Au Royaume-Uni, les promoteurs immobiliers sommés de changer les revêtements dangereux

L'incendie de la Grenfell Tower, à Londres. - Daniel LEAL-OLIVAS / AFP
Face à la détresse de milliers de propriétaires menacés de factures exorbitantes, le gouvernement britannique a sommé lundi les promoteurs immobiliers de payer le remplacement des revêtements dangereux en cause dans l'incendie meurtrier de la tour Grenfell à Londres en 2017.
Le revêtement posé sur cette tour située au coeur de Londres, composé de plaques de composite d'aluminium et polyéthylène (plastique), avait été mis en cause dans la virulence de l'incendie qui avait ravagé l'immeuble dans la nuit du 13 au 14 juin 2017, faisant 71 morts, ainsi qu'un bébé mort-né.
Depuis, les propriétaires de logements construits avec des matériaux similaires sont piégés dans des appartements dangereux et invendables, un scandale qui plombe le gouvernement du Premier ministre Boris Johnson.
"Les propriétaires innocents ne doivent pas porter le fardeau" financier de ces problèmes, a déclaré le ministre du Logement, Michael Gove, en présentant son plan aux députés lundi. "Je peux confirmer aujourd'hui à la Chambre qu'aucun propriétaire vivant dans un immeuble de plus de 11 mètres ne subira jamais aucun coût pour réparer des revêtements dangereux", a-t-il ajouté.
Ces propositions doivent remplacer celles présentées l'année dernière, qui mettaient les propriétaires de logements dans des bâtiments jusqu'à 18 mètres de hauteur à contribution pour ces travaux extrêmement coûteux et alimentaient la colère grandissante contre le pouvoir, via un système de prêts.
Un chantier à plus de 4 milliards de livres
Michael Gove a appelé les promoteurs immobiliers à assumer leurs responsabilités. "Les promoteurs immobiliers doivent réparer leurs propres bâtiments", a insisté le ministre. "Nous allons assurer que ceux qui ont tiré profit et continué de tirer profit de la vente de bâtiments et matériels de construction dangereux doivent assumer la pleine responsabilité de leurs actions et corriger le problème", a-t-il ajouté.
Selon le projet du gouvernement, les constructeurs devraient commencer à contribuer pour couvrir le "coût total impayé" de l'intervention sur ces revêtements dangereux, qu'il estime à 4 milliards de livres (4,8 milliards d'euros). Faute d'action de leur part d'ici début mars, ils s'exposeraient à des mesures de rétorsion de la part du gouvernement.
"Nous avons toujours été clairs: les habitants ne devraient pas supporter les coûts de défauts dont ils ne sont pas responsables. Les promoteurs, fournisseurs et propriétaires des bâtiments sont responsables et devraient payer", a réagi le secrétaire général du syndicat des pompiers, Matt Wrack.
Portes coupe-feu et balcons en bois
Il a toutefois déploré dans un communiqué que le plan du gouvernement ne concerne pas d'autres défauts de sécurité, comme des portes coupe-feu inopérantes ou des balcons en bois.
Le président de la fédération des constructeurs d'habitations (Home Builders Federation), Stewart Baseley, a, lui, estimé que si les propriétaires n'avaient pas à payer pour la réparation des revêtements, les constructeurs ne devaient pas être les seuls à en supporter la charge.