a fait le succès du premier réseau social du monde, lequel avait, début 2014, racheté WhatsApp, qui revendique aujourd'hui 1,5 milliard d'utilisateurs, pour environ 22 milliards de dollars. C'est précisément sur la question de la monétisation de la messagerie que ses deux cofondateurs, Jan Koum et Brian Acton, avaient quitté Facebook, respectivement en mai 2018 et en 2017. Ils étaient en désaccord avec la direction de Facebook concernant la confidentialité des données et... l'utilisation de la messagerie comme plateforme publicitaire.
En 2017, la Commission européenne avait infligé une amende de 110 millions d’euros à Facebook pour lui avoir fourni des renseignements inexacts pendant l’enquête de l’Union européenne (UE) sur son rachat de WhatsApp, en prétendant qu'il n'était pas techniquement possible d'associer les comptes de deux plateformes, ce qui n'était pas vrai.