L'immobilier s'envole, le FMI souhaite un "atterrissage"

L'immobilier français « surévalué », selon le FMI - Fotolia
Du côté de l’immobilier français, le premier rapport de l’ère Lagarde navigue entre deux eaux. Le document fait état d’un paradoxe, que la crise des « subprimes », en 2008, a révélé au grand jour. Jusque là, la hausse des prix des logements avait été plus forte que dans les autres pays industrialisés (+44 % par rapport à 2004, contre 37,5 % en Espagne, 27,5 % aux Etats-Unis, ou 7,2 % en Allemagne, par exemple). Le mouvement de baisse qui a suivi s’est pourtant révélé très limité, dans le temps (quatre trimestres, contre onze en Espagne et douze aux Etats-Unis) comme en ampleur (-10 % à peine). « La France a été l’un des premier pays développés à voir ses prix se redresser », rappelle le FMI. Dès la fin 2009, le marché repartait de plus belle, et en 2010, « les prix de l’immobilier ont augmenté de 8,5 %,, pour retrouver leur niveau d’avant crise », poursuit le rapport. Une moyenne qui « masque d’importantes disparités régionales », avec, on le sait, une hausse de près de 20 % à Paris.
L’exception française
Cette « exception française » s’explique de différentes manières. Les experts du FMI distinguent entre les « facteurs fondamentaux » de soutien du marché, et les « facteurs macroéconomiques ». Dans la première catégorie, on trouve le manque de logements disponibles dans les zones urbaines, conséquence du « manque de terrains constructibles […] et des barrières réglementaires à la construction ». Ce manque est d’autant plus patent que la demande de logements a tendance à progresser en même temps que la population. Côté « macroéconomique », le FMI met l’accent sur la faiblesse des taux d’emprunt et « certains dispositifs fiscaux » de type Scellier, qui ont encore soutenu la demande de logements. Sans oublier la valeur refuge de la pierre, exacerbée par « une plus grande aversion au risque des investisseurs après la crise financière ».
Les prix surévalués, la « prudence » des banques soulignée
Le fait qu’elle s’explique ne dit pas si cette hausse est tenable à long terme… Selon les estimations du Fonds, les prix de l’immobilier en France étaient « surévalués entre 10 et 25 % à la fin de l’année 2010 ». Une situation qui fait dire à l’institution internationale qu’« un atterrissage en douceur » serait souhaitable. L’hypothèse d’un repli plus marqué n’est pas retenue, le FMI jugeant que « les risques que représentent l’exubérance retrouvée du marché » sont compensés par la prudence du système bancaire français et la faiblesse de l’endettement des ménages. « Les prêts immobiliers ne représentent que 40 % du PIB français, note en outre le FMI. C’est moitié moins qu’au Royaume-Uni ou en Irlande, et plus bas que dans le reste de l’Europe ».
Retrouvez les prix de l'immobilier ville par ville !