Pollution de l'Escaut: le procès du sucrier Tereos s'ouvre jeudi devant le tribunal de Lille

Plus de deux ans après les faits, l'industriel va devoir se défendre. Le procès de la sucrerie Tereos s'ouvre ce jeudi devant le tribunal judiciaire de Lille. La coopérative est jugée pour des faits remontant à avril 2020: la rupture d'une digue de son usine située à d'Escaudoeuvres (Nord).
Près de 100.000 m3 d'eau servant au lavage des betteraves avaient été déversées dans environ 80 km de canaux, jusque dans l’Escaut (un fleuve traversant la France, la Belgique et les Pays-Bas) après cette rupture.
La pollution avait asphyxié les milieux aquatiques, causant la mort de plusieurs dizaines de tonnes de poissons. En tout, l’Escaut avait perdu entre 80 et 90% de sa population piscicole.
Deux associations parties civiles
Cette très grave pollution organique sera jugée dès ce jeudi et pendant deux jours avec quarante-quatre victimes françaises et belges. Parmi elles, les Voies Navigables de France, la DREAL, la région Wallonne, ou les communes de Brunehaut et Tournai.
Deux associations (la Ligue de protection des oiseaux et l’association de protection des animaux sauvages) se sont aussi portées partie civile. Habituées aux procès, elles réclament 20.000€ de réparation du préjudice moral, et 20.000€ de réparation du préjudice écologique.
Selon leur avocate, maître Nina Potier, des effets ont encore été constatés dans l’Escaut lors de précédents relevés en septembre dernier. Certaines espèces de poisson ne se sont toujours pas réapparu.
L'entreprise va donc devoir répondre des faits de déversement "de substance nuisible dans les eaux souterraines, superficielles ou de la mer" et de "rejet en eau douce ou pisciculture de substance nuisible au poisson". Ces infractions sont passibles à jusqu'à deux ans de prison et 75.000 euros d'amende
Contactée par BFM Grand Lille, l'entreprise Tereos n'a pas souhaité s'exprimer avant la fin du procès.