Qu'est-ce que Bâle III, cet accord qui doit protéger les banques françaises d'une déroute?

Depuis la déroute de la banque helvétique Credit Suisse et son mariage forcé à plus de 3 milliards d'euros avec sa consoeur UBS pour la sauver, la France tente de rassurer les marchés notamment en brandissant le 'bouclier' Bâle III. Ainsi, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a affirmé lundi matin au micro de BFMTV que les banques hexagonales sont solides. Pourquoi? Parce que Bâle III.
"Nous avons imposé des règles extrêmement strictes aux banques françaises, ça s’appelle Bâle III,” a-t-il expliqué.
Les banques françaises ont même, selon lui, les règles les "plus strictes du monde."
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appuyé ses propos et rajouté que "Bâle III, en Europe, cela s'applique à 400 banques alors qu'aux Etats-Unis, c'est seulement 13 banques."
C’est en 2010 dans la ville suisse de Bâle sur les bords du Rhin qu’un accord international a été signé afin de renforcer la solidité du système bancaire et d'empêcher une nouvelle crise comme celle des subprimes.
L’accord s’appelle Bâle III, il suit logiquement Bâle I (1988) et Bâle II (2004) qui n’avaient pas suffi à éviter la crise financière de 2008 qui, à l'époque, a provoqué l’effondrement des bourses mondiales et a frappé l’économie: chômage, faillites, dégradation des finances publiques, dettes... Plus jamais ça, se sont dit les Etats. Ainsi naquit Bâle III.
Les grandes lignes de Bâle III
L’accord vient combler “un certain nombre de lacunes du cadre prudentiel qui existait avant la crise et pose les bases réglementaires d’un système bancaire résilient, à même de soutenir l’économie réelle,” explique le Comité de Bâle III constitué des superviseurs bancaires de 28 pays.
Grâce à Bâle III, les grandes banques sont désormais censées être plus résilientes et pouvoir s’adapter plus facilement à des conditions de marché défavorables. Les nouvelles règles forcent notamment ces établissements à renforcer le niveau et la qualité de leurs fonds propres qui sont essentiels pour faire face à des risques éventuels tels que des défauts de paiement ou encore des pertes de valeur de leurs actifs.
Leur ratio minimal de fonds propres dits 'durs', appelé Core Tier 1, a été relevé tandis qu’un ‘coussin de sécurité’ est institué pour que les banques puissent y puiser en cas de difficultés. À cela, les établissements doivent mettre de côté en période faste pour pouvoir, à l'inverse, puiser dans cette trésorerie en cas de récession.
En outre, de nouveaux ratios les obligent à détenir à tout moment suffisamment de liquidité tandis qu’un ratio de levier est introduit qui doit leur permettre de toujours pouvoir payer ce qu'elles doivent.
Le secteur bancaire est complexe, Bâle III l'est également. Pour résumer, si les banques sont attaquées demain, elles auront plus de soldats et une meilleure défense et donc, seront capables d'essuyer des pertes plus grandes et de mieux tenir face à l'ennemi.