Douleurs au cou ou aux mains: comment faut-il tenir son smartphone?

A la maison, dans les transports, en faisant la queue au supermarché... Le smartphone nous accompagne partout. Mais selon la manière dont on l’utilise, il peut nous causer des douleurs.
En baissant la tête pour le regarder pendant un moment, on peut par exemple avoir mal aux cervicales ("text neck"). A force de scroller, certains peuvent aussi souffrir d’une tendinite. Tech&Co vous explique comment tenir son smartphone pour éviter ces douleurs.
Alterner les positions
Le fait de garder la tête baissée en utilisant son smartphone serait ainsi déconseillé car la tête est plus lourde dans cette position que lorsqu’elle est droite. "C’est faux. Ces infos proviennent de mesures effectuées sur des cadavres", assure Hemrick Verwaerde, kinésithérapeute, à Tech&Co. "La tête n’est pas plus lourde et cette position n’est pas plus dangereuse qu’une autre", ajoute-t-il.
Selon lui, le problème vient du fait que les individus sont de plus en plus sédentaires et passent de plus en plus de temps sur leur téléphone. En ne bougeant plus du tout la tête, qui est penchée en permanence, "il y a un risque d’apparition de douleurs qui peuvent être musculaires, qui peuvent être au niveau des vertèbres ou des disques intervertébraux", explique Hemrick Verwaerde.

Un risque lié au fait que le travail musculaire pour retenir la tête lorsqu’elle est penchée est plus important que lorsqu’elle est droite. Le kinésithérapeute ne déconseille ainsi pas d’utiliser son smartphone dans cette position, mais plutôt d'éviter de rester trop longtemps dans cette position.
"Le conseil que je donne à beaucoup de mes patients c’est, s’ils sont vraiment obligés de passer huit heures sur leur téléphone dans journée, d’essayer de le faire dans différentes positions", déclare Hemrick Verwaerde.
Ainsi, on peut par exemple se mettre sur le ventre, sur le dos ou encore tenir son smartphone en face de ses yeux. Des positions à alterner pour éviter d’avoir des douleurs lombaires ou au niveau des épaules. "Il n’y a pas une position meilleure qu’une autre", assure le kinésithérapeute.
De potentielles douleurs liées à des mouvements répétés
Concernant le fait de toujours utiliser son smartphone avec son pouce, cette pratique peut, "en théorie", provoquer des tendinites, selon Hemrick Verwaerde. Les personnes qui font des mouvements répétés dans le cadre de leur métier s’exposent par exemple davantage à des douleurs. C’est ce qu’on appelle les douleurs musculosquelettiques (TMS) au travail.
"En pratique, on n’a cependant pas plus de patients qui nous consultent depuis dix ans que ce que c’était à l’époque (...) On est en 2024 et ça doit bien faire longtemps que je n’ai pas vu un patient qui vient pour une douleur de pouce à cause de son téléphone", souligne néanmoins le kinésithérapeute.

Si des spécialistes recommandent d’utiliser son smartphone sans le tenir, en faisant appel à la commande vocale ou en se servant d’un support, Hemrick Verwaerde, lui, ne pense pas que ce soit un bon conseil.
"Ce n’est pas parce que j’utilise la commande vocale pour un texto plutôt que le doigt que ça va vraiment changer les choses", explique-t-il. "Pour moi, le pire des mouvements, c’est le fait de scroller et ça me paraît difficile à faire avec la commande vocale", ajoute-t-il.
Faire des pauses et regarder au loin
Le fait de passer du temps sur son smartphone, comme sur d’autres appareils dotés d’un écran, peut également causer une fatigue visuelle ou être un facteur de myopie. "On a vu une augmentation du nombre de problèmes visuels", déplore Hemrick Verwaerde. Une situation liée au fait que l’on ne fait plus travailler nos yeux comme avant à cause des écrans. "Quand on en avait moins, nos yeux alternaient sans cesse entre regarder de loin et regarder de près. Ça les musclait", précise le kinésithérapeute.
Pour faire travailler les yeux à une époque où les écrans sont omniprésents, il conseille de lâcher son smartphone de temps en temps, pendant 10, 20 ou 30 secondes tout en regardant au loin. "C’est un bon exercice", affirme-t-il, car ce n’est pas la lumière des écrans qui abîment nos yeux, mais plutôt le fait que les yeux, à force de regarder de près, ne travaillent plus, conclut-il.