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En Seine-Saint-Denis, les locaux de Bison Futé transformés en foyer de travailleurs migrants

Les ancien locaux de Bison Futé situés à Rosny-Sous-Bois et laissés vide depuis 2016.

Les ancien locaux de Bison Futé situés à Rosny-Sous-Bois et laissés vide depuis 2016. - BFM Paris IDF

Vide depuis plusieurs années, le bâtiment à l'abandon a été racheté par le bailleur social Batigère Habitats Solidaires.

Du camp de Bison Futé ne reste plus que le lettrage en façade "Centre national d'information routière", mangé par un lierre mort: en Seine-Saint-Denis, les locaux de celui qui murmurait dans l'autoradio des Français sont réhabilités en foyer de travailleurs migrants. De 1986 à 2016, l'information routière nationale était centralisée dans ce bâtiment paré de briques et de verre, 2.500m2 et deux étages, à l'architecture typique des années 1980, logé sur les hauteurs de Rosny-sous-Bois, à quelques kilomètres au nord de Paris.

Propriété de l'État, vide depuis plusieurs années, le bâtiment à l'abandon a été racheté par le bailleur social Batigère Habitats Solidaires pour organiser la fermeture du foyer de 300 travailleurs migrants situé juste de l'autre côté de la rue, vétuste et trop peuplé. "La condition était de créer deux entités distinctes pour ne plus récréer un phénomène communautaire difficilement gérable", explique Benoît Narcy, directeur des opérations immobilières, lors d'une visite du site organisée par le Conseil d'architecture et d'urbanisme de Seine-Saint-Denis.

Projet de 12 millions d'euros

À une résidence neuve de 170 logements livrée l'année dernière en contrebas du foyer existant viendront donc s'ajouter les locaux de Bison Futé, qui vont être convertis de bureaux en logements, en adaptant l'existant. Au milieu de la structure actuellement évidée, une vaste rotonde de béton brut n'est plus surplombée que par des poutres grises décorées de motifs géométriques. Le toit a été enlevé, laissant tomber la pluie à l'intérieur.

"On se trouve dans l'ancien coeur du bâtiment, qui était la salle de contrôle de Bison Futé. Il y avait des écrans, on voyait toutes les cartes de France. Tout autour il y avait des bureaux. Il y avait des stations de radio qui émettaient aussi, avec des studios juste ici", décrit Gabriel Couturier, de l'agence Canal Architecture, le maître d'oeuvre, en pataugeant dans les flaques.

Ce projet de 12 millions d'euros s'inscrit dans la tendance actuelle de l'architecture contemporaine à convertir l'existant plutôt qu'à démolir entièrement pour reconstruire. Un choix aussi motivé par des impératifs économiques et de délais. "Le sujet est de conserver un peu l'esprit que les architectes d'origine, Ludwik Peretz et Gilbert Delecourt, avaient projeté. On conserve au maximum le bâtiment, donc la grande façade côté nord" sur la rue, explique l'architecte Gabriel Couturier.

Gain de temps significatif

La structure du bâtiment va se voir renforcée d'une construction béton poteau-dalle de 500m2 pour permettre une surélévation du bâtiment. Grâce à cet ajout, deux étages de construction en bois vont venir se superposer au bâtiment actuel, qui doublera de surface pour passer à 5.200m2.

Sur les 170 logements prévus, la moitié environ proviendra de modules en bois de 17m2, chacun préfabriqué en atelier, qui vont être directement déposés dans le bâtiment par une grue. Une méthode qui permet de faire avancer le chantier à la fois sur le site et hors site, représentant un gain de temps significatif. Et permet de préparer les logements des travailleurs migrants dans les conditions plus saines de l'usine de production.

"Toutes les finitions intérieures sont réalisées en atelier. On met dedans la kitchenette, la salle de bain préfabriquée. On met la peinture, le revêtement de sol, tout ce qu'il faut. On ferme la porte et on met ça sur un camion", décrit Gabriel Couturier.

Une fois l'ex-Bison Futé réaménagé, le foyer historique de travailleurs sera détruit après la répartition de ses occupants entre les deux nouvelles résidences. Feu vert au déménagement attendu pour 2026.

D.L. avec AFP