Les liquides ioniques, futur incontournable des batteries
La technologie des liquides ioniques existe depuis les années 1970. Aujourd’hui, elle est particulièrement mise en avant. Pourquoi ?
C’est vrai qu’elle existait déjà à cette époque. Mais il existe des différences notables. Dans les années 1970, il s’agissait de produits notamment sensibles à l’humidité, et à leur environnement. Aujourd’hui, nous parvenons à des générations stables au niveau thermique et qui amènent des propriétés très intéressantes concernant les électrolytes pour le stockage d’énergie, autrement dit les liquides ou les matériaux qui permettent de conduire le courant dans les batteries. Les électrolytes à base de liquides ioniques sont non volatils (on ne peut donc pas les respirer) et ininflammables. C’est dans ce cadre, qu’il existe désormais un gros enjeu industriel pour créer des batteries plus sûres, plus performantes, et davantage respectueuses de l’environnement en répondant aux nouvelles exigences en termes de développement durable. C’est ce que nous faisons chez Solvionic.
Aujourd’hui se pose donc la question de l’industrialisation de la technologie à grande échelle…
L’investissement industriel dans le domaine doit prendre en compte la contrainte de performance dans la fabrication de ces produits qui inclut tant la question énergétique que celle de la production des déchets possibles qu’il est nécessaire de minimiser. Car il n’est pas concevable de proposer des produits à finalité plus écoresponsable si, dans le même temps, leurs procédés de fabrication vont à l’encontre des objectifs affichés en la matière.
En 2019, vous avez levé 4 millions d’euros auprès de différents fonds. A quelles fins ?
Au cours de l’année 2020, dans un contexte sanitaire et économique complexe, nous nous sommes principalement attachés à structurer la société. Nous avons doublé nos effectifs et nous sommes maintenant 23 personnes. D’autre part, un premier plan d’investissement d’une valeur de 3 millions d’euros est en train de se concrétiser avec, à la clé, de nouveaux locaux et la création d’une ligne pilote, pour laquelle nous avons obtenu une aide de l’Etat, via le Plan relance, ainsi que de la Région Occitanie. Cette ligne pilote aura la capacité de fabriquer 20 tonnes par an de liquides ioniques et nous permettra de valider le modèle d’usine à dimension au minimum européenne que nous entendons construire (a priori en France) et qui devrait être opérationnelle à l’horizon 2022/2023 et pour laquelle nous allons lancer un nouveau plan d’investissement. Il y aura donc probablement nécessité de procéder à une deuxième levée de fonds.
Quels secteurs vont concrètement faire appel à vos solutions ?
Les premiers secteurs dans lesquels on va retrouver assez rapidement nos batteries sont ceux de l’électronique, de l’aéronautique (drone et aviation), et ceux qui ont nécessité d’utiliser des batteries de conception ultraplates, comme dans le cas des objets connectés (Internet des objets).
Et en ce qui concerne les batteries destinées aux véhicules électriques qui vont constituer un marché très actif ?
Cela viendra dans un deuxième temps. On parle effectivement de volumes très importants. Nous avons prévu d’attaquer le marché de l’automobile autour de 2024 avec une nouvelle génération d’électrolyte solide. Pour l’ensemble de ces développements, sur tous les secteurs dont nous avons parlé, nous portons une forte ambition internationale (et d’abord européenne). Les marchés étrangers vont assurer la grande majorité de notre chiffre d’affaires. C’est, d’ailleurs, déjà le cas.
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