Quasiment toutes les banques centrales du monde baissent leurs taux: pourquoi celle du Brésil vient de les augmenter pour la 7e fois

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva fait un signe shaka lors d'une visite au siège de l'Organisation internationale de police criminelle Interpol dans le cadre de sa visite d'État en France, à Lyon, dans l'est de la France, le 9 juin 2025. - AFP
Alors que la BCE, la Banque d'Angleterre et même la Fed américaine (jusqu'en décembre dernier) ont entamé une baisse des taux d'intérêt depuis la fin de la crise inflationniste, une grande banque centrale prend le chemin inverse.
La Banque centrale du Brésil a en effet relevé mercredi son taux directeur et ce pour la septième fois consécutive, à 15%, son plus haut niveau depuis près de vingt ans, malgré le ralentissement de l'inflation en mai.
Cette hausse de 0,25 point a été décidée à l'unanimité par les membres du Comité de politique monétaire de la Banque centrale (Copom), au grand dam du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, pour qui des taux élevés étouffent l'économie.
Près des deux tiers des spécialistes consultés par le quotidien économique Valor tablaient sur une interruption du cycle d'augmentations débuté en septembre et le maintien de ce taux intitulé Selic à 14,75%, même si les autres avaient prévu cette nouvelle hausse.
Encore 5,3% d'inflation
Le Copom a néanmoins poursuivi sa diminution du rythme des augmentations, après avoir relevé trois fois le taux d'un point, puis une fois de 0,5 point début mai.
"Pour assurer la convergence de l'inflation vers l'objectif, une politique monétaire à un niveau significativement contraignant est nécessaire dans la durée", a justifié le Copom dans un communiqué, laissant entendre toutefois que ce cycle de hausse pourrait être "interrompu" si la conjoncture évolue "selon les attentes".
L'inflation a donné de premiers signes de ralentissement en mai, à 5,32% sur un an, après trois accélérations consécutives, demeurant toutefois au-dessus de l'objectif fixé par le gouvernement et la Banque centrale, compris entre 1,5% et 4,5%.
L'augmentation du prix des aliments a fortement ralenti le mois dernier, à 0,17%, contre 0,82% en avril.
"L'inflation est contrôlée, le prix des aliments a chuté et je crois que la Banque centrale va bientôt commencer à abaisser les taux", avait affirmé Lula début juin.
En 2024, le Brésil a été frappé par plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes, notamment une sécheresse et des inondations historiques, qui ont affecté les récoltes et fait grimper les prix des aliments, de quoi plomber fortement la popularité du chef de l'Etat.
Rebond spectaculaire
Mais le pays a depuis enregistré une croissance de 1,4% au premier trimestre (2,9% sur un an), grâce notamment à un rebond spectaculaire du secteur agricole (+12,2%), à la faveur de récoltes exceptionnelles de soja et de maïs.
Cette vigueur de la première économie d'Amérique Latine a permis une forte baisse du chômage, à 6,6% sur la période allant de février à avril.
Les experts et les institutions financières interrogés dans le cadre de l'enquête Focus de la Banque centrale prévoient une inflation de 5,25% en 2025. Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a maintenu mercredi ses taux d'intérêts inchangés pour la quatrième fois de suite, entre 4,25% et 4,50%.
