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« Les investisseurs sont à la recherche d’entreprises qui peuvent faire la preuve de leur rentabilité »

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[CONTENU PARTENAIRE] Alors que les marchés financiers traversent actuellement une phase importante de réajustement, les explications de Yassir Khalid et Jeremy Benamosi, respectivement Managing Director et Director de Torch Partners, banque d’affaires spécialisée dans les levées de fonds, les fusions-acquisitions et le private equity.

Quel regard portez-vous sur l’actuel état des marchés financiers ?

Jeremy Benamosi : L’ajustement des marchés que nous traversons actuellement était attendu avant même la crise ukrainienne. Celle-ci n’a fait que l’exacerber et l’accélérer.

Yassir Khalid : Le contexte économique n’est évidemment plus le même. S’agit-il d’un changement conjoncturel ou plus structurel ? L’opinion des investisseurs tend vers la deuxième possibilité avec une phase qui pourrait être assez longue. La correction actuelle fait suite à une situation où les marchés bénéficiaient de liquidités abondantes et de taux extrêmement bas. Tout cela associé à des comportements qui étaient de moins en moins rationnels. D’où le réajustement auquel nous assistons aujourd’hui, qui, en fin de compte, était nécessaire.

J.B : Ce à quoi nous assistons actuellement est donc la conséquence d’une rationalisation de la logique des investisseurs tant en bourse que dans le domaine du private equity. De nombreuses entreprises ont réussi à lever de l’argent alors qu’elle n’aurait pas dû pouvoir le faire, faute de répondre aux fondamentaux nécessaires. Cette époque est désormais révolue.

Dans ce contexte, comment doit procéder une entreprise qui souhaite lever des fonds ?

Y.K : Avant de procéder à une levée de fonds, il faut déjà faire preuve de prudence avec l’argent dont on dispose déjà. En effet, les délais s’allongent et l’incertitude de réalisation devient, en conséquence, plus grande. De plus, le phénomène dit de « flight to quality » est actuellement à l’œuvre. Jusqu’il y a un an et demi, une prime très forte était mise sur la croissance par les investisseurs, les marges ne les intéressant que fort peu. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les investisseurs préfèrent, désormais, les sociétés, même à croissance relativement plus faible, mais qui présentent des modèles plus rentables. Enfin, les entreprises doivent se montrer beaucoup plus précises dans le choix des processus à mettre en place. Ces derniers doivent être moins génériques et beaucoup plus adaptés à la situation de la société concernée, tout en ciblant mieux les investisseurs.

J.B : Il est clair que pour toutes ces raisons, il est devenu moins facile de lever des fonds. Le niveau de due diligence exercé par les investisseurs en amont s’est élevé de manière drastique. C’est pourquoi les entrepreneurs doivent se préparer très rigoureusement. Cette étape de préparation est clé. Chez Torch Partners, nous ne cessons pas de le répéter à nos clients. Il ne suffit pas d’espérer faire un deal pour parvenir à conclure ce dernier.

Qu’en est-il de l’importance des critères ESG ?

Y.K : L’ESG n’est plus un « simple critère ». Il s’agit d’une vague très profonde. Les entreprises doivent y faire particulièrement attention. Leur business models doivent être tournés vers l’impact. Si l’on parle d’infrastructures, les data centers vont beaucoup mieux se valoriser si l’énergie consommée est verte. De plus, nous constatons la montée du nombre de sociétés spécialisées dans les thématiques ESG (comme la décarbonation) au sein de notre portefeuille clients tandis que parallèlement, on assiste à une multiplication des fonds d’investissement spécifiquement dédiés à ce sujet. L’ESG est donc une réalité avec laquelle il faut compter.

Torch Partners est spécialisée dans l’accompagnement des entreprises technologiques, notamment les fintech. Comment expliquez-vous la multiplication de ces sociétés qui agissent dans un environnement très régulé ?

J.B : Les directives européennes, les changements de réglementation ont été des drivers qui ont aidé certaines entreprises à se construire. Exemple avec la DSP2. Elle a provoqué une ouverture de la donnée bancaire au niveau européen. Cela a eu pour conséquence la création d’un écosystème de fintech qui utilisent cette data, qui la monétisent ou qui l’utilisent pour lancer sur le marché de nouveaux produits autour des services financiers. Tout cela a donc donné naissance à une nouvelle verticale.

Vous êtes actifs en Afrique. Quelles opportunités offre ce continent ?

Y.K : Nous sommes actifs en Afrique, tant dans le domaine des fintech que sur d’autres secteurs. Mais sur ce continent, l’on ne procède pas de la même manière qu’en Europe ou qu’aux Etats-Unis. Les intervenants sont différents ainsi que les pays modèles. Pris individuellement, les pays présents sur ce continent présentent un risque macroéconomique supérieur. Y aller un peu naïvement n’est assurément pas un gage de succès. Pour autant, en matière de fintech, l’Afrique est un innovateur, notamment pour faire face à ses propres défis, dont la sous-bancarisation. Les modèles créés sont toutefois très différents de ceux que l’on trouve en Europe. Les investisseurs qui réussissent le mieux en Afrique sont ceux qui passent du temps sur le terrain et mettent en œuvre une approche panafricaine afin de procéder à une diversification des investissements.

Ce contenu a été réalisé avec SCRIBEO. La rédaction de BFMBUSINESS n'a pas participé à la réalisation de ce contenu.

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