Tech&Co
Réseaux sociaux

1 million de dollars par jour, pubs ciblées... Elon Musk joue son va-tout pour faire élire Donald Trump

placeholder video
Parfois à la frontière de la légalité, Elon Musk multiplie les initiatives pour tenter de faire élire Donald Trump le 5 novembre, notamment dans les États qui vont faire basculer le scrutin

"S'il perd, je suis foutu". Début octobre, dans une interview, Elon Musk a évoqué -en plaisantant- le scénario de la victoire de Kamala Harris, et surtout de la défaite de Donald Trump. Car depuis la tentative d'assassinat de l'ancien président américain, Elon Musk lui a officiellement apporté son soutien pour l'élection présidentielle du 5 novembre prochain.

En multipliant les fausses informations et les propos outranciers, Elon Musk est désormais plus clivant que jamais, avec de potentielles conséquences sur ses activités économiques. Comme le rappelle Politico, une élection de Trump pourrait être décisive pour Musk, dont les activités comme SpaceX et Tesla dépendent directement soit de la commande publique, soit des politiques publiques.

Pour tenter d'éviter l'arrivée de Kamala Harris au pouvoir, Elon Musk déploie des stratégies pour le moins radicales, voire inédites. Depuis quelques heures, il n'hésite pas à investir un million de dollars par jour pour financer une loterie destinée à convaincre les participants de voter Trump, mais aussi de diffuser des publicités aux propos totalement antagonistes.

Jeu concours et porte à porte

Le dernier exemple en date n'est autre qu'un jeu concours lancé par Elon Musk: un million de dollars, chaque jour jusqu'au scrutin du 5 novembre, promis à un électeur de l'un des sept États clés. Ceux qui sont susceptibles de faire basculer l'élection, qui se joue parfois à quelques dizaines de milliers de voix: Pennsylvanie, Georgie, Nevada, Arizona, Michigan, Wisconsin et Caroline du Nord.

Une opération plutôt habile: pour tenter de remporter le million de dollars, il est impératif de signer une pétition défendant le port d'arme, une idée susceptible d'attirer les électeurs aux idées compatibles avec celles de Donald Trump.

Mais pour être tiré au sort -et recevoir automatiquement un chèque de 47 dollars au passage-, il est impératif de renseigner son numéro de téléphone, ainsi que celui d'un "parrain", à savoir un électeur du même État, également attiré par les mêmes idées conservatrices. Il faut également accepter de recevoir un coup de téléphone des équipes de soutien de Donald Trump -payées par Elon Musk- pour vérifier son identité.

Pour 47 dollars, Elon Musk, qui a déjà investi plus de 75 millions de dollars dans la campagne de Trump, s'offre ainsi deux numéros de téléphone, correspondant à deux précieux électeurs potentiels dans les États clés, que ses centaines de salariés recrutés pour l'occasion sont ensuite chargés d'appeler pour mieux les convaincre de se rendre aux urnes. Une pratique qui pourrait s'apparenter à de l'achat de voix, et donc potentiellement illégale, aux yeux de certains experts.

Ciblage des électeurs juifs ou musulmans

Mais cette pétition est loin d'être le seul outil d'Elon Musk pour faire gagner Trump. Comme toutes les équipes de campagne, celle de Donald Trump multiplie la diffusion de publicités, notamment sur les réseaux sociaux. Et là encore, le patron de Tesla a mis la main au portefeuille.

Comme le rapporte le site spécialisé 404 Media, des publicités financées par Elon Musk visent directement Kamala Harris sur le réseau social Snapchat, dans deux des sept États clés. Le but: convaincre les électeurs de confession juive et les électeurs de confession musulmane de voter pour Donald Trump, en leur soumettant un message sur Kamala Harris… parfaitement contradictoire.

Grâce aux outils de localisation des cibles publicitaires offerts par Snapchat, l'équipe de Trump a pu diffuser un message dans des zones du Michigan où la communauté musulmane est importante: Kamala Harris est alors présentée comme une amie d'Israël, dans le but de stimuler une hostilité des électeurs -supposément en faveur de la cause palestinienne- à son égard.

Dans le même temps, toujours grâce à Snapchat, des électeurs de Pennsylvanie ont également été ciblés par le fonds d'Elon Musk. Cette fois, dans une zone où vit une forte communauté juive. La publicité diffusée est alors totalement différente: Kamala Harris y est présentée comme une alliée de la Palestine. Avec toujours le même objectif: créer de l'hostilité à l'égard de la candidate démocrate dans un État décisif.

Une efficacité encore à démontrer

En plus de sa fortune, Elon Musk, homme le plus riche au monde, peut évidemment compter sur son propre réseau social, X (ex-Twitter), racheté en 2022. Dans la biographie autorisée qui lui est dédiée, l'auteur Walter Isaacson rapportait dès cette période une volonté de racheter Twitter pour faire réélire Donald Trump en 2024, bien que le ton de la plaisanterie ait -une fois encore- été utilisé par Musk, lorsqu'il évoquait le projet à ses enfants.

Depuis son soutien à Donald Trump, Elon Musk fait office de caisse de résonance pour ses idées. D'abord en relayant les fausses informations que l'équipe de l'ancien président, par exemple concernant des immigrés qui auraient prétendument mangé des chats.

Plus récemment, Elon Musk a utilisé sa propre plateforme pour créer un nouveau compte pro-Trump, sobrement baptisé @America. Affublé d'une pastille jaune - destinée aux organisations privées, le compte est ainsi susceptible de gagner la confiance des internautes, pouvant légitimement penser qu'il s'agit d'un compte apolitique. Il est pourtant massivement utilisé par Musk pour relayer sa pétition pro-Trump depuis plusieurs jours.

Malgré l'investissement financier massif d'Elon Musk, l'efficacité de ces démarches reste à prouver. Selon l'agence Reuters, le porte à porte réalisé en faveur de Donald Trump dans les États clés, notamment grâce aux données récoltées par la pétition d'Elon Musk, peine pour l'heure à remplir ses objectifs.

En cause: un manque de données concernant les cibles à contacter. Impliquant une course contre la montre pour collecter de nouveaux numéros de téléphone, qui pourrait expliquer l'intensification des récompenses financières pour les électeurs potentiels, promises par Elon Musk - à commencer par la récompense d'un million de dollars par jour.

Par ailleurs, toutes les clés de l'élection présidentielle américaine ne se jouent pas sur Twitter. Malgré les millions de dollars fournis par Elon Musk, Donald Trump est bien loin de s'offrir autant de publicités que Kamala Harris sur Facebook.

D'après les chiffres de Meta, Facebook et Instagram ont ainsi vendu pour plus de 100 millions de dollars de publicités en faveur de Kamala Harris au cours des trois derniers mois, contre un peu plus d'une dizaine de millions de dollars du côté de Donald Trump.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co