Aux toilettes, elle se fait prendre en photo par son robot aspirateur, les images se retrouvent sur Facebook

Des testeurs des robots aspirateurs Roomba de la marque iRobot ont eu la surprise de retrouver des photos prises par leur appareil sur les réseaux sociaux, dont certaines particulièrement intimes.

Cela faisait certainement partie des petites lignes du contrat. Mais lorsque des personnes se sont inscrites pour tester des robots aspirateurs, il ne s’attendait pas à voir des photos de leur domicile sur les réseaux sociaux. C’est pourtant ce qu’a révélé une enquête du MIT Technology Review.

Des partages sur des groupes privés

Dans le cadre d’un test, des versions de développement des robots aspirateurs Roomba J7 d’iRobot ont récolté de nombreuses données entre 2019 et 2022. Dont des photos prises à partir de la caméra avant de l’appareil. L’objectif est alors d’améliorer l’intelligence artificielle des robots en envoyant l’ensemble de ces informations à Scale AI. Cette entreprise est spécialisée dans l'inventaire des fichiers audio, photo et vidéo destinés à former les intelligences artificielles.

Seul problème, le classement des données est réalisé par des humains. Des travailleurs indépendants situés au Venezuela ont donc bien traité ces images, mais les ont également partagées sur des groupes privés Facebook, Discord et autres réseaux. Sur les clichés divulgués, on retrouve des intérieurs, des cuisines, des salons, mais parfois, des humains sont dans le champ. Parmi les photos les plus problématiques: celle d’un enfant mineur, d’à peine huit ou neuf ans, ou celle d’une femme assise sur ces toilettes, le short descendu jusqu’à mi-cuisse.

"Je n’avais aucune idée que les données partaient à l’étranger", a expliqué un participant au test de l’appareil à la revue américaine.

Une surveillance très invasive

"On peut se demander si l’entreprise n’est pas en train de tromper les gens en les faisant signer pour ce type de surveillance très invasive sans jamais comprendre pleinement ce qu’ils acceptent", juge Albert Fox Cahn, le directeur executif de Surveillance Technology Oversight Project, une association qui défend la vie privée, auprès du MIT Technology Review.

iRobot ne semblait pas au courant de la fuite des photos prises par ses appareils. L'entreprise a assuré que les images ont été “partagées en violation d’un accord de non-divulgation écrit”. Depuis, la collaboration avec ScaledAI a été stoppée par le fabricant de robot aspirateur.

"iRobot a mis fin à sa relation avec le fournisseur de services qui a divulgué les images, mène une enquête active sur cette affaire et prend des mesures pour aider à prévenir une fuite similaire par tout fournisseur de services à l’avenir", a indiqué le patron de l’entreprise Colin Angle.

Pierre Monnier