Suez va prendre sa revanche sur Veolia

Combo des logos de Suez et Veolia, le 14 septembre 2020 - KENZO TRIBOUILLARD, ERIC PIERMONT © 2019 AFP
C’est une occasion que Suez ne peut pas laisser passer. Le groupe se prépare à racheter sa filiale britannique qu’il a vendue à Veolia en début d’année.
"On travaille à formuler une offre de rachat", explique plusieurs sources proches de Suez. Le groupe spécialisé dans l’eau et les déchets doit débourser 2,4 milliards d’euros pour s’aligner sur le prix que Veolia a convenu il y a un mois avec le fonds Macquarie.
Explications. Depuis le printemps, l’autorité de la concurrence britannique a laissé entendre qu’elle s’opposerait au rachat de la filiale de Suez pour des raisons de position dominante. Pour éviter un veto frontal, Veolia a signé un accord avec Macquarie pour lui revendre ces activités. Sauf que Suez dispose d’un "droit de refus" sur la revente de ses anciennes activités. Autrement dit, il peut récupérer sa filiale britannique à la condition qu’il s’aligne sur le même prix que le fonds australien. Suez a jusqu’au 22 septembre pour faire jouer ce droit et déposer son offre.
Augmentation de capital chez Suez
Veolia a eu beau jeu de fixer un montant très élevé pour écarter Suez ou les contraindre à payer cher. Très cher même puisque cette valorisation représente 17 fois les marges, un niveau rarement atteint pour des métiers de déchets. Mais l’opportunité est inespérée de remettre la main sur un des cinq grands pays que Veolia lui a raflés (Espagne, Chili, Etats-Unis, Australie, Royaume-Uni) et qui pèse 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Même chez Veolia, on s’attend à ce que Suez rachète sa filiale britannique.
La PDG de Suez, Sabrina Soussan, est "très motivée" selon plusieurs sources. Ses actionnaires français aussi. "Meridiam a un appétit très fort" nous explique une source proche du fonds qui détient 40% du capital. La Caisse des Dépôts, actionnaire à 20%, est aussi favorable à réaliser cette opération très stratégique pour Suez. Reste à savoir si le fonds américain GIP (40%) suivra.
Bataille entre Meridiam et GIP
Il "s’est laissé convaincre après avoir hésité" expliquent plusieurs sources dont l’une assure qu’il "ne s’opposera pas au rachat". Mais il ne s’est pas prononcé sur le montant qu’il serait prêt à mettre sur la table. Car pour débourser 2,4 milliards d’euros, Suez va devoir procéder à une augmentation de capital de l’ordre de 1,5 milliard d’euros. Si GIP n’est pas prêt à remettre à hauteur de sa quote-part de 40%, soit environ 600 millions d’euros, il sera dilué au capital et perdra du pouvoir.
C’est l’autre grand enjeu de cette opération: le fonds français "Meridiam rêve de prendre le contrôle de Suez", expliquent plusieurs sources proches de l’entreprise. A l’origine, ce devait être le cas dans le cadre de son accord avec Veolia en 2020. Mais à l’issue de son OPA, le groupe alors dirigé par Antoine Frérot avait consenti à faire une place au tour de table de Suez à son partenaire GIP, au même niveau que Meridiam. Le rachat des activités britanniques est aussi, pour lui, l’occasion de prendre sa revanche.