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"Il se trompe de cible", "on ne va pas être contre": la proposition du RN sur le DPE divise le secteur

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Le Rassemblement national souhaiterait lever les interdictions liées au DPE. Une proposition qui divise les professionnels de l'immobilier, et ce pour différentes raisons.

Parmi les promesses de campagnes des candidats aux élections législatives, une fait couler beaucoup d'encre. En tout cas dans le monde de l'immobilier. Le Rassemblement national envisage de supprimer l'interdiction de louer les passoires thermiques. Lors d'un entretien sur France 2, Jordan Bardella, a annoncé: "Je vais, dans un premier temps, assouplir les réglementations sur les DPE. Aujourd'hui, les interdictions qui sont liées au diagnostic de performance énergétique, quand vous voulez mettre en vente votre logement ou le mettre en location, sont tellement compliquées que ça immobilise et ça paralyse tout le marché du logement". Et il a ajouté: "Je lèverai les interdictions liées au DPE".

Le JDD précise que le DPE serait maintenu comme outil de mesure. Il permettrait d'estimer les travaux de rénovation à réaliser, mais l'interdiction de louer, elle, serait abandonnée.

La place de l'immo : Législatives, les propositions immo - 20/06
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"Le délai est intenable"

Et certains professionnels comprennent largement cette position. Loïc Cantin, président de la Fnaim, s'agace: "On ne va pas être contre". Il s'explique: "Cela fait des mois que nous martelons le fait que le délai est intenable (…). La Fnaim est engagée dans la rénovation mais le calendrier est contraire à l'intérêt et à l'équilibre des marchés". Si pour lui, la rénovation est "incontournable, inéluctable", cette "marche forcée est contreproductive".

Selon Loïc Cantin, l'interdiction de louer des passoires thermiques est "une ambition démesurée" qui va frapper de plein fouet un secteur locatif qui subit déjà sa pire crise depuis 50 ans. Lui prône donc des incitations plutôt que des sanctions.

"Les bailleurs veulent rénover"

Son de cloche totalement différent pour Arnaud Hacquart, PDG d'Imodirect, agence immobilière en ligne dédiée à l’activité de recherche de locataires et de gestion locative. Selon lui, "Jordan Bardella se trompe de cible". Et il s'explique: "les bailleurs veulent rénover. Un logement G, ça ne va pas attirer les meilleurs dossiers. Et les bailleurs veulent avoir des bons locataires qui vont rester longtemps". Pour lui, la prise de conscience des propriétaires est là et "il y a des aides intéressantes quand on sait les utiliser". Donc le cœur du problème est le reste à charge.

"Les banques ne veulent pas s'engager. Il faut s'attaquer aux banques. Surtout qu'il y a des moyens de garantir les prêts car il y a les loyers". Et il insiste: "Les banques ne savent pas financer un service comme l'isolation".

Pour lui, le blocage est là et c'est pour cela qu'il n'y a pas encore suffisamment de rénovations et que donc des logements classés G risquent de sortir du marché de la location dans 6 mois. Il prône donc un assouplissement du calendrier mais surtout pas de lever les interdictions liées au DPE. D'autant plus que les rénovations "apportent du boulot pour des tas d'entreprises, de la TVA, une baisse des factures d'énergie, sans parler de l'écologie".

Un argument repris par Sylvain Lefevre, président de Synergiec, intermédiaire national en opération de banque, et en service de paiement dédié à la rénovation énergétique, comme nous vous l'expliquions dans un précédent article. "La rénovation représente 4 millions d'emplois directs et indirects, surtout dans les territoires". Ainsi, la proposition du RN "entraverait l'avenir économique de pas mal de monde". Il rappelle que le bâtiment est un secteur sinistré et que la rénovation est son dernier poumon. Stopper l'obligation de rénovation "serait extrêmement dangereux pour le bâtiment".

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco