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Brumisateurs, canalisation... Comment va être protégée Notre-Dame de Paris?

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L'incendie de la cathédrale en avril 2019 a mis en évidence un dispositif d’alerte et des dispositifs anti-incendie défaillants.

Éviter à tout prix le même scénario catastrophe. Le 15 avril 2019, la France et le monde assistent médusés à l'incendie qui ravage Notre-Dame de Paris. Dès le début du chantier de reconstruction, les questions sur les moyens de protection se multiplient. A quelques jours de la réouverture de la cathédrale le 7 décembre, quels moyens ont été installés pour protéger l'édifice?

Un constat sévère

Selon l'enquête officielle, deux facteurs ont été déterminants dans la propagation rapide de l'incendie. D'abord, le dispositif d’alerte a été défaillant et a fait perdre de précieuses minutes qui auraient pu tout changer.

Ensuite, selon un article du New York Times, plusieurs éléments de sécurité incendie n’avaient pas été installés à proximité de la charpente pour des questions esthétiques. Ainsi, on ne trouvait ni extincteurs automatiques, ni murs coupe-feu dans les combles où a démarré l'incendie.

Un éventail de dispositifs

"La sécurité incendie fait évidemment l’objet d’une attention particulière", peut-on lire dans un rapport parlementaire de 2022 au sujet des travaux de reconstruction.

"Toutes les précautions ont été prises pour repenser totalement la protection incendie. On a tout repris de zéro", a indiqué de son côté Philippe Jost, qui dirige l'établissement public chargé du chantier de reconstruction.

A ce titre, plusieurs dispositifs ont été sélectionnés dès le début des travaux pour y être déployés dans et à proximité du monument.

En matière de protection:

  • Des caméras thermiques pour détecter de manière précoce tout point chaud invisible à l'oeil nu,
  • Des dispositifs coupe-feu dans les combles,
  • Des câbles électriques ignifugés capables de ralentir la propagation des incendies, et garantissent une faible émission de fumée. Ils remplacent l'ancien circuit électrique qui a été déposé,
  • Le poste de contrôle incendie installé dans le presbytère a été agrandi pour accueillir plusieurs gardiens.

Brumisateurs et canalisation

Pour contrer un départ d'incendie, un dispositif inédit de brumisation des poutres et de la flèche a été installé. Il s’agit d’un système de brouillard d’eau, qui diffuse, sous pression, de très fines gouttelettes afin d'étouffer le feu.

C'est la première fois qu'une telle technologie (que l'on trouve par exemple dans les datacenters) est installée dans une cathédrale. Il a nécessité l'installation d'un réseau de petits tuyaux en inox qui parcours la charpente.

Par ailleurs, un kilomètre de canalisation d'eau a été refait à une dizaine de mètres sous terre, dans les égouts du quai de la Corse. L'objectif est simple: permettre aux pompiers d'accéder à un débit important d'eau au pied de la cathédrale.

Ces travaux à 2 millions d'euros ont été menés par Pont-à-Mousson (Saint-Gobain) et vont permettre d'offrir un débit sans précédent de 600m3 d'eau de manière permanente grâce à cette canalisation de 30 centimètres de diamètre.

Lors de l'incendie, des pompiers s'étaient retrouvés à court d'eau dans certains endroits de l'édifice. Il avait fallu attendre qu'un bateau-pompe intervienne près de la Seine.

Enfin, une quinzaine de bouches d’incendie à proximité ont été remplacées. Elles sont deux fois plus grandes que les anciennes.

Sur les 848 millions de dons recueillis pour la reconstruction, 150 ont servi à la phase de déblaiement des décombres et de sécurisation préparatoire au lancement du chantier, lui-même d’un coût de 552 millions d’euros.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business