"Les plus grands dictateurs": une prix Nobel de la paix s'en prend à Elon Musk et Mark Zuckerberg

Maria Ressa, journaliste connue pour défendre la liberté de la presse et son indépendance, s'en est vivement prise à Mark Zuckerberg et Elon Musk.

Les "tech bros", autrement dit les "frères de la tech", sont dans le viseur de Maria Ressa. Le prix Nobel de la paix en 2021, notamment pour son combat pour la liberté de la presse et son indépendance, a pris position contre deux des principaux responsables de réseaux sociaux. Pour Maria Ressa, Mark Zuckerberg, patron de Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram) et Elon Musk (X) sont "les plus grands dictateurs".

Les réseaux sociaux "incitent à la haine"

Ses propos, qu'elle a tenus lors d'un festival littéraire à Hay au Royaume-Uni et rapportés par le Guardian, visaient à pointer du doigt la manipulation dont ces deux grands patrons seraient responsables. Selon Maria Ressa, si les réseaux sociaux ont la capacité de "changer la façon dont nous nous sentons", ils ont aussi le pouvoir de "changer la façon dont nous voyons le monde et notre façon d'agir."

Pour la journaliste, la polarisation de la politique est directement liée à ce qu'il se passe sur les plateformes sociales, qui nous font ainsi croire à un libre arbitre imaginaire: "Aux Philippines, c'était les riches contre les pauvres, aux Etats-Unis, c'est la question de la race." Maria Ressa cite par exemple la propagande russe dont le but "n'était pas de nous faire croire en une chose, mais de créer le chaos."

Les réseaux sociaux "incitent à la polarisation, à la peur, à la colère et à la haine," en changeant notre manière de penser, ajoute Maria Ressa. Pour la journaliste d'investigation, il faut abroger la "section 230" de la loi de 1996 aux Etats-Unis, stipulant qu'une plateforme sociale, en tant que simple hébergeur, n'est pas responsable du contenu publié par des tiers: "Cette loi donne à ces entreprises une impunité."

Sur la question de l'interdiction potentielle de Tiktok aux Etats-Unis - dont elle se félicite - Maria Ressa explique que le réseau social chinois n'est pas "la seule menace" et que tous les réseaux sociaux sont responsables, d'autant plus avec l'introduction de l'IA générative : "la qualité des informations que vous obtenez est déjà de plus en plus mauvaise."

Sylvain Trinel