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Quels impôts sur les classes moyennes pourraient baisser comme le souhaite Emmanuel Macron?

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Alors que la pression fiscale reste en France la plus élevée d'Europe (après le Danemark), le gouvernement prépare une nouvelle salve de baisses après celles du premier quinquennat.

Bientôt de nouvelles baisses d’impôt? Dans sa stratégie de reconquête de l’opinion après la séquence des retraites, Emmanuel Macron promet d’alléger la pression fiscale sur les classes moyennes. "Nous avons encore besoin de redonner de la crédibilité au travail": c’est comme ça que le chef de l’État a justifié son projet de nouvelle baisse d’impôt dans les colonnes du journal L’Opinion.

On est finalement toujours dans la même logique que la réforme des retraites : faire en sorte que la quantité de travail globale progresse dans le pays. Et après le "bâton" (le report de l’âge légal), voici la "carotte": les baisses d’impôt sur les classes moyennes.

Déjà une baisse objective de la fiscalité

Car pour reprendre les propos d’Emmanuel Macron "la fiscalité écrase les gains de pouvoir d'achat entre 1500 et 2500 euros. Je parle de ceux qui sont trop riches pour être aidés et pas assez riches pour bien vivre".

Le chef de l’État assure pourtant que les impôts ont déjà baissé de 52 milliards d’euros sur le précédent quinquennat. Si le mode de calcul pour obtenir ce résultat est critiqué, la fiscalité a objectivement baissé avec le recul à 11% (eu lieu de 14%) de la 2ème tranche d’impôt sur le revenu (5,4 milliards d'euros), la suppression de la taxe d’habitation (15 milliards d'euros), de la redevance télé ou encore avec la défiscalisation des heures supplémentaires.

Droits de succession ou impôts sur le revenu?

Mais comme le dit l’adage "morceau avalé n’a plus de goût" et il faut aller encore plus loin dans les baisses d’impôt, estime Emmanuel Macron.

D’autant que l’opinion publique a surtout l’impression que c’est sur les contribuables les plus aisés, ainsi que les entreprises, que la fiscalité a surtout baissé lors du précédent quinquennat avec la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière, la flat taxe sur les revenus du capital ou encore les baisses de taux d’impôt sur les sociétés.

Alors quels impôts pourraient subir un coup de rabot ces prochains mois? Pour le moment, mystère. Mais Bercy y travaille et rendra ses conclusions dans les prochaines semaines au chef de l’État. Les pistes envisagées: une nouvelle baisse des cotisations sociales pour avoir un salaire net plus proche du brut. Des baisses des droits de succession, piste envisagée par le ministre Gabriel Attal en avril dernier.

Ou bien encore un nouveau coup de pouce sur l’impôt sur le revenu avec le doublement de la demi-part fiscale au premier enfant. Alors que la natalité baisse dangereusement en France, ce coup de pouce fiscal aurait le mérite de faire d'une pierre deux coups: redonner du pouvoir d'achat en allégeant la pression fiscale et inciter les ménages à avoir des enfants. Cette piste semble pourtant pour le moment écartée du côté du ministère des Finances.

La pression fiscale reste forte

Si la fiscalité a baissé lors du dernier quinquennat, la France reste toutefois un des pays qui a encore la plus forte pression fiscale.

Le pays reste 2ème en Europe d’après l’OCDE. La part des recettes fiscales représente plus de 45% du PIB en France. Seul le Danemark a un taux plus élevé (47%). Mais l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne sans même parler de pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis ont des taux plus bas que la France.

Les recettes fiscales représentent plus de 45% du PIB en France.
Les recettes fiscales représentent plus de 45% du PIB en France. © BFMTV

Le ministre de l'Économie qui s'agace que la France soit régulièrement en tête de ce type de classement dévoilera ses propositions d'ici quelques semaines.

Dans le programme de stabilité du pays pour la période 2023/2027 transmis à la Commission européenne en début d'année, il n'est en revanche nulle part fait mention d'une baisse d'impôt sur les classes moyennes. Au contraire même, des mesures nouvelles sont prévues qui devraient entraîner un rendement d’environ 8 milliards d'euros en 2025. Ce qui n'est cependant pas incompatible avec des baisses d'impôts.

En 2022, le taux d'impôt sur les sociétés a atteint son plus bas niveau historique dans l'Hexagone (25%) et pourtant les recettes fiscales de cette taxe sur les bénéfices ont atteint 62 milliards d'euros, soit 3 milliards de plus qu'attendus.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco