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Ces wagons avaient été abandonnés à la frontière biélorusse: Accor vous laisse visiter le mythique Orient-Express ce week-end (avant de le décliner en hôtel et voilier)

À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, les 20 et 21 septembre, la gare d’Austerlitz accueille un invité hors du commun: la rame historique du train Pullman Orient Express. Mais derrière cet événement patrimonial se cache une ambition bien plus vaste, celle de redonner à l’Orient-Express une place centrale dans l’univers du luxe international. Hôtels, voiliers, trains et expériences exclusives, la marque se réinvente.

Un parfum vintage flotte sur la gare d’Austerlitz. En effet, pour la première fois, le mythique train de l'Orient-Express ouvre ses portes au public à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine. Derrière ce décor intact des années 1920 se dessine pourtant un futur ambitieux. Accor, propriétaire de l'Orient-Express depuis 2017, entend faire renaître la marque en icône du luxe et du voyage, du rail à la mer, des palaces italiens aux croisières méditerranéennes.

Le charme d'un train mythique

Composée de sept voitures construites entre 1925 et 1929, dont quatre classées monuments historiques, la rame de l'Orient-Express, présentée en gare Austerlitz a été restaurée entre 2015 et 2019 par une vingtaine d’artisans d’art. Durant les Journées Européennes du Patrimoine les visiteurs pourront y déambuler et admirer les plafonniers, les appliques et lampes signés René Lalique, découvrir la voiture-bar ou trône un piano, se lover dans les oppulents fauteils, symboles d’un âge d’or où confort rimait avec sophistication. Un patrimoine précieux qui a bien failli disparaître.

Pullman Orient Express
Pullman Orient Express © Juliette Weiss

En effet, treize voitures avaient été découvertes en 2015, abandonnées à la frontière biélorusse, rongées par la rouille et la poussière. Leur renaissance témoigne autant d’un savoir-faire artisanal exceptionnel que de la volonté d’Accor de redonner vie à une légende.

La stratégie d’Accor: l'héritage comme levier

En effet, depuis son acquisition par Accor en 2017, l’Orient-Express n’est plus seulement une icône patrimoniale mais un projet de développement international. Sébastien Bazin, PDG du groupe et l’architecte Maxime d’Angeac, directeur artistique, orchestrent la résurrection de ce train culte, qui devrait reprendre la route en 2027. Le Musée des Arts Décoratifs de Paris lui consacrera même une grande exposition dès le mois d'octobre mettant en avant archives historiques et maquettes de ce futur convoi de luxe.

Pullman Orient Express
Pullman Orient Express © Juliette Weiss

Ce projet ferroviaire n’est pourtant qu’une pièce d’un puzzle bien plus vaste. Derrière ce renouveau, Accor a choisi de transformer l’Orient-Express en véritable marque de luxe globale. L’idée est claire: faire du voyage un véritable "art de vivre" avec des expériences complètes, entre rails, mer et hôtellerie de luxe.

Orient Express La Minerva
Orient Express La Minerva © Orient Express La Minerva

L’expansion se décline d’abord à terre puisque la ville de Rome accueille, depuis le printemps, l’hôtel La Minerva, premier établissement de la nouvelle ère Orient-Express. En avril 2026 c'est un palais vénitien qui ouvrira ses portes, l'Orient-Express Palazzo Donà Giovannelli. Un retour à l’hôtellerie qui n’est pas anodin puisque Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, avait déjà imaginé en 1894 une chaîne de palaces, comme un prolongement naturel du voyage ferroviaire. Sur les rails, le train La Dolce Vita Orient-Express circulera en Italie dès 2025, proposant une vision contemporaine de l’élégance, en amont du grand retour du train historique en 2027.

le voilier Orient Express Corinthian
le voilier Orient Express Corinthian © Orient Express Corinthian

Et désormais, la mer complète ce triptyque. Aux Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire se construit le Corinthian, plus grand voilier du monde avec ses 220 mètres de long et ses mâts de plus de 100 mètres de hauteur. Ce sublime navire embarquera dès l’été 2026 pour des croisières en Méditerranée puis dans les Caraïbes. Au programme?Cinq restaurants et 54 suites spectaculaires, certaines de 230 m², ont été confiés à l’imagination de Maxime d’Angeac, tandis que Yannick Alléno, chef fraçais triplement étoilé, prendra les commandes des cuisines.

Alliance Accor-LVMH et symbole de soft power

Un développement notable donc, rendu notamment possible grace à une alliance stratégique conclu en 2024, entre Accor et LVMH. En effet, le géant du luxe de Bernard Arnault a pris une participation dans Orient-Express et dans l’entité qui détient les voiliers en construction. L’objectif est clair: unir l’expertise hôtelière d’Accor et la puissance de marque de LVMH pour faire de l’Orient-Express une référence mondiale de l’art du voyage. Cette collaboration soulève néanmoins une subtilité. LVMH possède déjà, via sa filiale Belmond, le train Venice Simplon-Orient-Express, toujours en circulation entre Londres, Paris et Venise. Cette exploitation est distincte mais complémentaire du projet d’Accor, chacun contribuant à enrichir le mythe de l’Orient-Express avec ses propres déclinaisons.

Du Paris-Istanbul du XIXe siècle aux croisières du XXIe, de Mata Hari à la cuisine de Yannick Alléno, l’Orient-Express, immortalisé par Agatha Christie dans son "Crime de l'Orient-Express" est bien plus qu'un train historique. Restaurer des voitures classées, développer des circuits inédits, construire un voilier géant qui sillonera le monde, confier la cuisine à un chef étoilé... autant d’initiatives qui projettent l’image d’une excellence tricolore. La légende reprend la route, et cette fois, interdiction de louper le départ.

Juliette Weiss