Sur Telegram, près de la moitié des contenus liés à la Shoah "nient ou falsifient" les faits

L'application Telegram. - cc Maurizio Pesce
L'Unesco, en partenariat avec le Congrès juif mondial, vient de publier, le 13 juillet, le tout premier rapport sur la déformation et négation de l'Holocauste sur les réseaux sociaux.
Des chercheurs de l'Oxford Internet Institute ont compilé et analysé 4000 publications et messages en rapport avec la Shoah, sur cinq plateformes: Facebook, Instagram, Telegram, Twitter et TikTok. Si les discours négationnistes et falsifiants sont présents sur tous les réseaux sociaux, c'est notamment sur la messagerie sécurisée Telegram qu'ils sont le plus important.
Telegram pointé du doigt
Selon le rapport, 49% des contenus ayant un rapport avec la Shoah "nient ou falsifient" les faits sur cette plateforme, soit près de la moitié. Cela concerne à la fois les messages anglophones et francophones. Il s'agit notamment de messages cachés derrière des images à caractère humoristique.
"Cela inclut plus de 80% des publications germanophones, et approximativement 50% des publications francophones et anglophones", détaille le rapport.
Concernant les autres réseaux sociaux, si les chiffres sont présents, ils sont largement en deçà de ce que l'on retrouve sur Telegram. Sur Twitter, cela représente 19% des messages au sujet de l'Holocauste, contre 17% sur TikTok, 8% sur Facebook et 3% sur Instagram.
Manque de modération
Au regard des chiffres, le rapport pointe du doigt la modération de Telegram. En effet, cette messagerie chiffrée, qui promet la confidentialité à ses utilisateurs, est un terreau fertile pour la désinformation.
"Ces publications sont souvent explicitement antisémites, une tendance qui s'accroît à travers le monde. [...] Telegram ne dispose pas de politique pour prendre des mesures en cas de messages niant ou déformant l'Holocauste, permettant un refus pour tout ceux qui souhaitent nier ou falsifier le génocide", lit-on dans le rapport.
"Cette situation dépend principalement de la volonté des plateformes en ligne de prendre des mesures concrètes contre le déni et la déformation des faits liés à l'Holocauste. [...] Il y avait une différence notable entre les niveaux de déni et déformation de l'Holocauste sur Facebook -qui a évolué pour répondre aux critiques sur la désinformation- et Telegram, qui dispose encore d'une modération très faible", conclut le rapport.