Italie: pour Mario Draghi, la relance passe aussi par le tourisme

Le monde qui bouge, c'est le rendez-vous international de Good Morning Business, tous les matins, sur BFM Business. Benaouda Abdeddaïm décrypte les principaux enjeux économiques liés à l’actualité géopolitique. Il tient également une chronique sur BFMBusiness.com.
Même si Mario Draghi a insisté sur une notion de "tourisme durable et inclusif", exercice devenu obligé, le discours récurrent sur l’invasion touristique n'est plus à l'ordre du jour. Car ce secteur reste clé pour l'Italie. D’après l’OCDE, il contribuait au produit intérieur brut à hauteur de 13% avec les effets indirects et pesait 8,5% des emplois.
Maintenant que son plan de relance économique est acté, le chef du gouvernement italien serait ravi de recevoir les touristes dès la mi-mai. Il s’est exprimé à l’issue d’une réunion ministérielle spécifique du G20, une rencontre à Rome qu’il a qualifié de "symbolique".
Le grand quotidien milanais Corriere della Sera estime que "c’est plus qu’une invitation, cela semble une exhortation". "Réservez vos vacances en Italie, nous sommes impatients de vous accueillir". Le président du Conseil assure que le monde peut y voyager et se montre convaincu que le secteur en ressortira même plus fort qu’avant.
"Nous risquons d'être grillés"
Et l’ancien président de la Banque centrale européenne entend accélérer le pas. Un certificat sanitaire de l’Union européenne doit être instauré d’ici à la mi-juin, afin de faciliter les déplacements de toute personne vaccinée contre le Covid-19, ayant été testée négatif dans les 48 heures ou bien pouvant prouver qu’elle en est guérie. Lui, affirme qu’un certificat "vert" italien, de même nature, sera mis en place dès la seconde quinzaine de mai. Alors, il n’y aura plus de quarantaine à l’entrée.
Pour tirer bénéfice de ce temps d’avance supposé sur d’autres destinations européennes, Vittorio Messina, à la tête de la Fédération nationale du tourisme, appelle les pouvoirs publics à rendre les restrictions compatibles avec l’activité du secteur, en commençant par réviser le couvre-feu, sinon, "nous risquons d’être grillés" par les voisins européens.
Pouvoir en mouvement
Cette promotion déterminée du tourisme par Mario Draghi reflète une méthode politique. Le chef du gouvernement entend ainsi projeter tant auprès de ses concitoyens que de l’extérieur, l’image d’un pouvoir enfin en mouvement.
Cette projection qui aboutit à ce que le New York Times explique à présent que l’ex-président de la BCE fait de son pays "un acteur majeur en Europe". Le journal américain a même évoqué "une réputation presque messianique" pour faire de l’Italie "un acteur du continent, d’une manière sans précédent depuis des décennies".
La semaine dernière face au Parlement, le président Draghi a soutenu que le plan national de redressement et de résilience qu’il porte, "va changer le sort du pays". Un plan doté de 248 milliards d’euros, qui place la troisième économie de la zone euro comme premier bénéficiaire des financements de relance de l’Union européenne.
Devant les députés, il a voulu inscrire son action dans celle d’Alcide de Gasperi, le fondateur de la démocratie chrétienne qui a forgé la politique étrangère italienne d’après-guerre, et considéré comme l’un des pères de la construction européenne. Mario Draghi a cité ce que celui-ci écrivait en 1943: "L'œuvre de rénovation échouera, si des hommes désintéressés ne se lèvent pas dans toutes les catégories, dans tous les centres, prêts à travailler dur et à se sacrifier pour le bien commun".
Donc, une fois encore mardi, à cette occasion devant les ministres du Tourisme du G20, le chef du gouvernement italien a voulu signifier au monde que son pays n’est plus à la remorque de quiconque, que chaque domaine où excelle l'Italie sera à nouveau mis à profit.