A la recherche d'armes, le SWAT débarque chez une femme de 77 ans en se basant sur la localisation d'un iPhone

La femme a décidé de porter plainte contre la police de Denver, au Colorado.

Le 4 janvier dernier, Ruby Johnson, 77 ans, a reçu une visite traumatisante. Cette paisible retraitée installée à Montbello, près de Denver (Colorado) a accueilli bien malgré elle une troupe du SWAT, les forces d'intervention policière américaines, dans son domicile. Elle porte désormais plainte contre les autorités, rapporte NBC News à partir d'un communiqué de l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU).

A l'origine de cet accident, le zèle d'un enquêteur local, qui a lancé une intervention sur la base de la localisation d'un téléphone. La veille, le détective, Gary Staab, avait reçu l'appel d'un conducteur poids-lourd qui avait déclaré le vol d'un camion contenant des armes, dont un fusil d'assaut, ainsi que deux drones, 4000 dollars de cash et un "vieil iPhone 11". Un appareil traqué via l'application "Find My" par le conducteur, et qui avait renseigné deux fois comme localisation la propriété de Ruby Johnson.

La plainte déposée le 30 novembre dénonce le manque de recul du policier, qui n'a pas pris le temps de recouper cet indice avec d'autres observations préliminaires.

L'application "Find My" d'Apple utilise des informations provenant de réseaux cellulaires, Wi-Fi, GPS et Bluetooth pour déterminer l'emplacement approximatif des personnes et de leurs appareils. Cette application n'est pas conçue comme un outil d'application de la loi", souligne la plainte.

Selon des images récupérées auprès des autorités, le screenshot utilisé par le conducteur du camion montrait notamment six propriétés, comprises dans quatre pâtés de maison différents.

Poupée cassée et dommages psychologiques

La police de Denver défend son intervention, au titre des "six armes possiblement volées et qui auraient pu se trouver au domicile de Mme Johnson". Mais cette dernière va bien poursuivre le détective Staab à titre individuel.

La victime a en effet subi des dommages matériels et psychologiques: la plainte détaille comment elle a été forcée d'ouvrir, en tenue de nuit, avant d'être poussée dans un camion de police en attendant la fin des recherches à l'intérieur de sa maison.

La recherche infructueuse a pris fin quelques heures plus tard, mais ses répercussions ont été durables. L'invasion sans fondement du domicile et de la vie privée de Mme Johnson a causé à cette dernière un préjudice irréparable, y compris, mais sans s'y limiter, des dommages matériels non remboursés et une détresse émotionnelle grave" détaille la plainte.

La vieille dame a passé après cette assaut plusieurs mois loin de chez elle, vivant avec son fils. Dans la précipitation, une poupée offerte par ses enfants a notamment été détruite, et un bélier a défoncé sa porte de garage, après qu'elle avait pourtant demandé aux policiers de l'ouvrir avec ses clés. Les armes n'ont elles pas été retrouvées.

Valentin Grille