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Starbucks augmente ses salariés américains mais pas ceux qui sont syndiqués

Dans un café Starbucks à Moscou le 9 mars 2022

Dans un café Starbucks à Moscou le 9 mars 2022 - - © 2019 AFP

Le géant américain du café a promis une nouvelle augmentation pour ses salariés aux Etats-Unis mais son président rappelle que la loi l'empêche de faire la même promesses à ceux qui se sont récemment syndiqués.

Starbucks va une nouvelle fois augmenter les salaires de ses salariés américains. Après l'annonce en octobre dernier de deux augmentations prévues en 2022 pour faire passer le salaire horaire à 15 dollars minimum (plancher qui sera atteint cet été), le Pdg du groupe Howard Schultz a fait savoir qu'une troisième hausse était prévue en octobre.

Alors que l'inflation aux Etats-Unis a atteint en mars un niveau jamais vu depuis 1981, le géant mondial du café veut redonner du pouvoir d'achat à ses salariés qui subissent les hausses des prix à la consommation. Et aussi accessoirement couper l'herbe sous le pied des syndicats qui se forment chez Starbucks depuis quelques mois.

Ce relèvement plus ambitieux des rémunérations, couplé à un plan de transformation des succursales, va bénéficier d'une enveloppe supplémentaire de 200 millions de dollars, qui porte les dépenses dédiées en 2022 à un milliard de dollars.

La loi fédérale oblige à négocier

Pourtant, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, l'emblématique patron de Starbucks qui a repris en avril les rênes de la société a exclu les salariés syndiqués dans son annonce.

"Les partenaires recevront ces salaires" [...], a déclaré Howard Schultz avant de préciser: "Nous n'avons pas la même liberté d'apporter ces améliorations aux endroits qui ont un syndicat et où l'organisation syndicale est en cours."

Le patron de préciser que la loi fédérale "nous interdit de promettre de nouveaux salaires et avantages sociaux dans les magasins impliqués dans l'organisation syndicale."

Les relations collectives du travail sont en effet très encadrées aux Etats-Unis. Le National Labor Relations Act (NLRA) de 1935 oblige les employeurs à négocier avec un syndicat qui a été désigné comme représentant officiel des salariés. Dans ses entreprises, l'employeur ne peut décider unilatéralement même d'augmenter ses salariés.

Une réserve qui fait toutefois grincer des dents outre-Atlantique. L'information, si elle ne faisait que rappeler les textes en vigueur, a pu sonner comme un argument de plus pour dissuader les employés de Starbucks de s'organiser collectivement.

Car cette annonce intervient au moment où la compagnie de Seattle fait face à un vent de syndicalisation inédit dans son histoire. Au total, depuis fin 2021, des salariés de 250 cafés de la chaîne ont initié la formation d'un syndicat, selon le Starbucks Workers United, qui fédère le mouvement.

"Interférences extérieures"

Alors que 47 antennes syndicales ont déjà été créées à l'issue d'élections, la direction n'est pas très enthousiaste.

"Ces jeunes gens ont des préoccupations valables, a déclaré Howard Schultz. Ils voient ce mouvement naissant de syndicalisation comme une solution possible. Pour autant, nous avons une approche très différente et une vision beaucoup plus positive pour notre société, appuyée sur l'écoute, la communication et la collaboration."

"Nos valeurs ne sont pas et n'ont jamais été le résultat d'interférences provenant d'une entité extérieure" à l'entreprise, sous-entendant que l'aspiration syndicale n'avait pas été insufflée par des employés, mais par des personnes étrangères à la société.

Pour décourager les salariés à se syndiquer, la direction multiplie ainsi les annonces depuis quelques semaines. Après avoir promis plus de formations, le Pdg a indiqué que Starbucks prévoyait de mettre en place, en septembre, de nouvelles initiatives comme la possibilité de donner un pourboire lors d'une commande en ligne ou un système de partages des revenus, dont il n'a pas précisé le fonctionnement.

La direction a aussi promis des améliorations en matière d’équipement et de technologie, comme la mise à niveau des iPad en magasin et l’accélération du déploiement de nouveaux fours et machines à expresso.

Ce mardi, le géant américain du café à emporter a également publié ses résultats du premier trimestre 2022, avec un chiffre d'affaires de 7,6 milliards de dollars, conforme aux attentes et en hausse de 14% sur les trois premiers mois de l'année 2022, qui correspondent au deuxième trimestre de l'exercice comptable décalé du groupe.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco