Procès de Meta: quand Facebook a tenté de racheter Snapchat pour six milliards de dollars

Le procès contre Meta se poursuit. Ce mardi 15 avril, son PDG, Mark Zuckerberg, est revenu à la barre d'un tribunal de Washington et a de nouveau été confronté à des courriels internes. Alors que la maison mère de Facebook est accusée d'avoir acheté Instagram et Whatsapp pour étouffer de potentiels concurrents, elle ne s'est pas arrêtée là.
En 2013, elle a en effet essayé de racheter Snapchat. Mais le réseau social d'Evan Spiegel a rejeté son offre de six milliards de dollars. "Il [Evan Spiegel] dit que l'offre correspond à ce qu'il veut, mais qu'il souhaite développer l'entreprise par ses propres moyens", a écrit Mark Zuckerberg dans un message adressé à son équipe exécutive à la suite de cet échec, comme le rapporte le média américain The Verge.
Dans ce message, il a également invité son équipe à se préparer à une fuite d'informations concernant l'offre de rachat de Snapchat.
"Neutraliser un concurrent"
À la barre, Mark Zuckerberg est revenu sur cette tentative, affirmant que si Snap, la maison mère du réseau social, avait accepté de rejoindre Facebook, "nous aurions certainement accéléré leur croissance".
"Je me souviens que j'avais dit 'Avec nous, Snapchat aurait des milliards d'utilisateurs'. Et je crois qu'ils n'y sont toujours pas arrivés, 10 ans plus tard", a-t-il déclaré.
Mark Zuckerberg estime en effet qu'Instagram et Whatsapp n'auraient pas autant prospéré sans les investissements de son entreprise. "L'intégration d'Instagram s'est très bien passée au final", a avancé le milliardaire. "Nous avons réussi à ajouter beaucoup de plus de valeur au service que je n'aurais initialement pensé", a-t-il renchéri.
Après cette acquisition, "nous avons gagné en confiance dans notre capacité à identifier des applis à fort potentiel que nous pourrions faire croître plus rapidement en les rachetant", a-t-il ajouté. Racheté pour un milliard de dollars en 2012, Instagram est passé d'environ 50 millions d'utilisateurs à plus de deux milliards aujourd'hui.
Mais, pour l'agence américaine de protection des consommateurs (FTC), qui accuse Meta d'avoir abusé de sa position dominante en rachetant les deux applications, ces acquisitions ont permis à la société "d'éliminer des menaces immédiates". L'avocat de l'agence, Daniel Matheson, a d'ailleurs montré à Mark Zuckerberg des courriels remontant à 2012, où l'ancien directeur financier de Facebook évoque des raisons possibles d'acheter des start-up comme Instagram, y compris "neutraliser un concurrent".
Dans sa réponse à l'époque, le dirigeant avait reconnu ce facteur de décision, parmi d'autres. "Je ne sais pas ce que je pensais exactement à ce moment-là", a-t-il éludé mardi. Il a expliqué que ses équipes avaient pesé le pour et le contre de développer une application photo pour Facebook, un projet qui était en cours.
"J'ai trouvé qu'Instagram était meilleur dans ce domaine, donc je me suis dit qu'il valait mieux l'acheter".
Tentative de règlement à l'amiable
Un courriel datant de 2018 a en outre révélé que Mark Zuckerberg avait prédit ce procès antitrust et qu'il pourrait être obligé de se séparer d'Instagram et de Whatsapp, rapporte le New York Times.
"Alors que les appels à la scission des grandes entreprises technologiques se multiplient, il y a une chance non négligeable que nous soyons obligés de nous séparer d'Instagram et peut-être Whatsapp dans les cinq à dix prochaines années de toute façon", avait-il écrit.
Une prédiction qui s'est réalisée six ans plus tard. "D'un autre côté, si la plupart des entreprises résistent aux démantèlements, l'histoire des entreprises montre que la plupart d'entre elles sont en fait plus performantes après leur séparation", a ajouté Mark Zuckerberg dans le même courriel.
Si le patron de Meta avait prédit ces inquiétudes en termes de concurrence, cela ne l'a pas empêché de tout faire pour empêcher ce procès. Comme le révèle le Wall Street Journal, il a commencé par appeler le président de la FTC fin mars pour régler cette affaire de longue date en payant 450 millions de dollars. Une offre loin des 30 milliards demandés par l'agence.
Ayant multiplié les avances à l'égard de Donald Trump depuis la réélection de ce dernier, Mark Zuckerberg pensait qu'il aurait son soutien pour régler cette procédure à l'amiable. Mais la FTC, même sous présidence républicaine, semble décidée à poursuivre les différentes grandes actions antitrust lancées ces dernières années par le gouvernement américain dans le secteur des technologies.
Meta et son patron se retrouvent ainsi une nouvelle fois sur le banc des accusés, avec un procès de huit semaines qui va se jouer en partie sur la définition du marché concerné.
Pour le gouvernement américain, les services de Meta relèvent des "réseaux sociaux personnels", qui permettent de rester en contact avec la famille et les amis. Les autres grandes plateformes telles que les très populaires Tiktok et Youtube n'appartiennent pas à la même catégorie. Une perspective que le géant américain rejette comme périmée.
Selon Mark Zuckerberg, Tiktok et Youtube sont les principaux concurrents de Facebook et Instagram, "parce que la vidéo est le médium le plus prisé des gens pour partager des contenus". "Et ils sont bien plus gros, nous avons du retard à rattraper", a-t-il déclaré mardi.
La défense de Meta va également insister sur la compétition existante entre ses applications et leurs concurrentes, qui innovent et ajoutent régulièrement des fonctionnalités pour "gagner en minutes d'attention des utilisateurs".